dimanche 29 janvier 2017

Au revoir confrère!

Un de mes confrères relativement jeune et  encore en activité est décédé d'une cause médicale, c'est moche. Il était adoré de tous ses patients.  Au revoir Maho  B. !

 La profession médicale souvent ne consulte  pas un confrère, et quand elle y va, c'est pour une chose sérieuse, parfois trop tard. Les arrêts de travail on ne connait pas. (C'est toute la différence entre un salarié et un libéral ou un artisan).   

Alors si on a une bricole, on a tendance à laisser courir.

Quand j'étais enceinte, les six premiers mois je ne mangeais pas grand chose, nausées irréductibles. Alors, J'arrivais au travail, je prenais une bouchée de barre de céréales, un patient, une autre bouchée, un autre patient, encore une autre, et enfin au bout de deux heures: chic! J'ai fini la barre.
Autant dire que si j'avais été médecin salarié je me serais fait faire quelques petits arrêts. Mais non, il fallait aller au travail! Et je suis sûre que la plupart de mes confrères (ou consœurs en l’occurrence) font des choses similaires. On ne peut pas se payer le luxe de s'arrêter aussi longtemps. 






mercredi 25 janvier 2017

Rendre les vaccins facultatifs?

A Annecy, un généraliste accusé d’avoir réalisé de faux certificats de vaccination a été radié à vie du tableau de l’Ordre des médecins. 

 Ils subissent une pression accrue de la part des parents anti-vaccination ; eux-mêmes expriment des doutes croissants vis à vis de la sûreté des injections vaccinales. Des médecins généralistes font sporadiquement l’actualité en raison de certificats attestant d’une vaccination, alors que celle-ci n’a pas été menée.
Quelles que soient les raisons qui motivent ces praticiens à produire des faux, pression parentale ou opinion personnelle, elles ne passent pas auprès de l’Ordre des Médecins. Comme le relève le blog « Journalisme et Santé Publique », l’instance a pris une décision forte concernant un généraliste d’Annecy, radié à vie et interdit, de ce fait, d’exercer la médecine.
Le Dr Christian T. est accusé d’avoir produit quatre faux certificats mentionnant une administration d’une dose de Pentavec le 26 octobre, le 23 novembre et le 21 décembre 2012, ainsi qu’un rappel le 8 novembre 2013, chez une petite fille, Eve, née en juin 2012. Ces injections font partie de l’obligation vaccinale.

"Communauté religieuse"

C’est le père du bébé qui a soulevé des doutes sur la véracité de ces certificats. Au moment des faits, Eve était confiée à la garde de sa mère, elle-même « appartenant à une communauté religieuse qui serait hostile au principe des vaccinations », peut-on lire dans la décision de la Chambre disciplinaire nationale de l’Ordre des médecins.
Après avoir récupéré la garde de l’enfant, le père, soupçonnant un subterfuge, a fait réaliser en août 2013 des sérologies pour le tétanos, la poliomyélite, la diphtérie et la coqueluche sur sa fille. Résultat : pas d’anticorps – et donc, a priori, pas de vaccination. Par ailleurs, l’enquête a montré que les numéros de lots inscrits sur le carnet de santé d’Eve ne correspondaient pas à des doses de « Pentavec » mais à du « Revaxis », destiné à un rappel de vaccination chez l’adulte.
Le père a porté plainte contre le médecin et fait pratiquer de nouvelles injections au centre hospitalier de Mâcon. Les sérologies d’Eve se sont avérées satisfaisantes, indiquant une réponse immunologique normale. La petite fille est désormais protégée contre ces agents pathogènes.

"Dose homéopathique"

Le généraliste annécien conteste l’accusation de faux. Christian T., médecin d’« orientation acupuncture », « titulaire du D.I.U. de médecine manuelle et d’ostéopathie », dit avoir administré une dose homéopathique de Revaxis afin d’atténuer les effets secondaires du Pentavac. Il estime que «  cette dose homéopathique a pu entraver le processus de séro-conversion », précise la décision ordonale.
L’argument n’a pas convaincu le conseil départemental de l’Ordre, qui a radié le médecin, ni le conseil national, qui a confirmé la peine. En juillet 2016, un généraliste d’Indre-et-Loire soupçonné de réaliser des faux certificats de vaccination, a également été radié de l’Ordre. Parmi sa patientèle figurait un enfant de huit ans qui a contracté le tétanos, faute d’avoir été immunisé contre cette infection.
http://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/19512-Vaccination-un-generaliste-radie-a-vie-pour-de-faux-certificats

Plusieurs patients m'ont déjà demandé de faire des faux. Ils savaient que je n'étais pas convaincue par le rapport bénéfice-risque positif  de certains vaccins.  J'ai résisté car il n'y a pas le choix, quitte à me faire traiter de "médecin pour le tiers-monde" de la part d'une consoeur. Mais les patients comme les autres médecins savaient exactement quels vaccins avaient été effectués par moi ou non.   Evidemment pour certains milieux socio-culturels défavorisée je les conseillais tous. 

Mais la solution ne serait-elle pas de ne les rendre plus obligatoires, quitte à les conseiller fortement? 

dimanche 22 janvier 2017

Sabrina Aurora - C'est tous les jours l'état d'urgence à l'hôpital Mme T...

Je n'aurais pas parlé mieux! Un jour j'arrive en maison de retraite, voir un résident un peu en bout de course. je le trouve proche de sa place habituelle: recroquevillé en boule par terre. Dans les couloirs C'est "le bal" des aides-soignantes et infirmières qui virevoltent en tous sens pour que le travail soit fait. Je demande à l'une d'elle: "C'est normal que monsieur Brindille soit par terre?" Regard atterré de l'infirmière, une aide-soignante est partie dare dare le relever et fin de l'histoire. Je ne les ai pas chargées, n'ai fait aucune reflexion, avec aussi peu d'effectifs cela peut arriver chaque jour. Cela n'a pas été noté nulle part non plus. C'est de la maltraitance "obligatoire", pas assez de monde.

mercredi 18 janvier 2017

Un contrôle, un café

Un contrôle d'arrêt de travail, un café offert! Je n'en ai jamais eu autant même pas avec mes patients fidèles!
Mais il ne m'a offert le café qu'une fois que j'ai écrit "arrêt justifié". N'empêche qu'il n'était pas obligé. 
Et ma petite histoire de surveiller les arrêts car j'avais été une professionnelle de l'arrêt selon la Sécu, l'a bien fait rire. 

Une expertise non gagnée mais il y a de l'espoir

Une expertise hier.  Un  accident de voiture avec des violentes douleurs dorsales résiduelles.
Un expert présent m'avait dit à l'occasion d'une autre expertise il y a un mois: " je pense qu'on a rendez-vous avec madame Plane bientôt avec un arbitre car elle n'était pas contente de mon expertise. votre cliente ne va pas gagner, mais si ça l'amuse...".
Et on s'est retrouvés, l'arbitre, le premier expert et moi en compagnie de la patiente qui avait compilé un dossier en béton, avec des  échographies, IRM et lettres de spécialistes attestant que ses douleurs provenaient bien de son accident de travail!
Le premier expert complètement détendu en début d'expertise, ne l'était plus quand tout le dossier a été sorti! 

Mais l'histoire était tellement compliquée que l'arbitre a demandé un délai de réflexion. Tant mieux, cela prouve qu'on avait eu raison de contester. 

Yael Naim - Go To The River

lundi 16 janvier 2017

Se montrer sans fard

Ce matin une victime est venue pour litiges avec la Sécu. Pour faire simple il est cassé du dos. Il n'a pas été reconnu pour tout son préjudice.

Je lui ai demandé:"Vous prenez une canne?
- Oui, mais devant l'expert je la retire. J'ai ma fierté, je nourris ma famille, je dois me tenir debout sans rien. Donc je laisse ma canne dans la voiture. Je suis honnête.
- Oui, mais quand vous ne prenez pas votre canne alors que vous devriez, vous n'êtes pas honnête!"

Des tas de gens sont reconnus  handicapés alors que leur dos ne les fait plus souffrir, on en connait tous. Il y a quelques abus dans ce sens et d'autres se font avoir.

Alors les patients, montrez-vous comme au quotidien, "tout nu" si l'on peut dire. L'expert doit appréhender la situation brute et non édulcorée. 

jeudi 12 janvier 2017

un contrôle what else?

J'ai contrôlé ce jour qu'un patient en arrêt maladie était bien malade et bien chez lui. Malade il l'était, et présent à son domicile  aussi;  comme il venait de se réveiller et qu'il était très bavard j'ai eu droit à un Nespresso! 

Et moi qui pensais que les patients me sauteraient dessus, m'injurieraient, m'enverraient des tomates et œufs pourris... Non, non, ce n'est pas mon premier café, cela ne sera pas le dernier. 



mercredi 11 janvier 2017

Des amis patients me consultent encore, jusqu'au grand départ.
Mais les patients ne se font plus rembourser, alors ils m'ont proposé  du troc! Comme mon petit garçon adore les Tom Tom et Nana, je vais finir par avoir la collection complète! Cela promet des heures et des heures de franche rigolade.

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mardi 10 janvier 2017

Je ne suis pas sortie du soin

J'ai assisté une victime il y a deux semaines. L'expertise ne s'est pas forcément bien passée, l'expert ayant besoin de preuves supplémentaires pour statuer.
Mais juste avant l'expertise, on avait un peu de temps et comme je connais quelques points de réflexologie plantaire, j'ai touché la plante de ses pieds pour affiner le diagnostic.

Et ce jour il m'appelle: " Docteur, c'est formidable ce que vous avez fait, ça m'a fait un bien fou. Vous pouvez me le refaire?
-Non monsieur, je ne connais que certains points, il faut aller consulter un véritable réflexologue"

Le pauvre, il ira mieux avant la prochaine expertise et il sera moins bien indemnisé! Mais il est ravi. Il faut savoir ce qu'on préfère, des sous ou la santé, il a choisi.

Mon compagnon affirme que je ne suis pas encore sortie de mon rôle de soignant. Et si je me formais en réflexologie plantaire? A part que ça dure 5 ans et que c'est très pointu.
En fait dans le pied on a la carte du corps complet, c'est passionnant et cela peut aider à éviter les antinauséeux, les antalgiques, les antiinflammatoires, ça aiderait à être enceinte, ça peut stopper l'énurésie...
Dommage que je n'ai pas connu cela avant les études de médecine, juste que mes parents voulaient faire de moi une psychiatre ou au pire un médecin généraliste (!)

mercredi 4 janvier 2017

Pourquoi je quitte la médecine générale

Depuis quelques années je m'étais un peu encroûtée si l'on peut dire: toujours les mêmes conseils aux mêmes hypertendus, obèses, diabétiques. Ils disaient poliment "oui docteur", suivaient les instructions quelques jours, puis retombaient dans leurs travers, aliments préparés, viennoiseries etc.
Les consultations étaient parfois répétitives, mais heureusement tout ne se résumait pas aux conseils  nutritionnels et de sport et aux ordonnances,

J'adorais conseiller les patients, les aider à résoudre leurs  problèmes, qu'ils puissent reprendre leur vie en main. Mon compagnon m'a répété maintes fois que cela n'était pas mon rôle, que je ne devais pas faire le coach, qu'on me demandait juste en tant que généraliste, de prescrire, de diagnostiquer, d'orienter chez les spécialistes, de faire des arrêts de travail. 
Il n'avait pas tort mais je ne pouvais travailler et vivre en exécutant uniquement les tâches demandées. 

Et pendant quelques temps, juste avant d'être harcelée par Mère Sécu je me répétais " je ne pourrais jamais partir, mes pauvres patients, mon Dieu, nous sommes dans un désert médical, ce n'est pas possible".

Et puis la Sécu est arrivée, avec son tribunal nommé "commission des pénalités": quand on passe devant, toute seule devant tout ce monde, accusée d'avoir trop prescrit d'arrêts de travail! Le Crime du siècle!  Quelle situation absurde!   Ils créent des déserts médicaux, tout en se plaignant dans les médias "Comment lutter contre les déserts médicaux? C'est dramatique, vous comprenez, des villages sans médecins, il faut les inciter à revenir, donnons-leur des aides à l'installation etc."

Quel formidable siège éjectable! Pour avoir envie d'aller jusqu'en  Nouvelle Calédonie, c'est que la poussée était puissante! 

Alors je ne regrette rien, même si j'aime autant aider et soigner les patients. 

dimanche 1 janvier 2017

Au revoir!

Bonne année  à tous! Que tous vos vœux se réalisent


Voilà, c'est fait, le cabinet est fermé. J'espère que toutes ces années j'ai pu être utile à certains. 
Ces derniers temps les consultations ne relevaient plus tout à fait de la médecine générale; j'ai appris des points d'acupuncture  à des patients que cela pouvait soulager. Ces points, ils peuvent se les masser eux-mêmes, c'est pratique. 
Cela peut marcher pour un tas de petits maux du quotidien: les nausées, la constipation, le mal de dos, l'obésité, le pipi au lit etc. 

Parfois aussi "j'oubliais" de faire les ordonnances, ce que les patients étaient obligés de me rappeler. Et "j'oubliais"  aussi de remplir les certificats d'arrêts de travail, comme ça c'est complet direz-vous.

Il était temps que je parte. 
Mais je penserai très longtemps aux patients, avec qui j'avais développé des relations cordiales, parfois plus.