Depuis quelques années je m'étais un peu encroûtée si l'on peut dire: toujours les mêmes conseils aux mêmes hypertendus, obèses, diabétiques. Ils disaient poliment "oui docteur", suivaient les instructions quelques jours, puis retombaient dans leurs travers, aliments préparés, viennoiseries etc.
Les consultations étaient parfois répétitives, mais heureusement tout ne se résumait pas aux conseils nutritionnels et de sport et aux ordonnances,
J'adorais conseiller les patients, les aider à résoudre leurs problèmes, qu'ils puissent reprendre leur vie en main. Mon compagnon m'a répété maintes fois que cela n'était pas mon rôle, que je ne devais pas faire le coach, qu'on me demandait juste en tant que généraliste, de prescrire, de diagnostiquer, d'orienter chez les spécialistes, de faire des arrêts de travail.
Il n'avait pas tort mais je ne pouvais travailler et vivre en exécutant uniquement les tâches demandées.
Et pendant quelques temps, juste avant d'être harcelée par Mère Sécu je me répétais " je ne pourrais jamais partir, mes pauvres patients, mon Dieu, nous sommes dans un désert médical, ce n'est pas possible".
Et puis la Sécu est arrivée, avec son tribunal nommé "commission des pénalités": quand on passe devant, toute seule devant tout ce monde, accusée d'avoir trop prescrit d'arrêts de travail! Le Crime du siècle! Quelle situation absurde! Ils créent des déserts médicaux, tout en se plaignant dans les médias "Comment lutter contre les déserts médicaux? C'est dramatique, vous comprenez, des villages sans médecins, il faut les inciter à revenir, donnons-leur des aides à l'installation etc."
Quel formidable siège éjectable! Pour avoir envie d'aller jusqu'en Nouvelle Calédonie, c'est que la poussée était puissante!
Alors je ne regrette rien, même si j'aime autant aider et soigner les patients.
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