Dans ma vie d'avant, quand j'avais un cabinet, il y avait un nombre exceptionnellement bas de patients que je ne supportais pas.
Quand l'un de ces hérisse-poils arrivait, je leur vantais les vertus du docteur Cravatte, au point que l'un d'eux m'avait répondu agressivement: "mais je sais qu'il est très bien Cravatte , pourquoi me dites-vous tout cela?". Visiblement il n'avait pas compris qu'entre lui et moi c'était incompatible.
Il y avait aussi un patient dont je ne supportais pas l'humour pédophile, raciste, les jeux de mots gras et les confidences libertines, évidemment en dehors de son épouse. Il arrivait, ne laissait jamais son épouse seule avec moi ni même sa fille: il l'accompagnait à chaque consultation. Je suppose qu'il craignait pour la fille que je lui prescrive la pilule sans qu'il le sache... ce que bien évidemment j'aurais fait. En ce qui concerne l'épouse, il voulait je pense il voulait s'assurer qu'elle ne me faisait pas de confidence malvenue.
Sa fille a fini par se tirer de la maison à l'âge légal, son fils aussi, et son épouse a choisi en conscience la voie du Ciel. J'ai considéré que c'était une délivrance, vu les penchants pervers de son époux.
Et quand je voyais passer des glycémies de ce patient "3.4g/l, 2.8g/l, une petite voix mauvaise au fond de moi disait "je m'en fiche", et parfois je l'écoutais, ce Jiminy Cricket malveillant . De toute façon ce patient mangeait du chocolat et des bonbons de façon éhontée. Tous les prétextes étaient bons pour se laisser tenter "on me les a offerts, il faut bien les finir" ou "les enfants n'ont qu'à pas acheter des cochonneries" etc.
Et ce patient, au moment de me dire au revoir pour de bon, parce qu'il déménageait, m'a offert une bouteille de bon vin "pour mes bons services"!
J'en suis restée comme deux ronds de flan! Je n'ai toujours rien compris, n'ayant pas forcément été très aimable avec lui. Comme quoi...
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