lundi 29 décembre 2014

Démarrage façon escargot asthénique

Pas facile de démarrer dans cette nouvelle activité qu'est la médecine de recours; elle est très peu connue et même très peu prisée me semble-t-il: nous étions très peu à nous inscrire dans cette discipline et les trois quart avait l'âge de la retraite bien tassé,  étaient psychologues, psychiatres, dentistes, ergothérapeutes, psychologues, médecin du travail, auprès des labos pharmaceutiques, médecin de la Sécu, médecin de théatre etc.  Et presque  tout cet aéropage s'est engouffré dans l'option médecin expert ou des assurances. C'est vrai, ça paie bien et c'est passionnant.

Mais je me sens trop proche de mes patients pour me transformer en expert impartial, "ce pseudopode du juge" ou en expert des assurances tout aussi impartial.  Mon travail est de mener le mieux possible ma victime jusqu'à l'expertise afin qu'elle puisse avoir toutes les armes pour une meilleure reconnaissance. 





jeudi 25 décembre 2014

Erreurs médicales, quoi faire?

Comment faire si un patient vient et dit "docteur, votre confrère, le dr Mouton a fait une grosse erreur, ma mère en est décédée?"  Evidemment en théorie j'ai le droit légitime de le prendre en charge. Néanmoins j'ai développé des relations confraternelles avec la plupart des médecins de ma région et ça serait très délicat d'intervenir dans une expertise auprès du plaignant avec mon confrère à la place du défendeur. Il y aurait conflit d'intérêt, même si à mon niveau ce n'est pas une cause de nullité d'expertise (si l'expert est le copain du médecin accusé, c'est une cause de nullité). 
Alors une solution, déléguer auprès d'un autre médecin de recours. Et autour de Paris ce n'est pas un problème.

Voilà pourquoi je n'étais pas prête à traiter des dossiers en responsabilité médicale, de plus c'est plus complexe qu'un accident de voiture.


mardi 23 décembre 2014

Une expertise orientée

Un patient est allé voir un expert pour une reprise de travail: comme il est fonctionnaire il doit en passer par là afin de pouvoir retravailler. Il a souffert de sciatique durant quelques mois et elle est en voie de guérison. Et il lui a refusé sa reprise. Pourquoi?
" Docteur, il m'a fait mettre sur un pied les yeux fermés, ensuite il m'a poussé et je suis tombé. Il en a conclu que je n'étais pas apte à reprendre, alors que je n'ai pas à monter sur des échelles ni faire un travail dangereux!"
J'ai tenté de faire la manœuvre sur un pied les yeux fermés: impossible!  Vous y arriveriez vous?
On va partir en contre-expertise car cela me paraît un tout petit peu partial.
Ça décrédibilise la fonction d'expert.

dimanche 21 décembre 2014

Traité à tort pendant 10 ans pour une maladie d'Alzheimer

"Âgé d’une quarantaine d’années, un homme avait été diagnostiqué Alzheimer, puis traité pour cette maladie. Ce n’est que dix ans plus tard que l’erreur a été découverte. ">"Traité à tort pendant 10 ans pour une maladie d'Alzheimer" Pendant près d'une décennie, il a été soigné comme s’il était atteint de la maladie d’Alzheimer, alors que ce n’était pas le cas. Cette histoire tragique que raconte le Républicain Lorrain, est celle d’un homme, René, aujourd’hui âgé d’une cinquantaine d’années, qui a préféré gardé l’anonymat. Lorsque le diagnostic est tombé, en 2004, sa femme et lui avaient décidé de ne pas en parler à leur entourage, par peur de leur regard. René avait de « brèves pertes de mémoire », rapporte leRépublicain Lorrain. Déprimé par ces problèmes, il a alors entrepris d’aller consulter. À l’hôpital de Marange-Silvange (Moselle) dans un premier temps, puis à l’hôpital Central de Nancy. Le diagnostic tombe comme un couperet. Déclaré inapte, René perd son emploi. Sa femme tombe en dépression, lui s’enferme dans ce qu’il croit être cette terrible maladie.

 René est soigné. Au fur et à mesure des années, son état reste étonnamment stable. Ce n’est qu’en 2012, que la remplaçante de son neurologue habituel, parti à la retraite, va découvrir le pot aux roses. Se rendant compte que René ne souffre pas d’Alzheimer, elle lui fait stopper le traitement. L’ancien malade mettra deux ans environ avant d’être tout à fait rassuré sur ce changement de diagnostic : ses absences provenaient d’anciens traumatismes crâniens, a-t-il expliqué auRépublicain Lorrain.

en  voilà un qui aura besoin d'une aide efficace!


samedi 20 décembre 2014

Erreur médicale or not?

Le médecin de recours peut s'occuper des erreurs médicales. Néanmoins il faut être très prudent avec ce terme: 
Une charmante jeune femme sportive de base est venue en boitant: "Vous comprenez, je me suis fracturé la hanche il y a quelques mois, le chirurgien m'a mis tout un tas de matériel en ferraille dedans et m'a déclarée  que j'étais consolidée. Je ne suis pas d'accord, j'ai mal. Ce médecin était extrêmement désagréable et m'a dit que je pouvais me faire retirer tout mon matériel dans un an. J'ai un doute sur son opération, sur son professionnalisme". 

A vue de nez, elle n'a peut-être pas tort, parce que ça me paraît fou qu'au bout de quelques mois elle ne puisse même pas faire un petit footing avec toutes les coupes qu'elle a gagnées en sport. 
Je l'examine: au niveau de l'articulation de la hanche, rien de particulier, mais il existe une inflammation et une douleur au niveau du matériel et je suppose que son corps fait un rejet de tous ces corps étrangers, donc qu'on n'attendra pas un an pour les lui retirer.  
J'ai préparé une lettre pour un autre orthopédiste en urgence, mais il n'y a sûrement pas d'erreur médicale, tout simplement un chirurgien bourru avec qui le courant n'est pas passé. 

mardi 16 décembre 2014

une erreur médicale?

Une de mes patiente souffrait d'un kyste qui commençait à la faire souffrir. Elle est allée se faire opérer et le chirurgien " s'est trompé de boule", il a opéré un tout petit truc de 1 cm, et le kyste est encore là.
Je vais l'aider à porter plainte, car d'abord c'est son souhait, ensuite deux anesthésies au lieu d'une, les douleurs post opératoires multipliées par deux c'est un peu trop.
Ce n'est pas que j'en veuille au chirurgien que j'apprécie beaucoup mais il a une assurance, alors on peut y aller.

Ça c'est le côté pas rigolo de ma spécialité nouvelle, la responsabilité médicale; car elle peut faire écho en moi, d'abord je me demande si un  jour je ne serai pas sur le siège du fautif, ensuite si j'ai moi-même fait des bêtises et que personne n'a porté plainte, je pourrais tout aussi bien avoir des petites choses à me reprocher "dans le silence de la nuit".

Etre médecin implique beaucoup de responsabilités. 

mardi 9 décembre 2014

du travail!

Une de mes patientes a été victime d'un accident de travail il y a quelques années: dos en vrac pour parler simple. Et le médecin de la Sécu l'a consolidée au bout de quelques mois, sans séquelles indemnisables. A l'époque je ne savais pas comment faire un recours, d'autant plus qu'elle retravaillait. Mais ce que je n'avais pas compris, c'est qu'elle travaillait à mi-temps afin de ménager son dos douloureux.
Elle s'est rendu compte au bout de quelques temps qu'il y avait quelque chose de pas normal. Mais le temps était écoulé pour porter plainte

Elle est revenue pour un autre accident de travail, le dos encore plus en vrac. Et le médecin de la Sécu l'a reconsolidée sans séquelles indemnisables.
Il est temps de contre-attaquer, car la patiente ne peut absolument pas travailler, ne pouvant rester debout que une à deux heures par jour. Et elle ne touche rien de rien.

Je vais enfin pouvoir faire ce pour quoi j'ai été formée!

vendredi 5 décembre 2014

Rétablir le contradictoire

Pourquoi les victimes auraient besoin d'un médecin de recours, spécialisé dans le droit des victimes?
A cause de ça:

En effet, quand elles se présentent seules en face d'un expert, elles perdent parfois leurs moyens et ne font pas valoir assez leurs droits. Elles sont sûres que leur histoire suffira alors qu'il y a tout un discours médico-légal qu'elles ne maîtrisent absolument pas. Le médecin traitant pourrait venir, mais il a l'impression parfois de "se faire rouler dans la farine" car il ne maîtrise pas non plus le sujet. 
L'expertise est un genre de théâtre, plutôt un jeu  dont  il faut connaitre les règles. Exactement comme dans une cour de justice. 
Alors le médecin de recours, connaissant les règles, rétablit la balance et le discours est équilibré, tout simplement.   Ca s'appelle le respect du contradictoire où chacun s'exprime à armes égales. 

mardi 2 décembre 2014

demandes abusives

Les médecins de recours doivent avoir une certaine déontologie, et ne peuvent pas accepter n'importe quoi sous prétexte que la victime a souffert et que le coupable doit être puni. C'est évident qu'il doit l'être, mais toute entorse à la vérité, toute exagération peut être détectée par l'expert ou par le juge et alors, et on perd toute crédibilité, et la victime est moins indemnisée ou au pire déboutée:

Une de mes jeune patientes s'est fait manipulée par un pervers bien plus âgé qui l'a entraînée dans ses délires, la menaçant, la cajolant, la désocialisant complètement et la menant aux tentatives de suicide. Les parents s'en sont émus, et l'ont fait hospitaliser,  pas le choix.

Et durant son hospitalisation ils m'ont téléphoné: " docteur, l'avocat vous demande de faire une hospitalisation d'office dans un service de psychiatrie, pas forcément pour qu'elle y reste, mais pour montrer combien elle souffre encore". Bien c'est non.
Les faits sont assez graves pour qu'on prenne en considération leur malheureuse histoire;
Et l'avocat peut peut-être revoir sa propre déontologie.