samedi 31 octobre 2015

Hopital trop pressé, la gestion comptable d'abord

Une de mes patientes est allée faire un petit séjour à l'hôpital pour subir des examens concernant son cancer et démarrer un traitement adéquat. Il y a 15 jours elle était sur ses deux jambes, quoique fatiguée et amaigrie. 

L'hôpital me l'a renvoyée il y a trois jours, ne mangeant plus, vomissant, et surtout ne se levant plus. Son fils avait du la sortir de l'hôpital en la portant et en la conduisant dans sa propre voiture. 

J'ai dû donner tous les conseils pour démarrer  une hospitalisation à domicile et ai prescrit les ordonnances nécessaires. Ce matin les infirmières sont venues avec la chaise percée et de quoi travailler.  Trop tard: elle est décédée en leur présence. La seule consolation est qu'elle est décédée entourée de toute sa famille chez elle.

Pourquoi l'hôpital était aussi pressé de la sortir, ne lui a pas prescrit de bon de transport? La performance et rien d'autre, la tarification à l'activité  (T2A) . On pense comptable on vit comptable. 

La machine est emballée, on va vivre une désagrégation du système de santé français. 


vendredi 30 octobre 2015

Médecin de recours n'est pas de tout repos

Je pensais qu'être médecin de recours ça serait tranquille, aucune menace de procès ni de rouleau compresseur de la Sécu, or une mésaventure est arrivé à une consoeur: une "victime" de 25 ans est venue la voir car elle se plaint de n'avoir pas été opéré à temps après la naissance, une affaire de gros vaisseaux du cœur.  Elle a finit par être opérée à dix jours de vie, scandale! Elle souffre d'essouflements à l'effort. 

Ma consœur a fouillé dans la littérature médicale et a lu que dans certains cas il fallait mieux un peu différer l'opération. Elle a donc écrit à sa victime qu'il n'y avait pas d'erreur médicale, qu'il valait mieux ne pas partir en justice
La victime l'a vu deux ou trois fois, deux ou trois chèques faits. Quand elle a reçu la lettre de ma consœur, elle lui a répondu qu'elle portait plainte et voulait le remboursement de tous ses chèques! Ça va finir au conseil de l'ordre des médecin, au Sou Médical pour des bêtises! 
J'ignore les motivations de cette victime, mais il est sûr que je n'en veux pas en face de moi. 

jeudi 29 octobre 2015

L'esprit consommateur c'est aussi dans le soin

J'ai viré un patient et c'est rarissime: ce patient depuis quelques années voyage entre un certain médecin et moi. quand il veut être rassuré, materné, qu'il souhaite des examens complémentaires  il vient me voir, quand il veut de la médication qui l'assomme et l'aide à supporter les difficultés de la vie, il consulte l'autre afin d'accéder à un paradis artificiel... et peu après il vient me consulter  pour que je lui dise ce que je pense de son traitement (à base d'antidépresseurs et d'anxiolytique) et que je les  lui arrête progressivement. C'est un va-et-vient qui devient extrêmement gênant et fort discourtois envers l'autre médecin. Et de plus ruineux pour la Sécu, car entre nous deux, c'est facilement une fois par semaine  qu'il consomme du soin. 

Alors je lui ai balancé une tirade bien sentie " j'en ai marre que vous m’utilisiez  mon confrère et moi, que vous me demandiez ce que je pense de son ordonnance. J'en ai marre aussi de vous sevrer et que vous repartiez directement vous "addictionner" avec ces cochonneries. STOP, vous ne me payez pas la consultation, je ne vous passe pas la carte et au revoir".

Il ressemblait à un épagneul malheureux, la tête et le cou baissés. Mais il a joué, il a perdu. D'ici à ce que l'autre médecin le vire, il  n'y a pas loin.
Un autre mot de MiniRambo: "on n'a qu'un seul menu à la cantine, enfin ceux qui sont allergiques au porc mangent autre chose".
J'aime son école, ils savent simplifier.

dimanche 25 octobre 2015

La Sécu j'en rêve

Tout le monde a compris que je ne suis absolument  pas obsédée par l'attention extrême de la Sécu envers  mes  arrêts de travail et la commission disciplinaire qui se rapproche: j'ai rêvé du jour de cette fameuse commission. On m'avait donné à apprendre une poésie (!) et je devais faire une dictée devant tout ce beau monde tout en mangeant des petits fours. Mon MiniRambo m'avait accompagné et un type  à l'extérieur des locaux devait pendre quelqu'un. 

Non, je ne ferai pas décrypter mon rêve par mon copain Jean-Claude "Osons Rêver" . Il enchaînerait directement sur l'inconscient collectif de Jung.   Passionnant mais la situation est quand même bien concrète. 
J'ai choisi de ne pas me faire accompagner car quel syndicat comprend ma position, arrêt de travail versus antidépresseurs? Ma ligne de défense sera toute personnelle, et j'insisterai sur le bénéfice à long terme de coacher les patients afin qu'ils soient plus heureux et efficaces dans leur travail et leur vie personnelle.

D'ailleurs, au niveau de mes petits patients, je leur demande toujours s'ils sont heureux  à l'école, pas s'ils travaillent bien. Etre heureux dans ce qu'on fait garantit à peu près qu'ils vont travailler mieux... sauf s'ils me répondent qu'ils  aiment surtout la récréation!

samedi 24 octobre 2015

Qui veut la peau des médecins?

Les sanctions tombent comme à Gravelotte

Le Dr Antoine Donazzan, médecin généraliste à Pierrelatte (Drôme), pourrait se voir condamner à payer une pénalité jusqu’à 3 170 euros pour ne pas avoir coopéré avec la CPAM de Valence dans le cadre de l’analyse de son activité et de l’usage de la mention « non substituable » (qui empêche la substitution générique). - See more at: 

http://www.lequotidiendumedecin.fr/actualites/article/2015/10/23/non-substituable-un-generaliste-se-dit-harcele-et-sexpose-une-penalite-de-3-170-euros_777161

La Sécu veut la peau des médecins, et elle l'aura sûrement et vous les patients vous allez chercher un généraliste en vain dans nos campagne et nos villes très bientôt si ça continue à ce rythme. 

vendredi 23 octobre 2015

Un coach pour éviter les arrêts de travail?

Le directeur de la Sécu, dans notre conversation "informelle" (tellement informelle qu'elle aboutit à une mise sous accord préalable de chaque arrêt), a insisté sur le fait que ce n'était pas à la Sécu de supporter financièrement les conflits entre employeur et employé. Je veux bien, mais ces situations sont de plus en plus fréquentes, et s'il n'y a pas la soupape de sécurité en l'espèce de quelques jours d'arrêts, cela peut aboutir à des situations plus dramatiques.

Et je suis convaincu que la plupart des accidents du travail on une origine psychosomatique, les "vite, vite, t'es un bon à rien, si tu oublie un peu de poussière tu auras un avertissement etc. etc." ne peuvent mener qu'à de la précipitation, les chutes, les accidents de machine. 

J'avais déjà émis le souhait d'un coach pour qui pourrait aller dans chaque entreprise à la façon d'un médecin du travail mais avec le but " de mettre de l'huile dans les rouages", d'apaiser les conflits. Il travaillerait sur le terrain de façon pragmatique.  Ca pourrait être rentable à terme et diminuerait de façon appréciable le nombre de jours d'arrêts maladie. 

Mais on va encore dire que je suis une utopiste. 
En tout cas si on ne fait rien, j'ai peur que les suicides et catastrophes diverses et variées ne se multiplient. Et ce n'est pas les antidépresseurs qui y feront quelque chose: le "t'es bon à rien" hurlé par certains patrons" sera prononcé quand même  et amènera des choses néfastes
PS: la situation peut se produire dans l'autre sens, l'employé qui fait des pauses inconsidérées, qui met une mauvaise ambiance, qui vole, ce n'est pas mal non plus.

mercredi 21 octobre 2015

Des patients se sauvent

Mes patients s'égaillent dans la nature comme une volée de moineaux... enfin ceux qui ont besoin d'un arrêt de travail. Il trouvent le gentil confrère ou le spécialiste conciliant. Mais pour les hôpitaux c'est plus dur "vous comprenez nous avons des ordres, ce n'est pas possible". Et moi alors? J'ai le droit de payer l'amende et de me taire? 

Un patient m'a demandé un arrêt prolongé pour son épouse si elle arrive à avoir un grossesse sous FIV:  "non monsieur, ce n'est pas possible". 
L'empathie c'est fini, les trois fausse-couches de madame ce n'est pas une raison!!! Je m'estime fonctionnarisée, mais toujours avec les charges et les devoir d'un libéral. 
Mais en la prévenant assez tôt elle saura trouver un médecin non épinglé qui pourra lui délivrer son arrêt. 

Mais c'est la grande forme, j'ai des victimes formidables qui se battent pour obtenir une réparation convenable afin de pouvoir tourner la page. Et quand on est victime, c'est difficile de sortir de ce statut, il faut énormément de volonté. Si je peux les aider à se battre c'est avec plaisir. L'expertise d'hier était très gratifiante, et la victime a été reconnue dans son préjudice, un traumatisme crânien important. 


mardi 20 octobre 2015

Utilité des CRCI pour les erreurs médicales

Un patient  a par inadvertance avalé son dentier. Il se présente aux urgences de l'hôpital surchargées qui lui font une radio et lui disent de repasser le lendemain  pour une fibroscopie sous anesthésie générale afin de retirer le   corps étranger.
Le lendemain arrive, il est anesthésié...il se réveille au bout de six mois! Entre temps il y a eu choc opératoire, infections, fausse route etc... 
Devant un ratage aussi phénoménal et tant de complication il déclare au service qu'il va porter plainte. Le médecin l'en a dissuadé: " ça va vous coûter plus cher en frais d'avocat qu'en réparation". C'était il y a cinq ans, il a encore 5 ans pour porter plainte. 

Mais ce que le médecin a omis de dire, c'est que les CRCI, ou CCI, commission de conciliation et  d'indemnisation sont là pour que plaignants et mis en causes puissent trouver un terrain d'entente et que les assurances remboursent le préjudice.   Et les expertises sont gratuites et la procédure dure moins d'un an. 
Pourquoi s'en priver? Surtout si l'on a un gentil médecin de victime, et compétent comme moi....


dimanche 18 octobre 2015

Un bon mot de MiniRambo, 6 ans: "Tu sais pourquoi ils offrent des cadeaux à Mc Do? C'est qu'ils s'excusent de vendre de la mauvaise nourriture"

mercredi 14 octobre 2015

Adieu madame Souris

Une patiente vient de se pendre, la deuxième en quatre mois.
La première je ne l'avais pas vu depuis quelques mois, mais la deuxième il n'y a pas longtemps. Comme c'est tout frais, je ne peux pas raconter sa vie, des lecteurs vont la reconnaître (les pendaisons font user beaucoup de salive) mais dans certains cas, une situation inextricable peut faire choisir une voie on ne peut plus brutale  et définitive. Et ainsi on n'a plus de problèmes .
Je lui avais proposé de me téléphoner pour me raconter tout  (genre bouée de secours), elle ne l'a pas fait, son choix était déjà arrêté; je n'avais pas capté que le calme que j'avais perçu dans ses yeux   récemment témoignait d'une décision mûrie et assurée, ni que le fait qu'elle ne se plaignait plus de sa situation  n'était pas de bon augure.
Je respecte, et je penserai à elle comme quelqu'un qui s'est dévoué à tout moment pour sa famille, et à son travail.













dimanche 11 octobre 2015

du bon et du moins bon

Un syndicat s'est proposé de m'aider: par exemple de faire du foin en face de la CPAM  le jour où je passe en commission disciplinaire ( avec cinq médecins, 5 représentants de la Sécu).
Il se proposait aussi de m'accompagner durant ce procès où l'on décidera de mon sort. Mais c'est absolument inutile: la cour se réunira, elle me trouvera même des tas d'excuses, proposera une levée de sentence mais le directeur de la Sécu, comptable dans l'âme, décidera tout seul de mon sort. 

Et un syndicat pourra-t-il adopter mon point de vue: préférer des arrêts de travail au psychotropes? Il va malheureusement falloir que les patients fassent fasse à leur patron sans soupape de sécurité, c'est à dire la possibilité d'avoir un arrêt.
Mais je suis peut-être trop empathique. 

Les patients sont aux petits oignons avec moi, me demandant ce qu'ils peuvent faire, m'envoyant toutes leurs bonnes pensées; d'autres se font faire des arrêts chez le docteur Cravate, un autre m'a dit "je sais que vous avez tout un tas de problèmes, je ne vous ennuierai dont plus avec mes problèmes d'alcool". 
Et malgré tout les consultations sont de plus en plus nombreuses. 

Mais tout va bien une expertise se profile, quelques victimes viennent, malheureusement la moitié sont des patients de longue date! Je ne peux donc pas me réjouir pleinement de cet afflux. Mais ils vont au moins être correctement pilotés dans les méandres de la justice et des expertises. 
Et ça fait une grosse différence. 

lundi 5 octobre 2015

Tout ne se pratique pas dans mon cabinet

C'est sûr que je ne suis pas très heureuse: la convocation vient d'arriver pour la commission de discipline: cinq médecins, cinq administratifs de la Sécu vont statuer sur mon sort le 5 novembre!

Les consultations sont parfois surprenantes: un patient a tenu encore une nouvelle fois à me montrer son service trois pièces  ( je j'ai déjà eu l'occasion d'examiner à plusieurs reprises) car il souffrait un peu, puis il m'a dit: " ce qui sort a une couleur bizarre, un peu jaunâtre.
- il faudrait retourner voir un urologue. En attendant je vous demande un prélèvement uréthral.
-Mais c'est bizarre comme couleur quand ça sort, je suis inquiet. Vous vous y connaissez là-dedans, la couleur?
- Ben heu.... plus un urologue. Mais à priori c'est un peu blanc.
- Mais cela serait possible que vous puissiez voir?
- VOUS N'ALLEZ QUAND MEME PAS EJACULER DANS MON CABINET!!!"  ( Ca c'est un coup de gueule). 
Il s'est excusé en bafouillant deux ou trois bricoles. N'empêche que "l'affaire au garde-à-vous"  durant la consultation m'a un tantinet gêné. 
Il ne devrait pas oublier que je suis une dame de 50 ans.

dimanche 4 octobre 2015

Se faire avoir par les patients

Avez- vous vu la caméra cachée utilisée pour piéger un médecin et lui extorquer un arrêt de travail?

Pas joli joli le travail du journaliste: car si le médecin s'est montré faible, le journaliste s'est montré sournois. 
Je rappelle qu'une consultation est un contrat, et qu'il obéit à la loi des parties. Pourquoi les patients ne se montrent pas plus honnêtes? Chacun balaie devant sa porte.

Mais à l'amont de tout ça il y a la Sécu, en l'occurence vache à lait: une consultation et un arrêt remboursés juste pour enfoncer les médecins. 

Je me suis déjà fait avoir, c'est sûr, mais quand j'avais un doute, c'était là que la consultation était la plus longue. Ca me prenait du temps, les patients râlaient derrière parce qu'un couillon tentait de me convaincre de l'utilité d'un arrêt de travail. 

Il y a dix ans, quand j'étais associée au dr Cravate, une patiente était venue: " je viens chercher un arrêt de travail". "Non madame". "Tant pis, je vais chez Cravate".
Je fais une autre consultation puis décide de téléphoner à mon associer pour le prévenir: "Trop tard, je lui ai accordé, elle m'a dit qu'elle déprimait". 

Ca peut arriver  à tout médecin  du moment qu'il est humain et qu'il éprouve de l'empathie pour les patients. On ne nous avait pas dit durant  les études que l'on serait sous la férule de la Sécu! 


samedi 3 octobre 2015

Je suis assaillie par la Sécu

Ah la Sécu (plutôt la MSA)

J'ai reçu une lettre personnalisée:
"Par lettre du 26/6/15 nous vous demandions de préciser les motifs vous ayant amené à prescrire Versatis pour certains de vos patients.
Les éléments que vous avez fournis à la caisse ne nous permettent pas de justifier la prise en charge de Versatis dans le cadre des indications remboursables de l'AMM (douleurs liées au zona).

Aussi nous vous informons que nous ne prendrons plus en charge ce traitement dés à présent. En conséquence, conformément à l'article 133.4 du code de la Sécu, en cas de nouvelle prescriptions ayant donné lieu à un remboursement, nous vous réclamerons les indus.
(un peu résumé)

Croyez, chère consoeur....

Je crois qu'on m'en veut, je vais finir paranoïaque, spécialité psychiatrique... ou j'arrête médecine au choix.

vendredi 2 octobre 2015

Un certificat à la noix

J'ai du faire un certificat à un employé: " monsieur Choux ne présente pas de contre-indication à la pratique de tous sports". Pourquoi? Pour pouvoir se servir des vestiaires de l'entreprise quand il va faire un peu de course à pied dehors!

jeudi 1 octobre 2015

les urgences, au pas!

On va jusqu'à l'absurde:

Les urgences de l'hôpital ont l'habitude de traiter les urgences (sic), puis de dire au patient: "je vous arrête deux jours le temps que vous revoyez votre médecin traitant". L'interne que j'ai contacté a fait mieux, il a dit oralement (mais si!) " je vous fais deux semaines", et il a écrit "une semaine d'arrêt" pour une méchante entorse du genou.

Ni une ni deux, j'ai pris le téléphone pour expliquer qu'ils ne pouvaient pas continuer à faire faire des arrêts aux médecins traitant, surtout quand ils pensaient que l'arrêt durerait plus longtemps.
Mais c'est que je me suis fait recevoir: "Nous arrêtons juste le nombre de jours  que nous pensons être utiles pour la guérison"
"Je suis sûr que vous arrêtez aussi quand ils le faut"
Le tout avec une voix  pas très sympathique.
J'ai expliquée que j'arrêtais sûrement très judicieusement  mais que j'étais une délinquante statistique, ce qui n'avait rien à voir et que je leur demandais une fleur, s'il vous plait monsieur.

Et comme je me suis fait rabrouée par ce petit interne qui m'a pris de haut, je les appellerai à chaque arrêt de travail non exécuté, ou pas convenablement long, eut égard à la pathologie. 

Mes autres confrères spécialistes jouent le jeu et je les en remercie.