Parfois les victimes, persuadées de leur bon droit, portent plainte contre un médecin. Elles ont été conseillées par un proche, un avocat, un autre médecin ( sic) qui les a poussées: " il faut porter plainte, ce que ce médecin a fait est honteux".
Elles se retrouvent en expertise et se font parfois laminer littéralement: il y a leur ressenti, leurs séquelles, et il y a la responsabilité médicale, tellement complexe qu'un diplôme universitaire lui est consacré.
En gros, je vais expliquer les critères d'imputabilité, c'est à dire, ce qui fait qu'une séquelle est dûe à l'évènement fâcheux ou non:
- réalité du traumatisme: par exemple un chirurgien a sectionné malencontreusement un nerf
- nature de l'affection et réalité des séquelles: si ce nerf sectionné touche la voix: on a une voix cassée par exemple
-concordance de siège: le médecin a oublié une compresse dans le ventre et elle y est toujours.
- enchaînement logique: le médecin bousille une artère du pied et il faut amputer ce même pied.
- le temps passé: si un type a un accident vasculaire cérébral à cause d'un médecin, il ne peut pas développer des séquelles un an après.
- l'état antérieur: si un patient a 95 ans et qu'il ne peut plus marcher à cause d'une erreur, on peut raisonnablement penser que de toute façon le temps qui passe aurait produit les mêmes effets , un peu plus tard peut-être;
- pas de cause étrangère: on a un AVC qui touche un oeil et en même temps on souffre d'une cataracte et d'une hyperension dans l'oeil.
Et ne pas oublier la perte de chance: combien l'erreur a fait perdre de chance à la victime?
Tout compris? Et tout cela peut amener à des palabres sans fin entre experts, victimes, parties adverses, confinant à la casuistique.
Je ne sais pas si je suis faite pour ce genre d'exercice, l'expertise d'hier était éprouvante, l'imputabilité n'étant pas claire à 100% ( directe, certaine),
Et puis ce n'est pas agréable de se prononcer sur les séquelles d'une erreur médicale. Ca peut nous ramener à nos propres erreurs,
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