dimanche 27 novembre 2016

Rédaction du certificat médical initial

Lors d'une expertise la victime doit savoir un truc on ne peut plus important: l'expert se fiera au certificat médical initial fourni et pas plus ( sauf s'il est sympa et compréhensif ce qui n'arrive pas forcément).

Par exemple un type a eu un accident de voiture avec traumatisme crânien important. L'équipe soignante s'est battue durant des jours afin que le type reste en vie et sorte de son coma. Elle fait un certificat médical initial en ce sens.
Puis le type sort de l'hôpital et se rend compte que son genou lâche. Il y a une vilaine cicatrice en regard, mais le médecin s'est contenter de suturer sans le noter. 

Les mois passent, on se rend compte que le ménisque est fissuré. Le type part en expertise et l'expert dit "le genou n'est pas marqué, ce n'est pas imputable". Et voilà! 

Je ne saurais trop insister sur la rédaction du certificat médical initial, les victimes ou la famille doivent insister pour que tout soit marqué, de la moindre dent cassée  (par l'intubation),  à la plaie du petit doigt de pied. 

samedi 26 novembre 2016

Pharmacie contrôlée comme moi!

La pharmacie ou je suis allée ce jour a bien des misères. Une employée m'a raconté ses déboires: " une des pharmaciennes s'est trompée une fois ou deux dans les substituables, elle a mis le médicament commercial (je suppose sous la pression d'un client) une fois ou deux. Maintenant et durant deux mois, toutes les prescriptions "non substituables" sont contrôlées par le pharmacien conseil de la Sécu. Tous les remboursements de ces ordonnances sont bloqués en attendant le bon vouloir du pharmacien".

Ça  m'a rappelé mon histoire, et celle du kiné d'à côté dont toutes les prescriptions ont été passées au peigne fin par la Sécu, et celle d'un confrère qui a reçu une lettre de menace de la Sécu: "voici les patients que vous ne devriez pas arrêter .... Si les choses durent,  nous serions dans l'obligation de vous passer sous mise sous accord préalable de chacun de vos arrêts". 

Ceux qui continuent dans ces conditions, pour des raisons financières, parce qu'ils ont la vocation, parce qu'ils aiment leurs patients ne se préparent pas des lendemains qui chantent. 

mercredi 23 novembre 2016

Une patiente bien handicapée par son pied fracturé: "docteur, j'ai été contrôlée par le médecin de la Sécu. Elle demande que vous m'arrêtiez encore, elle vous a envoyé une lettre dans ce sens".

Les médecins de la Sécu me caressent dans le sens du poil! Je dois dire que je n'en ai rien à fiche, mais ils jouent un drôle de jeu. Il m'est avis qu'ils seraient plus heureux en démissionnant aussi. 

lundi 21 novembre 2016

Chacun pour soi... et chacun ses problèmes.

Une patient entre dans le cabinet:
" Comment docteur, qu'est-ce que j'apprends? Que vous partez? Qu'est-ce que je vais devenir? Avez-vous pensé à nous?

- Mais madame, vous ne vous êtes pas rendue compte que j'étais complètement survoltée depuis un an et demi, très stressée?

- J'ai assez de problèmes à m'occuper pour m'occuper de ceux des autres. 

- Très très bien ( que je lui dis un peu agressivement), vous avez vos problèmes, vous vous en occupez, moi j'ai les miens et je me tire!"

Elle n'était pas contente la dame, pas grave, chacun s'occupe de ses problèmes et "tout va pour le mieux dans le meilleur des monde". Mais avec autant d'individualité, le sentiment que seul  "Soi" existe et pas les autres, on ne se prépare pas une société stable et qui évolue dans le bon sens!

vendredi 18 novembre 2016

Paranoïaque? Toujours pas

Une autre patiente a manifesté son mécontentement devant un médecin de la Sécu. La réponse de celle-là a été toute autre: "Quand le service administratif a un médecin dans le nez il ne le lâche plus". 

Je ne suis pas paranoïaque, mais plusieurs patients et amis l'ont été pour moi: " à mon avis, quelqu'un ne vous aime pas" "quelqu'un a du se plaindre de vous" "avec votre médecine vous ne leur convenez pas". 

Je ne deviendrai pas paranoïaque malgré tout car j'incline à penser que si tous ces gens de la Sécu avaient un problème médical, ils seraient tout contents de trouver un médecin empathique qui les écoute avec attention, qui les palpe en tous sens, qui tente vraiment de comprendre de quoi ils souffrent, même si parfois je me plante et confonds une pancréatite avec une appendicite, ou une tumeur du colon droit avec une cholécystite.   Ça m'arrive de faire des bourdes aussi grosses que cela, mais pour ma défense, j'ai mes dix doigts, le stéthoscope  et le tensiomètre et basta. 
Et puis de toute façon tous ces patients finissent aux urgences qui  font le boulot et tout le monde est content.  C'est l'essentiel.






jeudi 17 novembre 2016

Suis-je paranoïaque?

J'ai conseillé à tous mes patients de remercier la Sécu et ses médecins de son traitement personnalisé avec moi. 

Ce jour un patient me dit: "Docteur, je me suis fait contrôlé et je n'a pas manqué de parler de vous. Le docteur Maginot a eu l'air très surpris de mes propos: " Mais nous ne sommes absolument pas contre le docteur Vincent, on n'a rien contre lui!" l'air de dire que vous êtes paranoïaque. Il vous a même appelée par votre prénom". 

J'ai vacillé quelques instants par tant de mauvaise foi; aurais-je tout imaginé? Je vais relire mon blog de bout en bout  pour m'assurer encore une fois de ne pas être paranoïaque.  En tout cas nous n'avons jamais gardé les vaches ensembles avec  le docteur Maginot. 

C'est vrai que les propos des intervenants de la Sécu ont toujours été courtois, genre grand sourire et une matraque cachée pour mieux l’asséner dés qu'on a le dos tourné. 

La vérité c'est que je ne peux pas aller au delà du 31 décembre, sous peine de payer 6200 euros: la Sécu contrôle les arrêts-maladie de janvier et février et je sais d'ors et déjà qu'il y aura un problème: je suis incapable de continuer à faire des arrêts de trois jours et d'envoyer les patients se faire prolonger par les confrères. C'est carrément discourtois et cela va les mettre en difficulté. 

lundi 14 novembre 2016

Je n'ai ni la peste ni le choléra

J'ai cru lire dans les actualités que les médecins ayant au moins 7% de CMU dans leur patientèle seraient récompensés désormais. 
Et moi? Jamais je ne refuse une CMU, je suis toujours charmante et affable, avenante avec ceux qui en sont bénéficiaires, pourtant je n'ai que 2.8%. Misère.

Une des raisons: j'exerce dans un village dortoir, avec des personnes en maison particulière. Pourtant je suis en secteur 1, mes  dépassement d'honoraires sont exceptionnels  (uniquement quand je fais des lettres pour aider les patients à se défendre contre la Sécu), je pratique le tiers payant... vertueuse sur toute la ligne (sauf pour les arrêts de travail, mais on ne parle pas de choses qui fâchent ce soir, "glisser mortel n'appuyez point" comme aurait dit ma grand-mère, paix à son âme). 

Comment faire pour les attirer? faire une petite danse tribale quand j'en vois un?  Avoir un joli décolleté (quoique à 51 ans, je mise surtout sur des jolies blouses froufroutantes cachant le décolleté), des jupes un peu plus courtes (j'ai maigri, ça tombe bien), ou bien un petit traitement personnalisé que la morale (et mon compagnon) réprouve? 

Mais venez donc Nom de D. les CMU! Je n'ai ni la peste ni le choléra, ni la syphilis, ni les gonocoques,  non mais!

Stop! Je pars au 31 décembre, je ne me prostituerai pas pour avoir ma récompense, je ne courrai pas après la carotte après avoir eu du bâton. Dommage, j'aurais travaillé mes chorégraphies lascives et dynamiques. 

samedi 12 novembre 2016

victime,un point du code de bonne conduite,

Un autre truc qui fait désordre, que les victimes devraient éviter: j'avais fait un rapport de consultation pour aider une victime à être rétablie dans ses droits. 
C'est sa troisième expertise privée, elle a déjà eu  par ailleurs trois  expertises officielles.

J'ai eu la désagréable surprise ce jour de voir la victime devant moi, mon rapport d'expertise entièrement reformaté, plus aéré, trois fois plus de pages, des annotations en plus dans tous les sens! Et comme la victime n'est pas médecin, loin s'en faut, le rapport n'a plus sa consistance d'origine; je l'avais fait percutant, elle l'a transformé genre catalogue historique  médical et administratif, imbuvable pour le malheureux expert qui a peu de temps pour prendre une décision! C'est un coup à ce qu'il ne l'ouvre même pas. 

Je sais qu'on me paie, que c'est leur rapport mais je ne peux plus les défendre si on ne me permet pas de le faire avec ma sensibilité. 

Je commence à penser qu'un ami médecin  de mon compagnon avait raison, "les victimes vont lui casser les pieds et ne seront jamais contentes". 

Pitié, vous tous, donnez-lui tort! Mes patients "normaux" ne sont pas casse-pieds, je les adore tous et les regretterai longtemps. 





mercredi 9 novembre 2016

Un lapin d'un coût exhorbitant

Ce matin je me prépare pour une expertise (avec l'expert qui va diriger la séance et un psychiatre des assurances) , sors de la maison à 6h45, prends la voiture, puis le train, puis le RER, puis enfin le bus pour atterrir dans un hôpital psychiatrique du fin fond de la banlieue à 8h30. 

Il pleut, il fait froid;  je m'assois dans la salle d'attente avec le café à 30 cts pris au distributeur automatique (c'est à dire dégoûtant, deuxième hôpital psy que je fais, deuxième café ignoble qui n'en mérite même  pas le nom). Et je téléphone à ma cliente qui me répond: "Oh, je suis désolée, je ne savais pas que vous veniez. J'ai eu un léger contre-temps familial, je vais prévenir l'expert". Aussi acceptable qu'une limace se promenant tranquillement dans la salade d'un repas de gala sans se soucier des réactions  qu'elle peut produire. 

L'expert a appris la nouvelle avec bonhomie: "que va-t-on faire? Lui pardonner? Allez, on trouve un autre date". 

N'empêche, le temps c'est de l'argent et les honoraires d'un expert sont entre 700 et 1200 euros selon l'expertise, plus les honoraires de celui des assurances, les miennes... 

Elle a eu de la chance la victime, mais si elle n'a pas gain de cause, elle ne pourra pas rejeter la faute sur quelqu'un, elle ne s'est même pas aidée elle-même. 


lundi 7 novembre 2016

vaccination obligatoire

Je suis connue dans la région pour ne pas être une folle furieuse des vaccins; comme ce n'est pas mon combat, si on me les demande,  qu'on me les pose sur la table, je les fais, mais qu'on ne me demande pas de convaincre les patients puisque je ne suis pas convaincue moi-même.

Une de mes patiente n'est pas du tout vaccin, et elle m'avait demandé pour sa fille la version soft, c'est à dire uniquement les vaccins obligatoires, et absolument pas l'hépatite B. J'ai fait la version soft, la (DTP), la coqueluche et l'hémophilus en plus pourtant.

Elle a vu le médecin de la crêche où elle a mis sa fille: celle-ci l'a incendiée, l'a traitée de criminelle, que sa fille allait mourir et a écrit rageusement sur le carnet de santé que rien n'avait été fait. Et vicieusement elle a écrit Infanrix hexa (avec hépatite B) et engerix B sur la même page, l'air de rien (c'est aussi l'hépatite B)
Et elle en a profité au passage pour cracher sur moi, que j'étais inconsciente, que je ferais mieux d'exercer la médecine dans le tiers monde.

Et elle a rajouté qu'elle n'accepterait pas la gamine si elle n'était pas vaccinée contre tout!

La mère était bien évidemment dans tous ses états.

J'ai décidé pour entretenir les relations cordiales avec ce médecin de l'informer de mes décisions:

"Ma chère consoeur, je suis heureuse de vous annoncer que je quitte la médecine générale pour ne me consacrer qu'à la défense des victimes des erreurs médicales, médicaments défectueux, accidents de la route etc.
Je vous laisse le soin en conséquence de manager  en accord avec la famille,  la vaccination de la petite Artémise.
La famille ne souhaite pas l'hépatite B.
Bien confraternellement
Dr Vincent".

Ne suis-je pas sympathique et agréable?
N'empêche qu'on ne peut non seulement plus faire ce qu'on veut en France, mais ses idées on doit se les garder aussi!

dimanche 6 novembre 2016

Accompagnement personnalisé

Je ne sais pas si je l'avais écrit celle-ci mais on peut considérer cela comme une tournure de style de la Sécu: quand je me plaignais que j'étais harcelée auprès d'un cadre de la Sécu, elle m'a répondu: "Non docteur, c'est un accompagnement personnalisé!".

C'est ça qu'ils apprennent à l'école de la Sécu,  à pratiquer la communication. 

Assurance humaine

J'avais pesté contre une assurance qui n'accordait une pension pour invalidité que si des conditions impossibles à avoir étaient réunies: il aurait fallu que le patient soit aveugle, sourd et muet, tétraplégique pour prétendre à quelque chose. Et comme c'était écrit en tous petits caractère et que le patient qui avait contracté à l'époque l'assurance était dans une forme olympique, il avait signé le contrat sans se poser de questions. 
L'expertise qu'il avait eu il  y a un mois, où je l'avais assisté n'avait pas été concluante et entre les honoraires  de l'expert et les miennes, la victime était mise un peu à poil, surtout sans rentrée d'argent. 

Alors stress pour la victime, dégoût pour moi, et puis la bonne nouvelle: le patient me laisse un message "docteur, on a gagné, l'assurance a accepté!"

Comme quoi, il y a ce qui est écrit  et puis il y a des personnes humaines au sein des assurances, qui comprennent que quand un type par exemple a travaillé sur les chantiers toute sa vie, il ne peut pas reprendre à 58 ans un travail de bureau peinard, sans stress.