vendredi 30 décembre 2016

Comment diminuer les arrêts de travail

Il paraît qu'une de mes consœurs poursuivie par la Sécu aussi pour ses arrêts de travail a choisi elle, cette formule: une semaine travail, une semaine vacances. Elle n'est plus ennuyée et profite de sa petite famille. 
Cela fait mathématiquement 50% d'arrêt de travail en moins. 
Mais cela ne fortifie pas les vocations, au contraire. Mais si la Sécu est contente, c'est l'essentiel non?

mercredi 28 décembre 2016

Vive la santé connectée!

J'ai appris que les demandes de passeport ne se feraient plus à la préfecture mais sur internet, bientôt ça sera le  tour des cartes d'identité, compression de personnel.
L'antenne Sécu de ma ville a fermé, les jours  la Poste locale sont comptés;  que d'économies le gouvernement fait! 

Dans la même tendance je propose les consultations exclusivement sur internet avec webcam, les arrêts de travail envoyés directement à la Sécu avec mail au patient. 

La pharmacie c'est pareil, pourquoi prendre du temps à faire la queue à la pharmacie? 
Désormais chaque patient ira sur le site de la pharmacie, entrera son numéro Sécu, les coordonnées de sa mutuelle, scannera son ordonnance et aura ses médicaments sous 24 heures. 

Pourquoi les médecins seraient-ils plus vertueux que les pouvoirs publics, pourquoi devraient-ils repeupler les campagnes désertées par la presque totalité des services publics? On est comme tout le monde, on n'a pas envie de s'enterrer dans un village où il n'y a pas de poste, des commerces pratiquement inexistants, et un car qui vient chercher nos mômes pour aller dans une école commune à plusieurs villages. 

lundi 26 décembre 2016

Non, la médecine ne me manquera pas

Des patients  me demandent si la médecine ne va pas me manquer, si je compte fébrilement  les jours avant de me reposer enfin. 

Non, la médecine telle qu'elle est conçue actuellement ne me manquera pas, la non-reconnaissance des médecins alternatives me lasse. Le règne du tout-chimique me fatigue, et la Sécu en plus avec sa logique comptable pure m'ont usée. Fini, basta! 
Je réserverai mon art pour les victimes qui ont bien besoin qu'on les défende. 

 Les patients, je ne compte pas les jours qui me restent "à vous supporter", ce n'est pas le problème, les patients c'est le côté passionnant de la médecine, ce n'est sûrement pas  compter avec appréhension le nombre de jours d'arrêts que l'on a effectués depuis le matin en espérant vainement que les prochains patients n'auront pas besoin d'un arrêt de travail, ça c'est du n'importe quoi. Pourtant c'est ce qu'on me demande de faire dorénavant. 

Le soleil de Guadeloupe me convient mieux.

samedi 24 décembre 2016

Les expertises ne sont pas un long fleuve tranquille

Une expertise très éprouvante hier; une victime avait eu un accident de voiture avec des douleurs résiduelles importantes au rachis lombaire. Malheureusement il avait eu peu de temps avant l'accident des douleurs au même endroit, mais moins importantes. 

A la première expertise, il n'a été retenu aucun préjudice, d'autant plus que l'IRM était normale avant et après l'accident. En d'autres termes  AIPP égale à 0!  ( atteinte à l'intégrité physique et psychique)

Il est allé en contre-expertise accompagné par moi. L'expertise a été houleuse, la victime ne comprenant pas pourquoi ses douleurs n'étaient pas reconnues comme telles. A un certain moment l'expert s'est tourné vers moi, l'air de dire "confrère, vous calmez votre client", ce que j'ai fait avec du mal. 
Mais  ce qui a mis l'expert en rogne est quand la victime a dit "mais monsieur, soyez sympa!" "Je n'ai pas à être sympa", a-t-il dit "je suis l'expert et impartial". 

Et on est passé à l'examen clinique: malgré ses douleurs, la victime avait tous ses réflexes et une force musculaire relativement convenable. c'est vrai qu'il y avait ses douleurs...

Le verdict de l'expert: "Ce n'est pas imputable", en d'autres termes "circulez y'a rien à voir". 
Et il n'avait pas complètement tort; j'ai pourtant réussi à lui soutirer quelques pourcentages pour le stress subi et c'est tout. 

Et c'est toute la difficulté de l'expertise, en quoi elle diffère de la médecine générale. En expertise on calcule les handicaps, les déficits et les douleurs associées, mais quand il n'y a pas de déficit? La victime peut aller se rhabiller et se soigner ses douleurs, et basta. 

C'est dur. La douleur est peut-être souvent psycho-somatique, n'empêche que bien évidemment les victimes ne le font pas exprès, ils n'en sont pas conscients,  ils n'avalent pas tous ses cachets pour le plaisir. Et les experts ne reconnaissent pas le psycho-somatique, ou bien ils envoient chez le sapiteur psychiatre. 

Encore une facette de ma nouvelle profession  à connaitre




jeudi 15 décembre 2016

Lire les contrats d'assurance

Un de mes patients dirigeant d'une entreprise familiale, avait une garanti conservation de salaire en cas d'arrêt maladie. Souffrant de la colonne vertébrale, images à l'appuis, multiples séances de kiné, rhumatologue, neurochirurgien, il l'a fait jouer. Aucun problème durant les premiers mois, l'assurance assurait le complément de salaire. 
Un jour, l'assureur appelle à  son travail (qui est aussi son domicile): "Mais vous répondez monsieur Sylvère! Vous êtes donc apte au travail!" Et la garantie s'est arrêtée là. 
Mais le travail de mon patient n'est que 10% d'administratif! Cette histoire se renouvelle en permanence car les contrats spécifient souvent: "l'assuré n'est pas capable du moindre travail". S'il est en fauteuil roulant, aveugle mais peut répondre au téléphone il est apte.

Il faut donc le savoir avant de prendre une assurance ou une autre. 

dimanche 11 décembre 2016

Vers la médecine McDo

 J'ai tenté de me "psychologiser", de me mettre en condition afin de partir sans regret. Hier matin je reçois un patient un peu difficile que je connais depuis 16 ans: et j'ai tenté de penser " vivement que je parte, il est con, je n'en  peux plus, je ne verrai enfin plus sa tronche de cake, ni la tronche des autres cakes d'ailleurs..."

Malheureusement au bout de 2 minutes je ne trouvais plus du tout ça rigolo; je les aime mes patients, avec tous leurs défauts et leurs qualités et je ne peux même pas utiliser ces arguments que certains de mes confrères utilisent pour se donner le courage de partir.

Je ne suis même pas fâchée contre la Sécu, c'est pour dire. C'est juste que mon  exercice n'est plus adapté au monde actuel, et c'est très dommage. Comme le disait un confrère, j'apportais un autre regard aux patients dans le canton et c'était génial pour eux d'avoir des médecins différents. 
Juste la Sécu, le gouvernement veulent gommer nos différences, il faudrait chacun avoir le même pourcentage de vieux, de CMU, d'arrêts de travail, de bons de transport, on veut nous uniformiser,   un peu comme chaque  McDo est le frère jumeau de tous les autres dans le monde.

Je ne veux plus de médecine McDo. Je vous le dis, toutes les thérapies parallèles ont de beaux jours devant elles, c'est tout ce qu'on aura réussi à créer. 

samedi 10 décembre 2016

Une phobie médicale

Cette nuit c'était d'un homme (!) mort en couches dont   j'ai rêvé;  je voulais le réanimer, son rejeton était de toute façon foutu. Et les pompiers appelés un peu avant qui ne venaient toujours pas...

Une demi-heure après c'est au tour d'une femme de mourir de son accouchement devant mes yeux. Je tente de la ranimer aussi, en vain. Les pompiers ne sont jamais non plus venus dans mon rêve. 

Ça, c'est un côté de la médecine que j'apprécie moyennement, les urgences et la prise en charge qui ne se déroule pas fluidement. Heureusement en général tout se passe pour le mieux. J'étais par exemple très soulagée lorsque les pompiers ont débarqué alors qu'une petit de 5 ans était en train de s'épuiser en respirant au cours d'une crise d'asthme grave. La mère avait dit soulagée: "vous voyez docteur, elle est en train de s'endormir". 
Et moi:  "non, elle est en train de démarrer son dernier sommeil". J'ai adoré le pim-pon des pompiers à ce moment-là!

vendredi 9 décembre 2016

Je ne suis pas arrivée à vacciner

J'ai fait un rêve: un homme et son bébé se présentaient  à la consultation afin que je vaccine le bébé contre la tuberculose. Durant une demi-heure j'ai trifouillé dans les placards, n'ai trouvé qu'une seringue avec une date de péremption fortement dépassée, puis une munie aiguille verte pour intramusculaire. Enfin je trouve une seringue de 1 ml, avec aiguille sous-cutanée. 
Manque de bol, je vaccine par mégarde le père qui n'en avait pas besoin ( son épaule se trouvait dans mon champ de vision) et qui à présent est fou furieux, d'autant plus que je lui injecte les dix doses au lieu d'une( un flacon de tuberculine correspond à dix doses). 

Enfin, après moultes  péripéties  je suis prête à vacciner le bébé, prends la seringue... et MiniRambo me réveille  "C'est l'heure de se lever!"

Non, les vaccins ce n'est pas mon truc, et MST n'est pas ma copine, elle qui veut rendre obligatoire 11 vaccinations: infanrix hexa, ROR, prénevar, et meningitec je crois, le tout dans la même seringue! Alors que beaucoup de parents réclament à cors et à cris le retour du DTP sans aluminium afin de ne pouvoir faire que celui-ci! 

C'est quoi ce mépris envers les citoyens? Sait-elle mieux ce qui est bon pour nous que nous-même? J'ai déjà écrit que la Sécu se comportait comme une mère abusive, elle n'est pas mal non plus. 

Lire ceci pour en savoir un peu plus: http://www.lemonde.fr/sante/article/2016/12/01/vaccins-la-concertation-citoyenne-propose-d-etendre-l-obligation-vaccinale_5041146_1651302.html



samedi 3 décembre 2016

Patient indélicat

J'ai écrit un post il y a quelques semaine car j'étais en pétard contre une assurance qui ne remboursait pas une victime car elle ne correspondait pas exactement aux critères décrit pour avoir une indemnité. Heureusement cela ne se passe pas toujours comme ça. 

Et dans l'autre sens il peut y avoir aussi des abus;  un patient par exemple qui sait de longue date qu'il doit se faire opérer d'une arthrose invalidante et qui prend une assurance garantie de salaire un peu avant l'intervention en jurant sur ses grands Dieux, le chirurgien arrange aussi le compte-rendu, change un peu l'intitulé de la maladie et de l'opération  de sorte que l'assurance  rembourse, ce qui est fait.

Ceci est au bas mot indélicat.

Les gens se rendent-ils compte que l'assurance marche quand tout le monde est solidaire, chacun a une responsabilité vis-à-vis de l'autre? Et si on  gruge une assurance c'est soit-même que l'on gruge au bout du compte? Car les assurances quand elles ont trop de sinistres se contentent d'augmenter leurs primes, tout simplement. 

C'est cela que l'on devrait apprendre à l'école, que chaque civilisation est une sorte de grande fourmilière,  qu'on "ne peut pas la jouer perso", ce n'est pas viable à long terme. 

jeudi 1 décembre 2016

Médecin contrôleur en Guadeloupe

Je me vois tout  à fait en train de chercher les patients sur la plage afin de vérifier la légitimité de leur arrêt de travail. 
Normalement je suis payé à 0.61 du km à partir de 13 km, mais marcher sur la plage de sable fin, ça rapporte combien aux cent mètres? Elle n'a sûrement pas pensé à ce mode de locomotion, la société qui m'emploie! 

Et la question peut être posée très sérieusement; il parait qu'à l'hôpital de Pointe-à-Pitre il y aurait 36% d'absentéisme (mais ce ne sont peut-être que des racontars). Et une patiente a émis un début d'explication: " quand vous allez en direction de l'hôpital, à un moment il y a un panneau, avec à gauche "hôpital" et à droite "plage". Certains doivent se tromper". 

On verra. 

Boney M - One Way Ticket

Pour la Guadeloupe!!!

dimanche 27 novembre 2016

Rédaction du certificat médical initial

Lors d'une expertise la victime doit savoir un truc on ne peut plus important: l'expert se fiera au certificat médical initial fourni et pas plus ( sauf s'il est sympa et compréhensif ce qui n'arrive pas forcément).

Par exemple un type a eu un accident de voiture avec traumatisme crânien important. L'équipe soignante s'est battue durant des jours afin que le type reste en vie et sorte de son coma. Elle fait un certificat médical initial en ce sens.
Puis le type sort de l'hôpital et se rend compte que son genou lâche. Il y a une vilaine cicatrice en regard, mais le médecin s'est contenter de suturer sans le noter. 

Les mois passent, on se rend compte que le ménisque est fissuré. Le type part en expertise et l'expert dit "le genou n'est pas marqué, ce n'est pas imputable". Et voilà! 

Je ne saurais trop insister sur la rédaction du certificat médical initial, les victimes ou la famille doivent insister pour que tout soit marqué, de la moindre dent cassée  (par l'intubation),  à la plaie du petit doigt de pied. 

samedi 26 novembre 2016

Pharmacie contrôlée comme moi!

La pharmacie ou je suis allée ce jour a bien des misères. Une employée m'a raconté ses déboires: " une des pharmaciennes s'est trompée une fois ou deux dans les substituables, elle a mis le médicament commercial (je suppose sous la pression d'un client) une fois ou deux. Maintenant et durant deux mois, toutes les prescriptions "non substituables" sont contrôlées par le pharmacien conseil de la Sécu. Tous les remboursements de ces ordonnances sont bloqués en attendant le bon vouloir du pharmacien".

Ça  m'a rappelé mon histoire, et celle du kiné d'à côté dont toutes les prescriptions ont été passées au peigne fin par la Sécu, et celle d'un confrère qui a reçu une lettre de menace de la Sécu: "voici les patients que vous ne devriez pas arrêter .... Si les choses durent,  nous serions dans l'obligation de vous passer sous mise sous accord préalable de chacun de vos arrêts". 

Ceux qui continuent dans ces conditions, pour des raisons financières, parce qu'ils ont la vocation, parce qu'ils aiment leurs patients ne se préparent pas des lendemains qui chantent. 

mercredi 23 novembre 2016

Une patiente bien handicapée par son pied fracturé: "docteur, j'ai été contrôlée par le médecin de la Sécu. Elle demande que vous m'arrêtiez encore, elle vous a envoyé une lettre dans ce sens".

Les médecins de la Sécu me caressent dans le sens du poil! Je dois dire que je n'en ai rien à fiche, mais ils jouent un drôle de jeu. Il m'est avis qu'ils seraient plus heureux en démissionnant aussi. 

lundi 21 novembre 2016

Chacun pour soi... et chacun ses problèmes.

Une patient entre dans le cabinet:
" Comment docteur, qu'est-ce que j'apprends? Que vous partez? Qu'est-ce que je vais devenir? Avez-vous pensé à nous?

- Mais madame, vous ne vous êtes pas rendue compte que j'étais complètement survoltée depuis un an et demi, très stressée?

- J'ai assez de problèmes à m'occuper pour m'occuper de ceux des autres. 

- Très très bien ( que je lui dis un peu agressivement), vous avez vos problèmes, vous vous en occupez, moi j'ai les miens et je me tire!"

Elle n'était pas contente la dame, pas grave, chacun s'occupe de ses problèmes et "tout va pour le mieux dans le meilleur des monde". Mais avec autant d'individualité, le sentiment que seul  "Soi" existe et pas les autres, on ne se prépare pas une société stable et qui évolue dans le bon sens!

vendredi 18 novembre 2016

Paranoïaque? Toujours pas

Une autre patiente a manifesté son mécontentement devant un médecin de la Sécu. La réponse de celle-là a été toute autre: "Quand le service administratif a un médecin dans le nez il ne le lâche plus". 

Je ne suis pas paranoïaque, mais plusieurs patients et amis l'ont été pour moi: " à mon avis, quelqu'un ne vous aime pas" "quelqu'un a du se plaindre de vous" "avec votre médecine vous ne leur convenez pas". 

Je ne deviendrai pas paranoïaque malgré tout car j'incline à penser que si tous ces gens de la Sécu avaient un problème médical, ils seraient tout contents de trouver un médecin empathique qui les écoute avec attention, qui les palpe en tous sens, qui tente vraiment de comprendre de quoi ils souffrent, même si parfois je me plante et confonds une pancréatite avec une appendicite, ou une tumeur du colon droit avec une cholécystite.   Ça m'arrive de faire des bourdes aussi grosses que cela, mais pour ma défense, j'ai mes dix doigts, le stéthoscope  et le tensiomètre et basta. 
Et puis de toute façon tous ces patients finissent aux urgences qui  font le boulot et tout le monde est content.  C'est l'essentiel.






jeudi 17 novembre 2016

Suis-je paranoïaque?

J'ai conseillé à tous mes patients de remercier la Sécu et ses médecins de son traitement personnalisé avec moi. 

Ce jour un patient me dit: "Docteur, je me suis fait contrôlé et je n'a pas manqué de parler de vous. Le docteur Maginot a eu l'air très surpris de mes propos: " Mais nous ne sommes absolument pas contre le docteur Vincent, on n'a rien contre lui!" l'air de dire que vous êtes paranoïaque. Il vous a même appelée par votre prénom". 

J'ai vacillé quelques instants par tant de mauvaise foi; aurais-je tout imaginé? Je vais relire mon blog de bout en bout  pour m'assurer encore une fois de ne pas être paranoïaque.  En tout cas nous n'avons jamais gardé les vaches ensembles avec  le docteur Maginot. 

C'est vrai que les propos des intervenants de la Sécu ont toujours été courtois, genre grand sourire et une matraque cachée pour mieux l’asséner dés qu'on a le dos tourné. 

La vérité c'est que je ne peux pas aller au delà du 31 décembre, sous peine de payer 6200 euros: la Sécu contrôle les arrêts-maladie de janvier et février et je sais d'ors et déjà qu'il y aura un problème: je suis incapable de continuer à faire des arrêts de trois jours et d'envoyer les patients se faire prolonger par les confrères. C'est carrément discourtois et cela va les mettre en difficulté. 

lundi 14 novembre 2016

Je n'ai ni la peste ni le choléra

J'ai cru lire dans les actualités que les médecins ayant au moins 7% de CMU dans leur patientèle seraient récompensés désormais. 
Et moi? Jamais je ne refuse une CMU, je suis toujours charmante et affable, avenante avec ceux qui en sont bénéficiaires, pourtant je n'ai que 2.8%. Misère.

Une des raisons: j'exerce dans un village dortoir, avec des personnes en maison particulière. Pourtant je suis en secteur 1, mes  dépassement d'honoraires sont exceptionnels  (uniquement quand je fais des lettres pour aider les patients à se défendre contre la Sécu), je pratique le tiers payant... vertueuse sur toute la ligne (sauf pour les arrêts de travail, mais on ne parle pas de choses qui fâchent ce soir, "glisser mortel n'appuyez point" comme aurait dit ma grand-mère, paix à son âme). 

Comment faire pour les attirer? faire une petite danse tribale quand j'en vois un?  Avoir un joli décolleté (quoique à 51 ans, je mise surtout sur des jolies blouses froufroutantes cachant le décolleté), des jupes un peu plus courtes (j'ai maigri, ça tombe bien), ou bien un petit traitement personnalisé que la morale (et mon compagnon) réprouve? 

Mais venez donc Nom de D. les CMU! Je n'ai ni la peste ni le choléra, ni la syphilis, ni les gonocoques,  non mais!

Stop! Je pars au 31 décembre, je ne me prostituerai pas pour avoir ma récompense, je ne courrai pas après la carotte après avoir eu du bâton. Dommage, j'aurais travaillé mes chorégraphies lascives et dynamiques. 

samedi 12 novembre 2016

victime,un point du code de bonne conduite,

Un autre truc qui fait désordre, que les victimes devraient éviter: j'avais fait un rapport de consultation pour aider une victime à être rétablie dans ses droits. 
C'est sa troisième expertise privée, elle a déjà eu  par ailleurs trois  expertises officielles.

J'ai eu la désagréable surprise ce jour de voir la victime devant moi, mon rapport d'expertise entièrement reformaté, plus aéré, trois fois plus de pages, des annotations en plus dans tous les sens! Et comme la victime n'est pas médecin, loin s'en faut, le rapport n'a plus sa consistance d'origine; je l'avais fait percutant, elle l'a transformé genre catalogue historique  médical et administratif, imbuvable pour le malheureux expert qui a peu de temps pour prendre une décision! C'est un coup à ce qu'il ne l'ouvre même pas. 

Je sais qu'on me paie, que c'est leur rapport mais je ne peux plus les défendre si on ne me permet pas de le faire avec ma sensibilité. 

Je commence à penser qu'un ami médecin  de mon compagnon avait raison, "les victimes vont lui casser les pieds et ne seront jamais contentes". 

Pitié, vous tous, donnez-lui tort! Mes patients "normaux" ne sont pas casse-pieds, je les adore tous et les regretterai longtemps. 





mercredi 9 novembre 2016

Un lapin d'un coût exhorbitant

Ce matin je me prépare pour une expertise (avec l'expert qui va diriger la séance et un psychiatre des assurances) , sors de la maison à 6h45, prends la voiture, puis le train, puis le RER, puis enfin le bus pour atterrir dans un hôpital psychiatrique du fin fond de la banlieue à 8h30. 

Il pleut, il fait froid;  je m'assois dans la salle d'attente avec le café à 30 cts pris au distributeur automatique (c'est à dire dégoûtant, deuxième hôpital psy que je fais, deuxième café ignoble qui n'en mérite même  pas le nom). Et je téléphone à ma cliente qui me répond: "Oh, je suis désolée, je ne savais pas que vous veniez. J'ai eu un léger contre-temps familial, je vais prévenir l'expert". Aussi acceptable qu'une limace se promenant tranquillement dans la salade d'un repas de gala sans se soucier des réactions  qu'elle peut produire. 

L'expert a appris la nouvelle avec bonhomie: "que va-t-on faire? Lui pardonner? Allez, on trouve un autre date". 

N'empêche, le temps c'est de l'argent et les honoraires d'un expert sont entre 700 et 1200 euros selon l'expertise, plus les honoraires de celui des assurances, les miennes... 

Elle a eu de la chance la victime, mais si elle n'a pas gain de cause, elle ne pourra pas rejeter la faute sur quelqu'un, elle ne s'est même pas aidée elle-même. 


lundi 7 novembre 2016

vaccination obligatoire

Je suis connue dans la région pour ne pas être une folle furieuse des vaccins; comme ce n'est pas mon combat, si on me les demande,  qu'on me les pose sur la table, je les fais, mais qu'on ne me demande pas de convaincre les patients puisque je ne suis pas convaincue moi-même.

Une de mes patiente n'est pas du tout vaccin, et elle m'avait demandé pour sa fille la version soft, c'est à dire uniquement les vaccins obligatoires, et absolument pas l'hépatite B. J'ai fait la version soft, la (DTP), la coqueluche et l'hémophilus en plus pourtant.

Elle a vu le médecin de la crêche où elle a mis sa fille: celle-ci l'a incendiée, l'a traitée de criminelle, que sa fille allait mourir et a écrit rageusement sur le carnet de santé que rien n'avait été fait. Et vicieusement elle a écrit Infanrix hexa (avec hépatite B) et engerix B sur la même page, l'air de rien (c'est aussi l'hépatite B)
Et elle en a profité au passage pour cracher sur moi, que j'étais inconsciente, que je ferais mieux d'exercer la médecine dans le tiers monde.

Et elle a rajouté qu'elle n'accepterait pas la gamine si elle n'était pas vaccinée contre tout!

La mère était bien évidemment dans tous ses états.

J'ai décidé pour entretenir les relations cordiales avec ce médecin de l'informer de mes décisions:

"Ma chère consoeur, je suis heureuse de vous annoncer que je quitte la médecine générale pour ne me consacrer qu'à la défense des victimes des erreurs médicales, médicaments défectueux, accidents de la route etc.
Je vous laisse le soin en conséquence de manager  en accord avec la famille,  la vaccination de la petite Artémise.
La famille ne souhaite pas l'hépatite B.
Bien confraternellement
Dr Vincent".

Ne suis-je pas sympathique et agréable?
N'empêche qu'on ne peut non seulement plus faire ce qu'on veut en France, mais ses idées on doit se les garder aussi!

dimanche 6 novembre 2016

Accompagnement personnalisé

Je ne sais pas si je l'avais écrit celle-ci mais on peut considérer cela comme une tournure de style de la Sécu: quand je me plaignais que j'étais harcelée auprès d'un cadre de la Sécu, elle m'a répondu: "Non docteur, c'est un accompagnement personnalisé!".

C'est ça qu'ils apprennent à l'école de la Sécu,  à pratiquer la communication. 

Assurance humaine

J'avais pesté contre une assurance qui n'accordait une pension pour invalidité que si des conditions impossibles à avoir étaient réunies: il aurait fallu que le patient soit aveugle, sourd et muet, tétraplégique pour prétendre à quelque chose. Et comme c'était écrit en tous petits caractère et que le patient qui avait contracté à l'époque l'assurance était dans une forme olympique, il avait signé le contrat sans se poser de questions. 
L'expertise qu'il avait eu il  y a un mois, où je l'avais assisté n'avait pas été concluante et entre les honoraires  de l'expert et les miennes, la victime était mise un peu à poil, surtout sans rentrée d'argent. 

Alors stress pour la victime, dégoût pour moi, et puis la bonne nouvelle: le patient me laisse un message "docteur, on a gagné, l'assurance a accepté!"

Comme quoi, il y a ce qui est écrit  et puis il y a des personnes humaines au sein des assurances, qui comprennent que quand un type par exemple a travaillé sur les chantiers toute sa vie, il ne peut pas reprendre à 58 ans un travail de bureau peinard, sans stress. 

lundi 31 octobre 2016

La confession thérapeutique

Une de mes patientes n'avait pas été tendre avec son mari handicapé physique, cela avait duré  durant quelques années avant son décès. Je n'avais rien vu venir, elle me disait qu'il perdait la tête et je l'avais bêtement cru, jusqu'au jour où je suis arrivée à leur domicile par erreur un mardi au lieu du mercredi. Et monsieur était seul! Et là nous avons parlé philosophie, religion, psychanalyse, les sujets dont il était friand  auparavant, quand il pouvait se déplacer seul au cabinet. La tête 5/5, le corps un peu moins. 
Juste avant que je m'en aille il m'avait confié " mon épouse décide de tout, elle m'a piqué mon carnet de chèque, elle est violente verbalement et il est arrivé que cela soit physique. Mais je veux la paix, je préfère ne rien dire". 
Et quand j'ai refermé la porte, je l'ai croisée, elle dehors et elle était très inquiète: "Vous ne m'avez pas prévenue? Je me serais débrouillée pour rester etc."

Ni une ni deux, arrivée au cabinet j'ai prévenu les infirmières libérales qui s'occupaient de monsieur, son neurologue, son autre généraliste pour leur faire part de la situation. 
Mais les choses se sont enchaînées et il a fini par mourir de son problème. 

Et ce jour je la revoie et pour la énième fois elle me confie combien elle se sent coupable ne ne pas avoir appelé les urgences plus vite. Elle est angoissée au point qu'elle a du Lexomil sur l'ordonnance. Seulement le Lexomil ne va pas lui gommer sa culpabilité qui la ronge.

La moutarde m'est soudain montée au nez et je lui ai demandé:
" Vous êtes catholique?
- Plus ou moins. 
- Une seule solution, allez vous confesser, vous vous sentirez mieux. Le prêtre ne juge pas.
- Mais je me sens uniquement coupable de n'avoir pas appelé les urgences assez tôt!
- La confession madame".

Elle a la solution la vilaine, mais elle préférera peut-être boulotter des Lexomil et consulter moult médecins pour trouver une origine à son vague à l'âme. 


dimanche 30 octobre 2016

Libéral c'est tout

Depuis 5 ans environ je ne rêve que de vacances, d'hôtels et de plages, nuit après nuit, plages plus ou moins pourries, chambres d'hôtel déjà occupées, ou parfois des vacances pleines d'aventures tout simplement. 

Mais cette nuit: le directeur de la Sécu me convoque pour me demander pourquoi mes arrêts de travail sont du n'importe quoi. Certains sont écrits sur du papier journal, d'autres ont une écriture autre que la mienne mais ma signature. Et il faut que je justifie tout ce fatras... et puis le réveil libérateur. 

Les obligations tuent les médecins libéraux. Reprenons: obligation et libéral ça ne rime pas. 

Obligation, fonctionnarisation, OK, on a les avantages et les inconvénients, les 35 ou 40 heures, les comptes à rendre  et après repos familial ou entre amis ou d'autres trucs persos.

Libéral, c'est être libre, de choisir son temps de travail, le traitement que l'on considère le plus adapté, faire les gardes ou pas, se former comme on le souhaite, faire les arrêts si on le juge utile, refuser ou non les CMU (que la plupart des médecins acceptent d'ailleurs), libre d'utiliser le lecteur vital ou non, de ne pas prescrire la pilule selon sa religion (cela arrive), de ne pas prescrire de neuroleptiques, ne ne pas obéir aux cardiologues qui exigent qu'on renouvelle les statines, même avec du LDL cholestérol à 0.45,   LIBRE

Je ne me sens plus libre, on a des recommandations en tous genres, des immixtions dans nos prescriptions, je tremble à chaque fois que je ne prescris pas un psychotrope et que j'ai peur que le type ne se suicide ensuite (j'ai la conviction que les Temesta et Cie favorisent le suicide mais il peut toujours y avoir une exception, comme la femme qui a tenté de se pendre avec la laisse de son chien quelques heures après m'avoir vu, car elle vient de se disputer encore une fois avec son mari). 
Toutes ces prescriptions me pèsent tellement je pense que la plupart des maladies sont psychosomatiques.
La preuve, c'est que parfois des patients me consultent tant et plus juste avant le licenciement, et ensuite, quand ils ont trouvé leur nouvelle voie, plus aucune nouvelle. 
C'est un signe ça.

Je deviens complètement désadaptée au système

lundi 24 octobre 2016

Le plus beau compliment

Un des compliments qui m'a le plus touchée est d'une patiente; elle a eu une vie difficile et un peu chaotique: "Vous ne m'avez jamais jugée". 

Ce n'est pas la première fois qu'on me le dit. Qu'on me dise que je sois un bon médecin, c'est sympa mais les critères changent selon les gens, les patients et les pairs  et les époques.

Mais moi qui ai eu à subir un père juge et président de cour d'assise, ça c'est du compliment; je m'étais jurée depuis toute petite que je ne jugerais jamais les gens, peu importe leurs actions.

Ils peuvent avoir partouzé d'importance, porter un enfant d'un autre enfant que leur mari, avoir volé des voitures ou autres bricoles, avoir frappé leur épouse  je suis là  et j'écoute et je tente d'aider. 
Et finalement la plupart des gens rentrent dans le droit chemin, alors pourquoi vouloir les enfoncer encore plus?


samedi 22 octobre 2016

Se faire indemniser même quand on a payé au black

Une de mes patiente était folle furieuse contre un soin esthétique, du laser contre la couperose, non seulement qui l'a défigurée un moment, qui lui a fait perdre son travail. Elle venait voilée façon niqab  au cabinet  durant trois mois. Et en plus la couperose n'a pas disparu!
En théorie et obligatoirement, c'est obligatoirement un médecin esthétique qui doit faire le geste. En pratique il délègue parfois cela mais ce n'est pas légal.
Et la victime a six mois pour porter plainte, alors qu'en médecine elle a dix ans à partir de la consolidation.

Alors ma patiente a tenté de faire valoir ses droit et le médecin l'a envoyé bouler pour parler trivial.  et elle n'a pas osé porter plainte. Pourtant cela aurait été recevable.  Je conseille tout de même dans ce cas de figure de prendre un avocat.

"Mais docteur j'ai payé au black!"
Ca marche aussi; une victime par exemple peut se faire indemniser lorsqu'elle a fraudé et qu'elle a été renversée dans le bus, que le train lui a coincé la jambe etc.

Mais c'est toujours mieux de faire des factures et de payer son ticket, c'est plus simple.

lundi 17 octobre 2016

faillite cause: contrat d'assurance non adapté.

La plupart du temps un type signe un contrat d'assurance invalidité ou incapacité  de travail en pensant que le jour où il en aura besoin, il n'aura pas de problème financier grâce à ça. 

Mais attention, gare aux petits caractères! 
Parfois il y a écrit: "l'indemnisation s'applique en cas d'incapacité absolue de la personne à poursuivre son travail". Tout va bien pour l'employé: il a une fracture du bassin, il est arrêté trois à six mois, il est remboursé. 
Mais le chef de petite entreprise? Pour lui c'est plus problématique: il travaille pour 90%  du temps à sa menuiserie, à son chantier avec ses employés, et pour 10% du temps à son bureau à ses  tâches administratives. Et là: dans le baba pour parler trivial!  Aucune indemnisation car il peut faire un travail de bureau, qu'il ait une jambe cassée, coupée, qu'il ait perdu un bras, les deux mais qu'au moins il puisse parler. Il peut même devenir aveugle, avec un clavier adapté il peut travailler. 
Et s'il ne peut pas parler il peut écrire... en fait il faut qu'il soit mort avant d'être indemnisé. Mais quand il est mort la garantie ne s'applique plus!  C'est "pile tu gagnes, face tu perds".

Et il faut que j'assiste ces malheureux chefs d'entreprise qui se rendent compte après que la garantie ne pouvait absolument pas s'appliquer pour eux: qui leur a vendu? Qu'on le pende!  Le dossier patauge car les dés sont pipés dés le départ. 

Et les malheureux chefs d'entreprise peuvent parfois mettre la clé sous la porte pour un problème de ce genre. 

Ce genre de contrat ne devrait plus être proposé à un seul libéral ou un seul chef d'entreprise. 

samedi 15 octobre 2016

MARRE DE LA SÉCU : JE QUITTE LA MÉDECINE GÉNÉRALE


Direction les îles… et la médecine de recours
Libéral | 11 octobre 2016 | Propos recueillis par Adrien Renaud


Le Dr Stéphanie Becquet va bientôt arrêter d’exercer. A 51 ans, cette généraliste installée à la campagne, à 55 kilomètres de Paris, préfère s’orienter vers la médecine de recours. Elle explique tout à What’s up Doc.

What’s up Doc. À l’origine de votre décision de décrocher votre plaque, il y a vos relations avec la sécu. Pouvez-vous nous raconter cela ?
Dr. Stéphanie Becquet. En juin 2015, j’ai reçu une lettre de la CPAM m’indiquant que je prescrivais trop d’arrêts de travail. J’ai été convoquée par le directeur. J’avais beau lui expliquer que j’arrête davantage de gens parce que ma patientèle est plus jeune et donc plus active, il n’en avait rien à faire. Je suis passée devant la commission des pénalités, qui a ordonné une surveillance de mes arrêts de travail pendant un mois. Mais son avis n’est que consultatif, et le directeur a porté la sentence à deux mois !
WUD. Et ça a été le déclic ?
SB. Oui. Quelques jours avant le début de mon contrôle, mon compagnon m’a dit qu’il en avait marre du climat de notre région, et qu’on pourrait peut-être partir s’installer dans les îles. Ses mots ont résonné dans ma tête. J’arrêterai d’exercer le 31 décembre, et nous allons partir. Nous ne savons pas encore où exactement : Tahiti, les Antilles… Loin, de préférence. J’ai décidé que je ne serais plus jamais médecin de ma vie. C’est vraiment une fuite.
WUD. En attendant, vous fermez progressivement votre cabinet et vous faites des contrôles d’arrêt de travail. Ce n’est pas un peu paradoxal ?
SB. Je voulais savoir ce qui se passe de l’autre côté. Je travaille pour une entreprise qui facture ses prestations aux employeurs dont les salariés sont arrêtés, et je fais environ deux contrôles par semaine. Mais ce qu’il faut comprendre, c’est que je fais cela pour diversifier mes sources de revenus.
WUD. Pour la suite, vous voulez vous spécialiser dans la médecine de recours. Qu’est-ce que c’est ?
SB.  C’est un peu comme être avocat, mais dans le domaine de la médecine. Je vais par exemple assister la victime d’un accident de la route qui a peur que son assureur ne reconnaisse pas les dommages à leur juste valeur. Mon rôle est de faire contrepoids à l’expert de l’assureur.
WUD. Comment avez-vous été formée à cela ?
SB. En 2014, j’ai obtenu un diplôme en évaluation des dommages corporels. Je pensais que je ferais quelques expertises, et que je ne quitterais la médecine que cinq ou dix ans plus tard. Mais les choses commencent à se bousculer, j’ai fait trois expertises rien que la semaine dernière !
WUD. Qu’est-ce qui va vous manquer en quittant la médecine générale ?
SB. Les patients. J’ai toujours eu une relation très forte avec eux, j’ai souvent la larme à l’œil quand ils m’annoncent une mauvaise nouvelle ! Mais en revanche, le fait de ne plus prescrire, je m’en fiche. Ce que j’aime dans la médecine, c’est le diagnostic. En tant que médecin de recours, je diagnostique aussi.
WUD. Et qu’est-ce qui aurait pu vous décider à rester ?
SB. Que la médecine change. Aujourd’hui, si un patient a une angine, il est vu en deux minutes et repart avec des médicaments. Mais son angine est peut-être due à la fatigue, au stress… On n’a jamais la possibilité de voir les patients dans leur globalité.
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Pour aller plus loin…
Stéphanie Becquet tient un blog dans lequel elle relate ses aventures sur le chemin qui la mène hors de la médecine générale : De la médecine générale à la médecine de recours. Elle a également publié en 2009 un livre aux éditions du Cherche-Midi :Journal d’un médecin généraliste.

Les patients doivent s'autonomiser

Ce matin une quadragénaire sans maladie particulière me dit d'un ton agressif: "Docteur, la semaine dernière vous n'avez pas été présente trois soirs de suite. J'avais une grosse rhino. Il a fallu que je me soigne toute seule. Au quatrième jour ça allait mieux. N'empêche que durant trois jours je n'étais pas bien". 

Reprenons le but du médecin comme je l'imagine: rendre le patient assez autonome pour qu'il finisse par être capable de se soigner tout seul, et diagnostiquer et orienter convenablement en cas de maladie plus sérieuse qu'un rhume!!!

Que vous ai-je appris,  patiente,  durant toutes ses années? Sûrement pas à être dépendante du corps médical! Avec 1700  patients inscrits, je n'ai plus le temps de faire de la petite bobologie à la noix. Et me faire payer 23 euros pour écrire  une ordonnance de doliprane et de gouttes pour le nez, c'est frustrant. 

C'est avec des comportements comme ça que la Sécu est devenue aux abois, en train de traquer tous les comportements abusifs, et prenant des mauvaises décisions qui font s'enfuir les médecins (paradis artificiels, suicides ou arrêt de la médecine générale). Mais dans chaque cabinet il y a des comportements abusifs!

Il faudrait d'abord interdire la promotion de la consultation du médecin dans les médias et les documents de l'INPES  "au moindre doute consultez votre médecin".  On inquiète les patients et après on s'étonne qu'il y ait de la consommation médicale.

Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. 
Mais ce que les patients doivent d'abord apprendre c'est S'AUTONOMISER. De toute façon il n'y aura bientôt plus le choix devant la désertification médicale.

mardi 11 octobre 2016

La réparation intégrale et pas plus

Il faut bien comprendre quelque chose quand passe en expertise en tant que victime: en France on ne s'enrichit pas de son préjudice, mais la réparation sert uniquement à remettre la victime dans l'état financier où elle aurait été si elle n'avait pas eu son préjudice. 
Certaines victimes veulent faire payer "le gros malotru" ou au moins son assurance: dans le cadre d'un accident de la route, tout est balisé, on ne peut pas avoir plus que ce qu'on est victime. Il n'y a pas de dommages et intérêts. 
Par exemple on perd un oeil, c'est 25% de préjudice, un point c'est tout, il y a des barèmes, il n'y a pas  à discuter. On n'est pas aux USA. 

Et quand on ne sait pas ça, on fait comme une de mes victimes, on prend un avocat, puis un autre, on prend un médecin de victime, on part en correctionnelle, on fait du foin dans tous les sens... et les choses s'empâtent, cela finit par prendre des années pour finalement être moins réparé que si on avait fait les choses simplement.

Un avocat oui, un mandataire de victime pourquoi pas, un médecin de victime aussi, mais pas de procès! Il vaut mieux un mauvais accord qu'un bon procès très long et pénible psychologiquement. 

samedi 8 octobre 2016

Partir pour ne pas nuir

  Un de mes confrères avait quitté précipitamment la médecine générale il y a quelques années et je n'avais jamais compris pourquoi; toutes les théories, toutes les rumeurs malveillantes couraient sur son compte: "il s'est maqué avec des gens malhonnêtes" " il s'est fritté avec son confrère" "il a voulu privilégier sa vie de famille" "il était au bord du burn out" et j'en passe etc.

Et je ne comprenais toujours pas. Puis miracle: un jour je demande à une amie ce qu'elle en pense: "Je crois que ton docteur, il a loupé une embolie pulmonaire et il a du se sentir extrêmement mal. Il allait voir son patient tous les jours et il s'était beaucoup impliqué". 
Et voilà, un médecin compétent qui n'a pas pu réparer son erreur ( patient décédé!), n'a pas pu se confier à quelqu'un ( que va-t-on penser de mon acte?) et qui a préféré partir plutôt que de risquer de faire une autre erreur. 
C'est dommage, tout le monde en fait des erreurs, mais dans le domaine médical cela peut prendre des allures dramatiques. 

Alors j'en reviens  à mon idée du blog précédent: si un confrère venait voir régulièrement les médecins en posant la question, non pas "confrère, as-tu péché", mais "confrère, penses-tu avoir péché", et leur donnait les moyens de se former à nouveau sur le thème qu'ils ne maîtrisent pas, les médecins seraient de nouveau enthousiastes et auraient envie de continuer leur métier.

Seul hic: ce n'est pas du tout le but de la Sécurité Sociale, on n'est plus dans le soin mais dans une gestion comptable de la santé; mes confrères et moi pourrions être des Dieux, des rois du diagnostic et du soin, nous sommes des délinquants, l'un donne trop d'arrêts, l'autre de bons de transports, l'autre encore trop de séances de kiné... 

Pauvres médecins, et surtout pauvres patients. Heureusement, il y a toutes les médecines alternatives qui ont le vent en poupe, mais évidemment qui peuvent devenir casse-gueules si il y a un réel problème genre cancer ou phlébite. 


vendredi 7 octobre 2016

Y'a des types qui méritent des bisous


Ce matin  je cogne à la la porte d'un salarié arrêté depuis deux semaines. Son frère m'ouvre, "C'est pour quoi? Il dort encore".
Il n'est pas disposé à me faire entrer. Trois minutes après je vois le salarié en caleçon et de très mauvaise humeur: "Qu'est-ce que c'est que cette histoire? Le travail me contrôle?"
Il fini par s'habiller, me faire rentrer en grognant puis me dit: "on va téléphoner au travail pour vérifier ce que vous dites".
Il appelle; je crois comprendre que l'employeur dit au départ "non, nous ne contrôlons pas nos salariés", puis comme il insistait "mais la dame est devant moi!" l'employeur a daigné répondre " nous vérifions à titre systématique, ce n'est pas contre vous". 

Autant dire que je n'étais pas très rassurés, deux grands noirs en face de moi, un peu hostiles...

Puis dés que mon salarié raccroche, son visage s'éclaire, " j'ai compris, c'est le travail. Vous voulez un café?
-Non merci , je suis pressée.
- En tout cas prenez ces deux pains au chocolats, vous n'avez pas l'air d'avoir mangé ce matin". 

Et devinez ce que j'ai fait: un gros bisou sur ses deux joues!
Médecin contrôleur d'arrêts de travail new age!



mardi 4 octobre 2016

Prison pire que la prison

Un nouveau patient prend un traitement psychotrope  lourd. Pas d'explication, hormis " j'ai eu un accident, je ne suis pas bien". Quand je lui ai demandé s'il pouvait le baisser un peu il m'a dit "non, ils ne veulent pas, c'est le CMP qui me prend en charge". 
Le type est détruit, dort toute la journée, marche à pas lents et pesants. Il ne peut évidemment pas travailler dans cet état. 

C'est l'épouse qui m'a donné la cause de cet état de fait: " mon mari a fait quelque chose de répréhensible aux yeux de la loi et il a été déclaré irresponsable. Alors on l'a obligé à prendre ce traitement qui l'abrutit. Il a des prises de sang mensuelles pour vérifier qu'il ne l'arrête pas. Si il l'arrête il part tout de suite à l'hôpital psychiatrique. Il le regrette maintenant, et se dit qu'il n'aurait pas du plaider l'irresponsabilité, maintenant il est déclaré schizophrène et il est suivi à vie en psychiatrie".

Eh oui, une prison encore plus dure que la prison classique, et à vie!!! Quel cauchemar! Il ne s'en sortira que par la mort. Toutes ses idées, ses rêves, ses espoirs  sont bridés par tous ces neuroleptiques, somnifères, antidépresseurs et anti épileptiques. 
Et en plus en prison on garde quelques droits, à l'hôpital psy tu peux toujours tenter de t'exprimer, on te rajoute des cachets si tu parles trop et c'est tout!



dimanche 2 octobre 2016

mauvais gag


Ca c'est pas de chance: 



Un homme âgé de 80 ans est mort étouffé après avoir mangé des grains de riz à son domicile à Montpellier. En arrêt cardio-respiratoire à l’arrivée des secours, il n’a pu être ranimé. Il est mort étouffé.

Le pompier sauvé par les médecins présents sur place

Durant l’intervention, un sapeur-pompier volontaire a été victime d’un infarctus. Il a été immédiatement pris en charge par le personnel médical présent sur place. Pris en charge par ses collègues, il a été hospitalisé au CHRU de Montpellier. Il a finalement été tiré d’affaire.
http://www.20minutes.fr/montpellier/1934595-20161002-montpellier-meurt-etouffe-grains-riz

vendredi 30 septembre 2016

Guérir aussi psychologiquement

La plupart du temps les victimes sont focalisées sur la fonction qu'elles ont perdue  (un doigt, un membre, la mémoire etc.). C'est humain. Néanmoins, au fur et à mesure des mois, des années, elles récupèrent, elles remplacent des anciennes aptitudes par des autres, des trucs pour compenser les handicaps. 

Mais au fond d'elles, inconsciemment elles se trouvent encore handicapées, elles n'ont pas digérées l'accident  et elles se focalisent sur leurs déficits plutôt que sur ce qu'elle ont récupéré. 

C'est comme ça qu'un de mes traumatisés crâniens se plaignait de ses pertes de mémoires, il n'arrivait pas à penser à autre chose. Il a fallu qu'un neuro-psychologue lui montre preuves à l'appui ( il avait fait des tests durant trois heures) que ses facultés intellectuelles étaient bien rétablies sinon intactes et que le cerveau n'avait que des cicatrices minimes. 
C'est sûr que l'indemnisation sera moins importante, mais c'était une super-bonne nouvelle.


Une autre de mes victimes avait perdu un bout de doigt. Elle n'arrivait plus à se servir de la phalange qui lui restait, tentait en permanence de ne pas regarder son doigt mutilé et la main en cause était devenue maladroite. Elle a eu son expertise, et à la fin je me suis permise de lui dire: "Mais enfin, il vous reste cette phalange, vous ne pouvez pas la laisser tomber! Vous devez vous refamiliariser avec elle, par exemple lui dire bonjour chaque matin".  
Ca l'a fait rire et j'espère qu'elle a récupéré sa dextérité depuis. 

dimanche 25 septembre 2016

Débacle de la médecine générale

Je vais vous parler des changements de mentalité en médecine comme je les ai vécus, en live:

- Entre 1994 et 2000 en tant que remplaçante, les médecins voulaient absolument que je sois joignable entre 8 h et 20 heures, c'est à dire ne pas quitter le cabinet avant 20h de façon à ne pas couper la permanence de soins: les gardes démarraient à 20h pile et gare au médecin qui ne répondait pas à 20h01 pile. Et les gardes duraient toute la nuit. On n'avait pas de portable  du moins au début alors on restait accroché à son téléphone. Parfois je me réveillais en sursaut à 1h du matin avec le sentiment imminent  "on va m'appeler". Puis le téléphone sonnait.
Si on devait s'absenter on branchait le répondeur avec la petite phrase " en cas d'urgence composer le 15"
Et si je refusais de faire une visite j'avais une semonce en règle du médecin installé, même si elle n'était pas forcément justifiée: il fallait y aller. 

- Dés 1998 j'ai pu enfin quitter le cabinet plus librement   grâce au portable et au transfert d'appel.  

- En 2000 j'ai intégré une région avec des médecins dynamiques, une permanence de soins 24h/24 grâce à des tours de garde bien organisés; on avait même prévu la formation continue. Il y avait une stimulation positive.

- Vers 2004  la garde s'est arrêtée à minuit, ensuite les patients étaient envoyés à l'hôpital. Déjà un peu moins motivés les confrères. Mais on participait encore tous, sauf ceux qui avaient une dispense médicale. 

- Vers 2010  on a diminué le nombre de cantons, ce qui voulait dire un plus grand territoire pour chaque médecin de garde. Dans la foulée on a aboli la garde du soir et il n'y a plus  qu'un médecin volontaire attaché à un hôpital travaillant le samedi après-midi et le dimanche toute la journée. Et surtout sans moi, MiniRambo a besoin de sa maman le weekend. 

Et en parallèle la démotivation a grandi, les médecins se sont désengagés, au point qu'ils ne répondent  actellement plus au téléphone que quand ils en ont envie, c'est à dire surtout pas le vendredi après-midi pour la plupart. Moi idem. 

Plus on se fait contrôler dans tous les sens, moins on nous donne de responsabilité, plus on nous noie de paperasse, moins on sera dynamique et impliqué.  Et tout cela ne va pas aller en s'améliorant. Il n'y a que Marisol Touraine pour être  satisfaite et heureuse
C'est la débâcle de la médecine générale et c'est évidemment les patients qui trinquent.




vendredi 23 septembre 2016

sécu, maman abusive

La Sécu vient de m'envoyer un questionnaire à répondre anonymement, me demandant en gros si j'étais contente de leurs services, s'ils étaient réactifs, courtois, s'ils répondaient rapidement et avec compétence aux questions, que cela soit par internet, téléphone, sur place ou autre. Si les dames de la Sécu étaient avenantes, donnaient des conseils avisés et j'en passe. 

J'ai tout rempli consciencieusement que  j'étais très satisfaite, ravie ravie ravie, service tout bon, traitée aux petits oignons... mais quand on   m'a demandé ce qui pourrait être  fait pour améliorer le service, j'ai répondu: " Qu'elle s'occupe justement un peu moins de moi, car c'est tellement insupportable que je quitte la médecine générale dans trois mois et 9 jours". 

D'avec des personnes aussi attentionnées on ne peut que divorcer,  de façon à retrouver un peu d'air à respirer!

mercredi 21 septembre 2016

Je contrôle, on me contrôle

La boite qui m'embauche pour vérifier les arrêts de travail m'appelle: " Docteur, vous pourriez contrôler un arrêt de travail demain? Il est arrêté pour une semaine.
- Sans problème. 
- Il faut juste que je vérifie quelque chose, je rappelle".

Dix minutes plus tard: "Docteur, on est désolé, le prescripteur c'est vous, vous ne pouvez donc pas le contrôler".

Ils n'ont jamais voulu me donner le nom du patient! C'est le jeu, je contrôle, je me fais contrôler. 
Et puis on ne va pas forcément remettre mon arrêt en cause; j'ai contrôlé comme ça une personne qui était partie en vacances sur ses jours d'arrêt (un mois!) et le confrère que je respecte s'est fait avoir dans les grandes largeurs. Mais comme il avait une arrière pensée, il avait donné un arrêt avec des horaires de sortie. 

lundi 19 septembre 2016

Harcèlement de la Sécu?

Une patiente m'apporte une lettre de la Sécu genre: "nous n'avons pas reçu votre arrêt de travail du 16 et 17 juillet 2016. Nous vous prions de faire faire un duplicata".

Bizarre non? La patiente m'a montré un autre papier, un relevé de compte de la Sécu, indiquant qu'elle avait touché 0 euros d'arrêt maladie. 

Alors pourquoi la Sécu  veut-elle avoir ce papier? Tout simplement pour qu'au deuxième arrêt de ce genre, elle puisse envoyer à la patiente: "Vous avez été arrêtée deux fois cette année. La troisième fois vous serez susceptible d'être contrôlée par un médecin". 

Dans trois mois et demi c'est fini pour moi, mais vous les patients, bon courage avec tout ce grand-n'importe quoi. 

vendredi 16 septembre 2016

Plans de la Sécu

J'ai eu une conversation des plus enrichissante avec un patient proche de la Sécu; il m'a dévoilé les plans à long terme: 

1- "Abattre" les médecins qui ne sont pas dans le moule, ceux qui de par leur patientèle prescrivent trop d'arrêts de travail, ou de bons de transport, ou de séances de kiné.  Et le corollaire est évidemment diminuer le nombre de médecins.   

2- Réfléchir à comment diminuer le recours au médecin dans nos campagnes: les médecins de ville statistiquement voient moins souvent leur patients que les médecins installés en campagne,

3- Passer sournoisement et en douceur au système allemand: médecins tous fonctionnarisés.  Evidemment cela ne se dit pas tout haut!

Au sujet de chacun de ces points: 

1- j'ai compris que je suis une tête à abattre, ce qui est fait dans trois mois. Y'en a dans leurs WC (ou au bureau)  qui doivent bander tous seuls, mais ce ne sont sûrement pas les patients.  Tout haut les médias: " mon Dieu, des déserts médicaux", tout bas " tant mieux, cela coûtera moins cher". 

2- Je pourrais leur donner des pistes à tous ces bureaucrates, moi qui vois les patients un sixième de fois moins que les autres sur un an! C'est simple, ne pas faire revenir les patients quand ils ont vu leur spécialiste, leur donner un traitement pour six mois (sauf raison médicale) etc.  Mais ils n'en on rien à faire de mes idées, ils pensent comptable. 

3- j'ai aussi des très bonnes idées: développer un quatrième secteur, ouvert à tous les médecins qui le souhaitent et aux jeunes médecin surtout: médecin fonctionnaire, sans paperasse, à 35 ou 40  heures par semaine, qui ne se soucie ni de son loyer, ni des pannes informatiques, ni de la femme de ménage, qui a une secrétaire qui manage tout pour lui, le café etc! Je suis absolument sûre que ce mode d'exercice conviendrait à certaines mères de famille ou à certains sportifs ou autres. 

Mais je suis un modeste médecin généraliste abruti par la masse de travail qui n'a sûrement pas la vivacité d'esprit nécessaire pour contribuer à une réforme profitable au gouvernement ET aux patients. 


jeudi 15 septembre 2016

Contrôles abusifs?

Un contrôle il y a deux jour, un travailleur en pleine dépression réactionnelle suite à du harcèlement au travail. Arrêt de travail justifié bien évidemment au vu de la tête du malheureux et de son ordonnance. Situation normale à priori.

Ce qui l'est moins c'est que c'est la deuxième fois que je viens vérifier qu'il est bien malade, la boite tenant à  payer 450 euros par mois de médecin contrôleur (payé à la boite qui m'embauche). Harcèlement? Elle ne croit pas son employé ni le médecin de celui-ci? Vais-je être appelé une troisième fois?
Il a été aussi vérifié par le médecin de la Sécu (sur demande de l'employeur?) qui a déclaré son arrêt de travail légitime.
Moi je fais mon travail, mais ça sent mauvais. C'est malsain.  Et j'espère de tout coeur qu'il se sortira de sa dépression et contre-attaquera. 

vendredi 9 septembre 2016

Histoires d'arrêts

Une patiente  embauchée  à la Sécu m'a raconté qu'une stagiaire de son service il y a quelques mois s'était fait mettre en arrêt maladie durant dix jours. Le motif n'était pas connu. Elle n'a même pas été contrôlée. 
Mais comme elle était trop nunuche et aimait un peu étaler sa vie privée, elle n'a pas tari d'éloges sur les services de l'hôtel au Maroc et combien la plage était belle etc. Heureuse la fille! Elle l'était un peu moins lorsque le grand chef l'a convoquée et lui a signifié son renvoi.

Une autre patiente ce jour est folle furieuse contre son médecin traitant: "Je ne demande jamais d'arrêts de travail. Seulement il se trouve que je suis enceinte, absolument épuisée, je travaille debout, j'ai dépassé les 40  ans, je suis en sevrage de Prozac  et je demandais juste une semaine. Je n'ai pas reconnu mon médecin qui a changé: elle m'a dit que la grossesse n'était pas une maladie et qu'elle ne me donnait que trois jours"
C'est vrai que la patiente  a des gros cernes, je soupçonne une anémie. Je ne comprenais pas l'attitude de ma consœur devant cette patiente visiblement épuisée. Et d'un coup euréka!
" Madame, votre médecin se fait harceler elle aussi par la Sécu, il ne faut pas lui en vouloir. Ce n'est facile pour personne. Je vous rajoute quelques jours sans état d'âme car bientôt je n'aurai plus de compte à rendre". 

Et demain ça sera quoi? Un type en chimio qui ira travailler? Un diabète décompensé qui fera 80 km pour rejoindre son travail? Au secours, catastrophes en vue!


mardi 6 septembre 2016

Arrêt pour "plaisir de s'arrêter"

Les patients me demandent tous pourquoi je pars et si je suis vraiment fâchée. Ce qui est vrai est que j'aurais un peu réduit mon activité pour doucement partir dans quelques années. 
Mais la Sécu est passée par là et m'a poursuivie de ses assiduités, à coups de recommandés, de réunions, de comité car j'étais une Grande Délinquante. Je risque quand même 6200 euros de punition si je fais trop d'arrêts de travail, peu importe s'ils sont justifiés ou non.
Et il m'est poussé depuis quelque mois comme des cactus sur mon siège de bureau, ça pique, je me tire. Et 1700 patients seront dans la nature dans 4 mois. 

Alors quand un patient s'est plaint " mais vous ne m'avez jamais fait d'arrêt à moi", j'ai pris un formulaire et lui ai rédigé un arrêt jusqu'au 32 septembre avec pour motif  "plaisir de s'arrêter". 

lundi 5 septembre 2016

déprimé mais pas cachetonné

Un patient stressé en mon absence a consulté un confrère, peu ravi de voir un de mes patients: " je vous fais un arrêt de trois jours, le temps de revoir le Dr Vincent et je vous donne cet anxiolytique". 

Le patient est venu me voir ce jour: 
" J'ai du harcèlement au travail, ils veulent virer 1500 employés alors tous les moyens sont bons.  J'ai failli envoyer mon supérieur par dessus la rambarde de l'escalier, ils me poussent à bout. Je ne fais plus que des photocopies depuis deux mois  alors que j'ai des diplômes! J'ai pris un cachet pour me calmer dans la boite prescrite  mais ça m'a fait tout bizarre et j'ai arrêté.
- Bon, je vous donne une semaine d'arrêt de plus,  le temps de contacter votre syndicat. Mais vous risquez d'être contrôlé: alors chaque jour vous sortez un cachet de son blister, vous le rendrez à la pharmacie plus tard. Vous pourrez alors montrer la boite entamée au médecin contrôleur".  
Qu'au moins la boite serve à quelque chose!

Le type n'a pas besoin du cachet, il a juste besoin de souffler un peu pour partir en guerre. Mais s'il ne prend pas de cachet "il n'est pas malade". Foutue société!

vendredi 2 septembre 2016

victime: ne vous découragez pas!

Une de mes victimes a gagné!

Nous sommes allés voir l'expert ensemble, j'ai pris soin que l'expert n'omette aucun poste de préjudice, puis la victime sortie, nous avons discuté "le bout de gras". L'accident avait été sérieux et impacté négativement la vie de ma victime.  L'expert a accepté les arguments et écrit un rapport exhaustif.

Mais tout n'était pas fini: la compagnie d'assurance a reçu le rapport, et a traîné, traîné... la victime téléphonait chaque semaine pour voir comment avançait son dossier. 
Et enfin elle a reçu une proposition: 8000 euros de moins que ce qui était prévu!
Elle a râlé, alors on lui a dépêché un inspecteur qui a tout décortiqué par le menu et a conclu "vous avez raison!"

Au bout de quatre mois il a reçu son chèque assez conséquent: youpi! Si ça peut lui mettre un peu de baume au cœur, et surtout qu'il se sente reconnu comme victime. 

Toute cette petite histoire pour dire qu'il ne faut pas hésiter à contacter l'assurance autant de fois qu'il le faut. On paie, c'est facile, pour être remboursé c'est une autre paire de manche. Mais on peut faire valoir ses droits, juste un peu de persistance. 



vendredi 19 août 2016

Contrôle surréaliste

J'arrive ce jour pour contrôler un travailleur en arrêt avec horaires de présence obligatoires. Son épouse m'ouvre charmante: 
"Mon mari a eu une obligation familiale. Il va arriver. Vous voulez entrer? Voulez-vous un café en l'attendant? Un nuage de  lait, un peu de  sucre?..."
Nous nous sommes retrouvées à causer de tout et de rien  sur un coin de table devant un bon café, et quand le mari est arrivé il nous a trouvées conversant comme de vieilles amies. Tout aussi charmant que son épouse, il m'a montré son "bobo". J'ai alors rempli le feuillet "arrêt de travail justifié" et lui ai remis. 
Et l'épouse en me quittant: "on n'a jamais trouvé de médecin contrôleur comme vous. Pourra-on venir à votre cabinet?"

Sans problème. La visite était absolument  surréaliste, je suis quand même à la base dans le rôle du méchant, de l'huissier en quelque sorte, celui qui constate.  






jeudi 18 août 2016

Je travaille pour la Sécu

Un contrôle hier, arrêt justifié, type sympa et ne demandant qu'à guérir
Un contrôle ce jour, type absent, il avait sûrement des choses plus importantes à accomplir qu'à respecter les horaires de son arrêt de travail.

faites gaffe les patients, les boites contrôlent de plus en plus, et elles se déchaînent durant les vacances d'été. Combien de fois certains ont entendu: "le patron ne veut pas me donner mes vacances, je m'arrête". Evidemment devant le médecin ils se plaignent: " je suis déprimé". 
Autrefois dans les hôpitaux il m'est arrivé d'entendre " la surveillante elle fait ch. je me mets en arrêt". 
Et je me suis fait avoir comme ça bêtement: la patiente "je déprime", l'époux un peu plus tard: "elle vous a demandé un travail pour me surveiller, elle  a une peur maladive que je la trompe". 

Et le médecin généraliste il sait pas tout ça. Il donne la plupart du temps des arrêts de bonne foi, et il n'y a pas un détective à la sortie du cabinet pour pister les patients en arrêt. On n'est pas des flics... enfin moi si, je le deviens. 

Un de mes confrères a du avoir un doute, car il avait mis "arrêt de travail avec heures de présence". Ça n'a pas loupé, je n'ai vu personne au domicile, volets fermés en pleine journée et voiture bien rangée. 

Et la Sécu reçoit les rapports des médecins contrôleurs, finalement je travaille pour la Sécu!!!   Perversion du système!

Le système ne pourra pas tenir indéfiniment avec tous ces gens de mauvaise fois. l'implosion du système n'est pas loin.




lundi 15 août 2016

Tout va bien!

Pour des raisons personnelles propres  à eux, des victimes n'ont pas voulu faire appel à mes services en tant que médecin de recours.

Mais c'est qu'ils se sont fait remonter les bretelles par le médecin expert des assurances: " Elle est où votre miss Docteur? Pourquoi ne vous accompagne-t-elle pas?"

Il se trouve qu'en plus j'étais en vacances. 
Mais c'est le monde à l'envers: d'habitude les experts n'aiment pas la présence des médecins de recours, "empêcheurs de danser en rond". 
C'est que j'ai réussi à faire mon trou!
Merci confrère!





jeudi 11 août 2016

Flic ou médecin?

Au début je n'étais pas emballée par le contrôle des arrêts de travail. Faire le flic? 

Mais la boite pour laquelle je travaille  m'a rassurée: " Les patients te reçoivent correctement dans la grande majorité. Et puis s'ils ne veulent pas te recevoir tu n'insistes pas".

Effectivement ils ne sont pas fâchés contre moi, mais contre la boite qui les fait fliquer. 
Et avec ma toute petite expérience de deux mois, j'en ai conclu qu'on peut être cool sur les toutes petites truanderies, les gens qui ont un coup de flemme aiguë, les petites dépressions réactionnelles qui ne se sentent pas capables d'affronter la pitié ou autre de leurs collègues etc. Il y a tellement plus de gros poissons: les vacances anticipées grâce  à l'arrêt de travail ( ça le fait pas, surtout s'il  y a des heures de présence à respecter), le type qui a un chantier au noir en attente et demande un arrêt de travail pour l'exécuter etc. 

Toutes les situations les plus inédites les unes que les autres peuvent se présenter, alors ça devient intéressant! Et j'en profite parfois pour donner des conseils juridiques, mais surtout pas trop médicaux, ils ont un médecin. 

lundi 8 août 2016

Ma chère Sécu je pars

J'ai diminué de 51% , comme je le notais dans un blog précédent, la Sécu est très contente sûrement de mes résultats et elle attend que je me surpasse bien évidemment. Mais c'est humainement impossible d'orienter systématiquement les patients chez les confrères qui vont d'ailleurs finir par me haïr, car leur nombre d'arrêts de travail va évidemment augmenter, c'est le principe des vases communicants. 

Ca me fait penser à un type et son âne: il veut le déshabituer de manger, et chaque jour il lui donne un peu moins de paille. Tout va bien, il dépense moins. Mais le jour où il devait lui donner un unique brin de paille, il arrive, l'âne est mort. 

Non je ne mourrai pas, je m'échappe. "Ma chère Sécu je pars...    Je n'menfuis pas je vole, comprenez bien je vole, sans fumée sans alcool je vole...." 







dimanche 7 août 2016

médecin contrôleur n°2

Décidement, médecin contrôle n'apporte que des surprises:

- je sonne chez un patient en arrêt pour trois jours, dans un  quartier sensible. La mère me répond "C'est pour quoi? C'est un médecin mandaté par le travail pour votre fils qui est en arrêt- Il est en arrêt? Il n'est pas là".   Voilà un salarié qui a  su mettre à profit son arrêt pour s'offrir un WE prolongé.

- J'arrive devant une maison, tous volets fermés, jardin bien rangé, pour un arrêt d'une semaine: la famille a anticipé les vacances aux frais de la Sécu.

- Un autre patient me reçoit, la mine défait et un traitement anti-dépresseur sur la table: OK, son arrêt est justifié.

- Et un autre: Il a pris des billets d'avions pour son pays d'origine, dés le mois de janvier. L'employeur était au courant. En juillet il a eu des douleurs de dos, mais il souhaitait travailler jusqu'à ses vacances, pour voir sa vieille mère au bled. Deux jours avant les vacances, le patron lui dit à 9h30  "tu vas chez le médecin du travail". le médecin du travail le reçoit et conclue " vous ne retournez pas au travail. je fais un papier d'inaptitude- Mais je veux travailler et prendre mes congés!- Non, vous demandez un arrêt à votre généraliste".
Le type a demandé un arrêt d'une semaine et est parti en vacances deux jours après. Là-dessus il se fait contrôler par le travail!!!
On peut dire qu'il s'est fait baiser dans les grandes largeurs.

samedi 6 août 2016

Je rends les dossiers médicaux

Je suis beaucoup moins assidue sur le blog; rendre les dossiers médicaux à chaque patient qui passe la porte du cabinet n'est pas le plus agréable.

Mais il est plus correct que chaque patient soit prévenu convenablement. Car mon départ va agrandir le désert médical qu'est l'Oise, pour l'instant pas un repreneur n'a pointé le bout de son nez. 
Chez moi la campagne est sympa, pas de bouchons, peu de feux rouges, les patients sont jeunes et dynamiques, les enfants sont nombreux et les quelques jouets que j'ai font merveille pour qu'ils patientent sans hurlements. 
Les infirmières sont présentes sur le terrain, la pharmacie toujours conciliante. 
La plupart des patients sont éduqués, sont acteurs de leur maladie, et ne prennent pas le médecin pour le grand gourou, mais pour un partenaire qui a le savoir et avec lequel ils peuvent avancer. 

Qui postule? 
On oublie la Sécu qui vient de m'écrire "vous avez émis moins 51.3% d'arrêts de travail durant le mois de janvier et février 2016". Ils sont contents! Je le suis aussi pour eux. Et je voudrais leur communiquer que l'année prochaine je ferai encore mieux, car je suis un brave petit soldat: 0% qui dit mieux?

Durant ces derniers mois, les patients devant s'arrêter ont été dispersés par mes soins aux quatre vents, qui chez le spécialiste, qui chez un autre généraliste  "circulez y'a rien à voir". 

Plus jamais ça. C'est fini d'avoir le statut de libéral tout en ayant les obligations d'un fonctionnaire!

J'ai proposé à la mairie de salarier un médecin, certains mairies l'ont déjà fait. Pourquoi pas? Pas de loyer, de gaz, d'eau, de comptable etc. un salaire fixe, cela pourrait tout à fait convenir à un médecin femme avec une vie de famille. Je pense que c'est l'avenir, ou bien de ne plus du tout dépendre du système et ne plus avoir de contacts avec la Sécu, ce qui est impossible dans notre pays. 



jeudi 7 juillet 2016

bilan de médecin contrôle

Bilan de mes contrôles d'arrêts de travail:

- un travailleur qui est en accident de travail depuis quatre ans, je viens chez lui deux fois de suite, la première fois  à l'improviste, la deuxième fois en ayant prévenu: il n'est pas là car il rentre vers 20h30,  tous les soirs de la semaine, dixit son frère au domicile.  Chacun en tirera les conclusions.

- Un autre en arrêt tout bête durant une semaine, comme il a des heures de présence obligatoire je cogne à 10h du matin: personne. Dommage pour lui.

- Une femme en dépression qui fait un travail difficile psychologiquement: elle m'a accueillie très gentiment, et s'est juré de dire son fait à son employeur quand elle y retournerait.

- Une proche de la retraite qui fait aussi un travail physique, qui a une sciatique cognée. Point n'est besoin d'être un grand médecin pour voir sa démarche et ses radios  (une plaque dans la colonne).

Bizarre ce travail, on voit tout et n'importe quoi, du fraudeur patenté au patient de bonne foi qui voudrait bien mais qui ne peut pas.



samedi 2 juillet 2016

Il est trop facile de tuer

Il y a plusieurs façons de tuer; avec des armes,  à mains nues, ou tout bonnement avec un stylo et des ordonnances, de simples bouts de papiers.
C'est terrible quand on y pense, c'est tellement facile d'écrire un nom, une posologie, le nombres de jours prescrits, et puis si on n'est pas tout à fait fier de son fait, on tente de ne plus y penser, on dit que demain sera un autre jour, que ça ira mieux, que la patiente n'aura pas trop d'effets secondaires néfastes. 

On se persuade qu'on a la conscience tranquille, on se regarde dans la glace, on n'a pas changé, tel Dorian Gray qui restait toujours jeune et magnifique  ( sauf sur le  tableau qui le représentait).

Une erreur médicale c'est trop facile, on a tellement de patients parfois qu'elle passe inaperçue, toute petite... mais avec tellement de conséquences. 

Un exemple tout bête: un médecin prescrit la pilule  à une jeune femme. Quelques temps après elle revient en se plaignant d'angoisses qui l’empêchent de respirer convenablement à fond. 
Ce n'est pas grave, le prescription d'un petit Lexomil arrangera tout. 

Mais la patiente meurt quelques temps après d'une embolie pulmonaire massive favorisée par sa pilule contraceptive.

N'est-ce pas tout simple? Deux  prescriptions, une morte. 

Pendant quelques années de remplacement je crevais de trouille à l'idée de pouvoir provoquer un décès aussi facilement. Les années ont passé mais ma surveillance ne s'est pas relâchée, le petite appréhension lors de la rédaction d'une ordonnance est toujours présente... jusqu'au 31 décembre.  


C'est quand même beaucoup de responsabilités et cela peut rebuter certains de s'installer comme médecin généraliste.