mardi 29 septembre 2015

Une blague avortée

En sortant de ma consultation un policier quadragénaire me glisse, "moi je ne vous ai pas demandé d'arrêt!
- Tant mieux, car vous en auriez été de 40 euros de dessous-de-table,  en espèces.
-... (lui en baissant la voix), il vaut mieux que ça  reste entre nous.
- C'était une blague monsieur!"

Ces policiers, même pas le sens de l'humour, même dans la vie privée! Je tiens à rassurer tous mes patients: je ne prends pas 40 euros en plus pour un arrêt! D'ailleurs dans Stroumpfville cela se saurait tout de suite.

lundi 28 septembre 2015

Je ne touche pas de dessous de table

Un syndicaliste m'a fait la réflexion: " on s'attaque aux conséquences du problème et non à la cause. S'est-on déjà demandé pourquoi dans certaines entreprises on cumule les arrêts de travail et les burn-out?"
Je suis sûre que l'on se l'est demandé, mais il est plus facile de s'attaquer aux médecins. Pourtant nous ne touchons pas de dessous de table pour chaque arrêt que l'on donne. 

L'assistante sociale de la Sécu continue à travailler comme une folle grâce à moi! Tous mes arrêts chroniques prennent rendez-vous auprès d'elle, autant dire que je suis couverte! 

Et certains spécialistes veulent bien arrêter à ma place; on déplace le problème, ou plutôt on le trimbale, car quand je ne serai plus dans la visée de la Sécu je donnerai des coups de mains aux nouveaux malheureux épinglés. 


jeudi 24 septembre 2015

Une patiente qui a décidé de me provoquer: "bon, vous ne voulez pas m'arrêter la semaine, je vais aller contaminer toutes les collègues et dire que c'est de votre faute".

mercredi 23 septembre 2015

Salarier les médecins généralistes?

Ca y est, j'ai signé hier le papier me mettant sous MSAP ( mise sous accord préalable), apporté par un "dame de la Sécu". Il m'a dit en me quittant: " maintenant il faut que j'aille encore dans deux autres villages". Ca donne dans ma région.

Je serais tentée de faire une proposition de loi: dans mon idéal  à moi, il devrait y avoir deux sortes de médecins: 
1-les vrais libéraux non remboursés ( ou en secteur 3), libres de leurs mouvements, ne dépendant que du conseil de l'ordre des médecins, proposant éventuellement d'autres services comme l'homéopathie ou l'acupuncture. et

2- les salariés de la fonction publique rémunérés par les caisses de Sécurité Sociale, au nombre de patients et non au nombre d'actes;

Pourquoi?

- Déjà on nous salarie de façon déguisée, on reçoit de plus en plus d'argent des caisses pour des actions précises, même que ma comptable ne s'y retrouve plus,
- on nous punit si on sort des clous, que ce soit pour les génériques, ou la prescription de certains médicament, ou si on fait trop d'arrêts
- Je paie une comptable tellement c'est compliqué et fastidieux
-  je perds du temps à télétransmettre...

En gros, on a les contraintes d'un libéral et les contraintes d'un employé!
 Les médecins n'ont plus de libéraux que l'adjectif, ils doivent rendre des comptes régulièrement, ils commencent à être rémunérés pour leurs performances, les Sécus ont un droit de regard. La preuve, c'est qu'on m'a accusée de dilapider l'argent public avec mes arrêts de travail. Alors arrêtons l'hypocrisie, non? 
Mais si on s'arrête on est indemnisé au 91è jour. 
Arrêtons l'hypocrisie et osons changer les choses!

Je me prépare  dans l'avenir lointain à être une vraie libérale en tant que médecin de victime et c'est un bonheur d'avoir cet horizon-là. 
Mais le médecin de secteur 1 (23 euros), c'est le larbin de service, celui qui fait les arrêts quand l'hôpital ne veut pas les faire, celui qui se fait taper sur les doigts: c'est plus facile pour la Sécu de nous remettre dans le droit chemin qu'un hôpital.

Les médecins sont de moins en moins heureux au travail, je ne suis pas sûre que la Sécu soit non plus ravie de poursuivre les médecins délinquants statistiques "chic, on va casser du médecin" . On arrive à mon sens au bout du système. 

En continuant comme ça, la pénurie de médecins dans nos campagnes va s'intensifier.

Et j'avoue qu'être fonctionnarisée, ne pas payer la comptable, ne pas passer du temps avec la paperasse, rentrer peinarde chez moi, ne pas calculer ses impôts, ça me réjouirait.  



dimanche 20 septembre 2015

Du goudron et des plumes!

Un patient m'a quitté: "vous comprenez docteur, je ne peux plus me servir de mon genou et pour monter sur les échafaudages c'est difficile, alors il me faut ces arrêts. Avez-vous l'adresse d'un autre confrère?"

Mon compagnon suggère qu'on m'enveloppe de  goudron et des plumes et qu'on m'exhibe comme ça sur la place du village. 

Mais, pourquoi devrait-il s'arrêter au fait? Pour faire aussi tordu que le post d'avant, il retourne au travail, fait son possible et regarde les autres quand il ne peut pas faire autrement, et ça devient l'affaire du patron et on n'en parle plus. Pourquoi tout faire retomber sur la Sécu?
Je vais peut-être vulgaire, mais on n'a pas à éponger la merde. 

samedi 19 septembre 2015

Les patients en otage

Un patient en otage. L'histoire de Rachid Benabbou, 36 ans, c'est celle d'un combat pour sa santé face aux rouages imprévisibles du système. Au mois de mars, cet Avignonnais a eu la malchance d'avoir une crevaison. Au moment où il réparait sa roue, le cric a lâché. Rachid a reçu le poids de sa voiture sur sa main. Diagnostic à la clinique Saint-Roch de Cavaillon, où il a été transporté : fracture déplacée du 2e métacarpien associée à une lésion partielle du tendon de l'extenseur du 3e métacarpien et une fracture non déplacée du 4e métacarpien de la main droite. Broche sur le haut de la main et points de sutures à l'issue de l'opération.
Le chirurgien prescrit alors un arrêt de travail pour maladie de 2 mois à ce contrôleur qualité dans la métallurgie. En début de semaine dernière, ne parvenant toujours pas à ouvrir sa main complètement, Rachid Benabbou se rend donc chez son médecin traitant pour prolonger son arrêt maladie. C'est là que ses ennuis commencent. Dans la salle d'attente du cabinet de ce généraliste avignonnais, Rachid Benabbou comprend qu'il n'aura pas le document qu'il est venu chercher. Placardé sur la porte, ce petit mot du médecin : "Mes chers patients (...), je me vois dans l'obligation de ne plus prescrire d'arrêt maladie ni d'arrêt en accident du travail à partir de ce jour (le 5 janvier, ndlr.) pour une durée minimale de 6 mois. Tous mes arrêts seront pour la 3e fois contrôlés (par la CPAM, ndlr.) et je me refuse à vous faire subir une nouvelle fois cette infamie incompatible avec le fondement de la médecine (...). Je vous demande donc, et j'en suis profondément troublé, dans votre intérêt, de changer de médecin référent et de vous renseigner auprès du Dr Voisin (médecin-conseil chef de la CPAM, ndlr.)".

"Comme si j'avais 200 % de malus et que je cherchais à m'assurer"

"Mon médecin m'a expliqué qu'il avait subi des contrôles et qu'il ne pouvait pas me faire cet arrêt, raconte Rachid Benabbou, qui, prenant son généraliste au mot, se rend à la Caisse primaire d'Assurance-maladie. Là-bas, on lui explique que c'est bien à son médecin qu'incombe la rédaction de ce nouvel arrêt de travail. Il retourne alors le voir, mais son toubib refuse à nouveau de lui délivrer la prescription. Retour à la CPAM. Cette fois, une dame lui suggère de se rendre aux urgences. À l'hôpital, un urgentiste lui explique que c'est à la Maison médicale qu'il doit se rendre... Là, un médecin l'invite à lire une feuille collée au mur : "La Maison médicale ne délivre pas d'arrêt de travail".
Alors, Rachid Benabbou se tourne vers SOS médecins. Refus, à nouveau. Las, il finit par faire le tour de six médecins généralistes à Avignon qui lui répondent la même chose et ajoutent qu'ils soutiennent la démarche de son médecin traitant... "En fait, plaisante l'intéressé, c'est comme si j'avais 200 % de malus et que je cherchais à m'assurer". Sauf qu'après cette interminable tournée de cabinets médicaux, Rachid n'a toujours pas son arrêt de travail.
Après tous ces va-et-vient, ce père de famille a finalement reçu une convocation l'invitant à se présenter au Dr Voisin. Le jour J, jeudi dernier à 9h59, comme l'indiquait sa convocation, le médecin n'était pas présent. Il a été vu par une autre professionnelle, qui lui a répété bien comprendre ses difficultés -- "votre arrêt est justifié" --, mais qu'elle ne pouvait rien faire... En définitive, elle l'a invité à se rapprocher de la clinique Fontvert pour sa prescription, et lui a conseillé d'écrire au Conseil de l'Ordre pour expliquer sa situation, de faire une copie au directeur de la CPAM et au médecin-conseil. Détail d'importance : Rachid Benabbou, qui a la main droite fracturée ne peut pas écrire...
Sa broche doit lui être retirée début juillet. D'ici là, Rachid Benabbou espère avoir trouvé un généraliste pour prolonger son arrêt. Contactée, la CPAM s'en prend vivement à son médecin généraliste. Le Conseil de l'Ordre, lui, ne peut prendre aucune sanction. Et pendant ce temps, Rachid n'a toujours pas été prolongé en arrêt maladie. Quant au déficit de la Sécu...

"Un professionnel n'a pas à justifier un refus de soins"

Au Conseil départemental de l'Ordre des médecins de Vaucluse, on commente la situation de M. Benabbou avec prudence, le conseil ne disposant d'aucun pouvoir disciplinaire. "Il n'y a aucun article du code déontologique portant sur un refus d'un médecin à l'encontre d'un patient, explique le Dr Bernard Arbomont. Si un praticien estime que sa façon de travailler ne correspond plus à sa parentèle, il peut refuser un patient, sauf en cas d'urgence bien sûr. Et il n'a aucune explication à donner. Le patient peut porter plainte, et le médecin être placé sous contrôle de la CPAM, le Conseil de l'Ordre tentera une conciliation mais n'a pas à sanctionner. Cette plainte a donc toutes les chances de faire long feu, même si on peut ne pas apprécier l'attitude du confrère. En tous les cas, il était inutile d'orienter M. Benabbou vers les urgences et la Maison médicale qui ne délivrent pas d'arrêt de travail. Je conseillerai à ce monsieur de retourner voir le chirurgien qui l'a opéré et qui peut lui faire une prolongation".

"Ce médecin n'est pas interdit de prescrire"

La Caisse Primaire d'Assurance-maladie (CPAM) n'est pas en conflit avec le médecin traitant de M. Benabbou. C'est en tout cas ce qu'affirme Dominique Letocart, directeur de la caisse vauclusienne. "Ce médecin fait l'objet d'un ciblage national par la CNAM parce qu'il a prescrit trop d'arrêts de travail pour maladie. Il est classé dans une procédure MSAP, mise sous accord préalable : cela signifie qu'à chaque fois qu'il prescrit un arrêt de travail, le médecin doit le subordonner à l'avis de la CPAM". Selon le directeur de la CPAM, une cinquantaine de médecins sur 100 000 en France ont été ciblés et font l'objet de contrôles après avoir prescrit des arrêts maladie injustifiés. Trois d'entre eux exerceraient en Vaucluse, dont le médecin traitant de M. Benabbou. Sans parler de "quotas" de nombre d'arrêts de travail pour maladie prescrits par ces généralistes, il existe une moyenne sur laquelle se fonde la CPAM pour sanctionner certains praticiens dont elle estime le nombre d'arrêts de travail infondé. Serait pris en compte pour la calculer le nombre moyen de congés maladie et de journées d'arrêts prescrits dans chaque région. Les médecins jugés "trop prescripteurs" sont alors rappelés à l'ordre par la caisse. Ce qui, évidemment, n'est pas du goût de tous.
"Nous nous interrogeons sur le fait qu'un seul médecin (celui de M. Benabbou, ndlr.) capte autant d'arrêts de travail par rapport aux autres", explique M. Letocart, qui réfute en revanche le fait que la CPAM interdise à ce généraliste de prescrire des arrêts. "Il n'est pas interdit de prescrire, contrairement à ce qu'il écrit dans son cabinet. Quand il prescrit un arrêt de travail, il doit transmettre une copie à la CPAM dans le cadre de la MSAP. Le médecin de M. Benabbou dit que je le harcèle à tout son cabinet et me cite, ainsi que le Dr Voisin, c'est déplacé. J'aurais pu déposer une plainte pour diffamation depuis longtemps. La vérité, c'est que depuis trois ans, il y a des procédures, et à chaque fois la CPAM gagne. Je souhaite à ses patients qu'il ne leur arrive rien. Cela relèverait de sa responsabilité médicale..."

Georges Brassens (et le docteur Vincent) - La mauvaise réputation

Ça cancane abondamment dans le village: "vous avez vu le docteur Vincent? Elle est surveillée par la Sécu, non mais c'est dingue! Ce n'est pas au docteur Cravate que ça arriverait. Et puis de toute façon elle cot cot cot codec etc." A toutes ces bonnes gens je réponds:
Et si ça peut en dissuader quelques un qui voulaient encore un peu profiter du système, tant mieux. Ah vous étiez bien contents que je vous arrête quand votre médecin préféré était surchargé hein! Fini ce temps, les patients se débrouillent, mais surtout pas chez moi. Mais je suis sûre que certains auront le culot de venir voir si par hasard je ne démarre pas une petite dépression de façon à alimenter la rumeur. Pitié, ne jouez pas à ça, les épidémies arrivent et le fait de ne pas faire d'arrêts ne va pas me diminuer l'affluence, pas possible. Et encore autre chose: je n'ai pas subi cet article, je l'ai réclamé! La preuve, c'est que la photo du Parisien, c'est chez moi! Il n'y a pas du de viol de mon domicile (entre autre)

vendredi 18 septembre 2015

Un médecin épinglé, moi

J'ai un article dans le Parisien d'hier!


Prescription d’arrêts de travail : ce médecin est placé sous surveillance par la CPAM


Elle dit se sentir « droite dans ses bottes ». Pourtant, d’ici peu, le Dr xxx sera placée sous étroite surveillance. Coupable aux yeux de la CPAM d’un « délit statistique », ce médecin généraliste installé depuis 15 ans à xxx fait l’objet d’une mise sous procédure d’accord préalable.

Son tort ? Avoir prescrit trop d’arrêts de travail et par conséquent, trop d’indemnités journalières.
Si la généraliste d’xxx se défend d’être un médecin complaisant, les chiffres l’accablent néanmoins. En volume, et sur la seule année 2014, la caisse primaire d’assurance-maladie lui impute 11 370 indemnités journalières, soit trois fois plus que la moyenne régionale. Un chiffre qu’il convient toutefois de nuancer puisqu’avec 7 100 consultations annuelles, le médecin d’xxx reçoit 2 000 patients de plus que la moyenne de ces confrères picards.
« On me reproche un petit abus. Mais un abus loin d’être exagéré. Quand un patient vient me voir un peu déprimé, c’est vrai que je préfère lui prescrire davantage un arrêt que du Prozac, concède le médecin connue la méfiance qu’elle nourrit vis-à-vis des antidépresseurs. C’est avant tout une conception de la médecine et je le répète, j’ai la conscience parfaitement tranquille… »
Tellement tranquille que le Dr xxx a elle-même choisi la mise sous procédure d’accord préalable alors qu’une autre option, moins contraignante, lui était proposée. « J’aurai pu opter pour une mise sous objectif qui vise une réduction du nombre des prescriptions de l’ordre de 12 %, détaille-t-elle. Seulement, accepter cette procédure c’est reconnaître, de facto, le principe d’une surprescription. Or ce n’est pas du tout ce que je fais. Toutes mes prescriptions, sans exception, sont justifiées. »
C’est précisément ce que compte vérifier la CPAM. D’ici quelques jours, chaque arrêt de travail délivré par xxx nécessitera l’aval du service médical de la CPAM. Car depuis 2004 et la réforme de la sécurité sociale, l’organisme dispose en effet d’un arsenal juridique plus étoffé pour traquer d’une part les assurés peu scrupuleux, d’autre part les médecins soupçonnés d’une trop grande bienveillance au moment de rédiger leur ordonnance.
« J’accepte la procédure mais je ne travaille plus sereinement, regrette la praticienne. Je m’interdis par exemple de faire des arrêts trop longs. Bref, j’ai le sentiment de faire n’importe quoi, de ne plus être médecin mais comptable. » Un argumentaire que les cadres de la CPAM semblent connaître par cœur.
« Un médecin, quand il prescrit, engage des finances publiques, insiste le directeur de la CPAM de l’Oise, Marc-André Azam. Il est donc légitime d’exercer un droit de regard sur les prescriptions. On s’est intéressés à ce médecin parce que ses prescriptions sortaient de l’ordinaire mais elle n’est pas la seule. Chaque année, environ 10 médecins sur les 600 que compte le département sont concernés par ce type de procédure. »
150 371 126 € d’indemnités journalières versées en 2014
>Au lendemain de la réforme de la sécurité sociale, en 2004, une grande chasse au gaspillage a été lancée. Une traque sanctionnée d’un succès tout relatif. « Il y a eu, à l’époque un léger tassement du nombre d’indemnités journalières (IJ) délivrées mais la tendance est depuis repartie à la hausse, reconnaît Marc-André Azam, le directeur de la CPAM de l’Oise. Sur les trois dernières années, l’augmentation est de l’ordre de 5 ou 6 % ». En 2014, la CPAM de l’Oise a ainsi versé 150 371 126 € d’indemnités journalières contre 135 719 173 € en 2010 et 120 104 536 € en 2007. Et la tendance se confirme en 2015 puisque selon les prévisions, le montant total des IJ devrait encore grimper de 4,2 %
http://www.leparisien.fr/andeville-60570/prescription-d-arrets-de-travail-ce-medecin-est-place-sous-surveillance-par-la-cpam-16-09-2015-5098271.php#xtref=https%3A%2F%2Fwww.google.fr%2F



Voilà, ce journaliste a été totalement impartial, un bel article.

Je vais insister sur une chose: "j’ai le sentiment de faire n’importe quoi, de ne plus être médecin mais comptable. » Un argumentaire que les cadres de la CPAM semblent connaître par cœur".
Implicitement cela veut dire que nous ne sommes plus des libéraux. La médecine libérale est morte, ceci avant même que je commence mes études, mais on ne s'en rendait pas compte. Nier cela et appartenir à un syndicat qui prône la liberté des médecins est se raccrocher aux branches d'un arbre foudroyé.  










On a échappé à la Ritaline

J'ai ( avec la maman) évité la Ritaline à son fils: ce gamin de 8 ans est effectivement très actif, surdoué et comme il répond du tac au tac à la maitresse, il se l'est mis à dos. Bref, le genre de terreur que les maitresses ont du mal à gérer.

La maitresse, l'assistante sociale, la psychologue on insisté pour qu'il prenne ce médicament à fin de "rentrer dans le droit chemin", malgré des effets secondaires possibles importants. La maman a préféré des oméga 3, de l'homéopathie et surtout le changer d'école, où il s'est refait si l'on peut dire "une virginité"
Et tout va bien.

Il ne faut surtout pas étiqueter trop vite, la ritaline peut causer un retard de croissance, insomnies, céphalées, palpitations avec effets cardiaques possibles à long terme.

Les omégas 3, le sport, le magnésium, l'amélioration des facteurs environnementaux sont tellement plus efficaces.

mercredi 16 septembre 2015

C'est la fête à tous les professionnels de santé

A leur tour c'est la fête aux kinés et aux infirmiers   . Il faut bien que tout le monde profite des attentions intenses  de la Sécurité Sociale.

L'infirmière de mon village avait été il y a dix ans épinglée pour son nombre d'acte: elle était seule à 5 km à la ronde et travaillait comme une forcenée, y compris le week-end. Il faut savoir que, dés qu'il y a un message sur le répondeur d'une infirmière, dés qu'elle reçoit un appel, elle doit se déplacer. 
Et elle  a dû payer, ainsi que d'autres infirmières libérales qui officiaient dans de petits villages toutes seules, environ 7000 euros.

L'assistante sociale de la Sécu continue d'être choquée par mes propos aux patients, ça l'occupe. Ce n'est pas elle qui va payer une amende.



lundi 14 septembre 2015

Le grand patron est schizophrène

C'est le désarroi au service des assistantes sociales de la Sécu:

J'en ai contacté une car elle avait écrit à un de mes patients que je devais faire moi-même la demande d'invalidité au vu de son état. Renseignements pris, ce n'est pas au généraliste de faire des demandes comme ça, c'est à l'assuré de formuler sa requête genre: " madame, je voudrais gagner moins d'argent, alors finissez avec mes arrêts, mettez-moi en invalidité".
J'vous jure, c'est pas des blagues.

Retournons à nos moutons; j'ai l'assistante sociale au bout du fil:
"Bonjour madame, je suppose que vous savez que je ne peux plus arrêter les patients comme ça.
- Oui, je l'ai compris, ils sont désarçonnés après ce que vous leur dites.
- Et moi, je ne suis pas désarçonnée peut-être? J'encours des sanctions financière si j'arrête trop.
- Oui, mais au service médical nous n'avons pas de problème avec vos arrêts. Il faut savoir que la Sécu est divisée en un service médical, et un administratif, ce n'est pas pareil.
- Pour moi si, je vais passer sous mise sous accord préalable".

Tout le monde a compris que mon Grand Patron est totalement schizophrène: d'un côté on me caresse dans le sens du poil, de l'autre on m'accuse de coûter cher à la Sécu.

Et on va arriver à des situations comme celle-là: une relation s'est fracturé la jambe. Elle a eu un peu de mal à s'en remettre. Le médecin au bout de trois mois a refusé de poursuivre l'arrêt. Le médecin du travail lui a téléphoné pour le faire plier, et lui dire ce qu'il pensait de ses manières, le médecin a refusé!!!

Et ce sont les patients qui vont en pâtir. En attendant ce sont les médecins.

Et l'assistante sociale va multiplier ses heures de travail grâce à moi.



jeudi 10 septembre 2015

camisole chimique

Dans le premier blog, ma première préoccupation était que les patients ne soient pas abrutis par les médicaments. Puis le temps a passé, cette préoccupation est toujours au premier plan dans mes pensées, même si c'est rigolo de faire un peu mumuse avec les soucis de Sécurité Sociale et d'arrêts de travail. 

Un de mes patients est attardé mentalement, c'est congénital. Le souci c'est qu'il approche la trentaine et certaines fonctions de base sont intactes. Je suis sûre que son rêve serait d'être avec une jeune femme mignonne avec laquelle il pourrait s'épanouir sexuellement. Mais c'est difficile et le centre qui l'accueille voit d'un très mauvais œil tout ce qui peut rappeler le sexe.
A plusieurs reprises il a eu un geste un peu déplacé et j'ai réussi à contenir ses ardeurs avec de l'homéopathie. Cela a marché un an. Quelques gestes plus tard, le psy a pris la relève et l'a passé au Tercian ( neuroleptique). Ça a eu son effet quelques mois, le patient était plus calme et endormi. Et les hormones sexuelles se sont encore réveillées et il a touché les seins d'une éducatrice: cette fois-ci c'est du neuleptil (neuroleptique) qui lui a été prescrit avec mise à pied de 8 jours!
Le lendemain de sa première prise du neuleptil, il n'avait pas dormi depuis plus de 24 heures, il errait dans toute la maison, incapable de s'asseoir, de manger, le pas lent, les yeux fixes. 
Je ne le reconnaissais pas. Tout ça pour une libido normale pour son âge inadéquate avec son mental. J'ai fait un arrêt d'un mois pour calmer le jeu ( non, ce n'est pas un arrêt de travail)

Les anti-hormones seraient tout à fait indiquées, mais elles sont réservées aux pédophiles, avec accord du juge. 

Je rêve toujours d'une nouvelle médecine, plus respectueuse de l'être humain. 

lundi 7 septembre 2015

Viagra féminin

En se levant de sa chaise, à  la fin de la consultation, une sexagénaire me glisse: " Que pensez vous de ... peut-être que je pourrais tenter la pilule des femmes... heu...
- Vous voulez dire la pilule du désir féminin?
- Grosse cochonnerie, c'est un antidépresseur déguisé. Vous aurez plus d'effets secondaires que de bénéfice. Donnez moi votre ordonnance, j'ai quelque chose qui va vous rendre toute guillerette".
Et je rajoute Ginseng et Kola  en teinture mère , qui favorisent la mise en forme, physique, psychique et sexuelle. Au moins pas d'effets secondaires.

En ce qui concerne l'autre cochonnerie, le flibansérine, les effets secondaires sont ceux des antidépresseurs IRS, en plus il est peu actif sur la dépression, ils ont alors  inventé une indication pour écouler leurs stocks.   Il ne faut pas confondre avec du pain perdu, ça ne se recycle pas.

Je sens le prochain scandale...

Fonctionnaire de la Sécu

Maintenant j'ai parfaitement compris mon poste: je suis fonctionnaire de la Sécu à  salaire variable, une notion intéressante et assez bâtarde non inscrite dans le code du travail. Mais on n'en est plus à une incohérence près en France. 

En conséquence je dois faire ce qu'ils me disent, même si une demi douzaine de patients ce matin a été choquée par mes refus d'arrêts de travail " vous allez chez le spécialiste, il vous arrêtera".
Cela a compris: un cancer du rectum, une embolie pulmonaire, une luxation du coude, une entorse de cheville, une femme enceinte nauséeuse,  un diabétique grave qui doit se faire opérer pour maigrir, un patient qui doit se faire opérer d'un kyste à la main demain.  Tout ce beau monde " circulez, et plus vite que ça", un vrai  agent de la circulation. 

Beaucoup pour une matinée. Le travail ne me fait plus rigoler.


dimanche 6 septembre 2015

Au revoir confrère

Un médecin qui dévisse:

Dans l’indifférence générale, la surveillance et le harcèlement ont déjà commencé : la CPAM convoque et accuse ceux qui font statistiquement trop d’arrêts. Sans se pencher sur la question de savoir pourquoi les patients ont besoin de ces arrêts. Sans se demander si ce patient, à qui on aura refusé un arrêt car on en a déjà fait trop, ira se pendre dans le bois. Sans se demander quel retentissement a sur ces médecins le fait d’être accusé, alors qu’ils essaient de soigner. Et bien sûr, c'est pas ceux qui abusent que ça touche. Parce que ceux qui ont l'arrêt facile ont bien compris que, comme c'est que des stats, ben il suffit de côter plus de consultations, des consultations de 2 minutes pour recopier une ordonnance, des fausses consultations quand il y a plusieurs personnes sur la carte CMU, ben oui plus on fait de consult, plus on diminue son nombre de jours d'arrêt de travail prescrits / nombre de consultations. Moi c'est la nana de la caisse qui me l'avait expliqué. Au lieu de faire des arrêts de 2 mois à mes cancéreux, si je les revoyais 4 fois pour 4 arrêts de 15 jours, c'était plus malin. Bref.   Blog de fluorette

Je pense que tout le monde a bien compris que nous ne touchons pas de pots de vin quand on fait un arrêt de travail.

samedi 5 septembre 2015

Les buts de la Sécurité Sociale

Cette histoire de Sécurité Sociale avait pourtant bien commencé: elle a été construite à la fin de la guerre sur ces bases:

Exposé des motifs de l’ordonnance du 4 octobre 1945 (extraits)
" La sécurité sociale est la garantie donnée à chacun qu’en toutes circonstances il disposera des moyens nécessaires pour assurer sa subsistance et celle de sa famille dans des conditions décentes. Trouvant sa justification dans un souci élémentaire de justice sociale, elle répond à la préoccupation de débarrasser les travailleurs de l’incertitude du lendemain, de cette incertitude constante qui crée chez eux un sentiment d’infériorité et qui est la base réelle et profonde de la distinction des classes entre les possédants sûrs d’eux-mêmes et de leur avenir et les travailleurs sur qui pèse, à tout moment, la menace de la misère. "
" Envisagée sous cet angle, la sécurité sociale appelle l’aménagement d’une vaste organisation nationale d’entraide obligatoire qui ne peut atteindre sa pleine efficacité que si elle présente un caractère de très grande généralité à la fois quant aux personnes qu’elle englobe et quant aux risques qu’elle couvre. Le but final à atteindre est la réalisation d’un plan qui couvre l’ensemble de la population du pays contre l’ensemble des facteurs d’insécurité ; un tel résultat ne s’obtiendra qu’au prix de longues années d’efforts persévérants, mais ce qu’il est possible de faire aujourd’hui, c’est d’organiser le cadre dans lequel se réalisera progressivement ce plan. "
Sympa non? Mais complètement utopique. Il faut repenser notre société, notre système de Sécurité Sociale, car la société a profondément changé, il y a des RSA professionnels qui ne savent plus sortir de leur statut d'assisté car le travail est devenu tellement rare. 
Mais je n'ai que 3% de CMU, 97% de patients qui paient leur consultation, à qui le travail pèse parfois et que je dois arrêter. je devrais peut-être me débrouiller pour avoir plus de CMU, cela baisserait ma statistique d'arrêt de travail et coûterait moins cher à la Sécu. 




vendredi 4 septembre 2015

Indila - Mini World


Entracte

Arrêt accepté!

Une de mes patientes a été contrôlé pour son arrêt de travail. Il s'agit d'une situation au travail devenue insupportable.
Le médecin contrôle: " Vous ne prenez que de l'Atarax?
- Oui, je veux garder les idées claires pour me battre et m'occuper de ma famille". 
Il lui a validé son arrêt!  Ouf! 

Mais l'Atarax, la plupart du temps elle se contente de le ranger dans le placard; elle a vraiment besoin de ses neurones pour trouver la meilleure solution, entre porter plainte, licenciement pour inaptitude, ou licenciement à l'amiable, contacter le médecin du travail, l'inspection du travail etc. 
On n'a pas besoin de produits chimiques en plus. 

Mais j'ai bien compris que mon patron à moi c'est la Sécu.

mercredi 2 septembre 2015

Incohérences

Le mari d'une patiente s'est fait arrêter pour fatigue soudaine; effectivement l'ouverture de la chasse en Sologne n'attend pas. Comme les festivités se poursuivaient, il a dépêché son épouse pour qu'elle vienne chercher une prolongation d'une semaine! 

Et pendant ce temps une malheureuse femme enceinte de 5 mois vient chercher un arrêt de travail car dans sa boite on lui refuse un travail de jour. De plus son médecin du travail ne peut la voir qu'en fin septembre. En attendant:  "vous irez chercher un arrêt de travail chez votre médecin". 
Je lui ai accordé 14 jours en lui enjoignant de voir son médecin du travail plus tôt. Elle est sortie pratiquement en pleurant. 

Fichu travail, on va finir par m'en dégoutter.

Nous sommes seuls

Aujourd'hui j'ai eu une longue conversation avec le médecin-chef de la Sécu, au sujet évidemment des arrêts de travail.
Comment puis-je me faire aider au sujet de certains patients, qui mériteraient d'être mis en invalidité, ou qui sont malade 10 fois par an? La Sécu pouvait-elle convoquer les assurés malades pour prendre une décision?

Il paraît qu'en me mettant sous accord préalable, je suis seule avec ma mouise, aucun médecin ne m'est dédié, je m'arrange toute seule!  J'ai quand même un numéro d'urgence mais utilisation exceptionnelle.

Vraiment, tout est fait pour dégoutter les libéraux... qui n'en sont plus, même si la grande majorité ne l'a pas encore parfaitement compris.

mardi 1 septembre 2015

Frustrée

Cette journée s'est passée sous le signe de la frustration: quelques patients sont arrivés avec un diagnostic incertain, que j'aurais eu du plaisir à découvrir, mais les pathologies nécessitaient un arrêt de travail. Alors j'ai déclaré à ces pauvres malheureux " je vous arrête trois jours, le temps de faire vos examens et de revoir votre médecin traitant qui prolongera éventuellement votre arrêt". 

Mon compagnon est sûr que cela va diminuer le nombre de consultations de façon drastique. Mais c'est comme ça et une nouvelle expertise se profile. Merci la Sécu de me pousser aussi efficacement vers la sortie!


Une victime!

Ça y est, j'ai reçu la lettre recommandée de la Sécu qui me donne le choix entre mise sous objectif (moins 12.9 % d'arrêt de travail en quelques mois) et la mise sous accord préalable de chaque patient arrêté.
J'ai choisi la deuxième solution.

J'ai une autre victime! Très dommage pour lui, la seule chose qui lui a mis un peu de baume au cœur, c'est qu'il va être indemnisé correctement. Et comme je l'ai vu une semaine après son accident, je lui ai recommandé de tout scanner, de garder des traces écrites de tout, y compris toutes les consultations, le kiné, les prescriptions etc; de tout conserver dans une pochette.

J'ai conseillé aussi de contacter la CIVI, la commission d'indemnisation des victimes d'infractions car un gros malotru est en cause, en plus du tribunal.