Une expertise très éprouvante hier; une victime avait eu un accident de voiture avec des douleurs résiduelles importantes au rachis lombaire. Malheureusement il avait eu peu de temps avant l'accident des douleurs au même endroit, mais moins importantes.
A la première expertise, il n'a été retenu aucun préjudice, d'autant plus que l'IRM était normale avant et après l'accident. En d'autres termes AIPP égale à 0! ( atteinte à l'intégrité physique et psychique)
Il est allé en contre-expertise accompagné par moi. L'expertise a été houleuse, la victime ne comprenant pas pourquoi ses douleurs n'étaient pas reconnues comme telles. A un certain moment l'expert s'est tourné vers moi, l'air de dire "confrère, vous calmez votre client", ce que j'ai fait avec du mal.
Mais ce qui a mis l'expert en rogne est quand la victime a dit "mais monsieur, soyez sympa!" "Je n'ai pas à être sympa", a-t-il dit "je suis l'expert et impartial".
Et on est passé à l'examen clinique: malgré ses douleurs, la victime avait tous ses réflexes et une force musculaire relativement convenable. c'est vrai qu'il y avait ses douleurs...
Le verdict de l'expert: "Ce n'est pas imputable", en d'autres termes "circulez y'a rien à voir".
Et il n'avait pas complètement tort; j'ai pourtant réussi à lui soutirer quelques pourcentages pour le stress subi et c'est tout.
Et c'est toute la difficulté de l'expertise, en quoi elle diffère de la médecine générale. En expertise on calcule les handicaps, les déficits et les douleurs associées, mais quand il n'y a pas de déficit? La victime peut aller se rhabiller et se soigner ses douleurs, et basta.
C'est dur. La douleur est peut-être souvent psycho-somatique, n'empêche que bien évidemment les victimes ne le font pas exprès, ils n'en sont pas conscients, ils n'avalent pas tous ses cachets pour le plaisir. Et les experts ne reconnaissent pas le psycho-somatique, ou bien ils envoient chez le sapiteur psychiatre.
Encore une facette de ma nouvelle profession à connaitre