lundi 31 août 2015

menaces de sanctions, réactions

Comment les médecins épinglé ont-ils géré cette situation? Plusieurs cas de figure: 
 - le médecin impliqué corps et âme qui disjoncte en recevant la lettre de la Sécu l'informant qu'elle va entamer des poursuite contre elle, et qui finit en psychiatrie; 
- celui qui se met en arrêt prolongé dés la réception de la-dite lettre;
- celui qui accepte la mise sous objectif et arrive à faire les moins 12 ou 22%: ce qui veut dire implicitement qu'il est coupable de faire trop d'arrêts;
- celui qui a accompli brillamment tout son parcours de mise sous accord préalable et que la Sécu n'embête plus. 
-celui qui se syndique,
-celui qui ne se syndique pas, 
-celui qui entame une procédure de justice contre la Sécu et qui perd à tous les coups (la Sécu est gérée directement par le ministère de la Santé, intouchable). 

Moi je vais faire la gentille fille qui va faire tout ce qu'on lui dit et on n'en parle plus... sauf sur mon blog et ailleurs si possible. 

dimanche 30 août 2015

Un délinquant statistique

Trois médecins de Montataire, sur cinq en activité, ont été épinglés, ces derniers mois, par la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) de l'Oise, selon le sénateur-maire (PCF) de la commune, Jean-Pierre Bosino. La raison : ils prescrivent trop, notamment trop d'arrêts de travail.

« On ne cherche pas à nous comprendre »

Elle leur demande de réduire la cadence sous peine de sanctions. Pour l'élu -- qui s'est fendu d'une lettre exaspérée au directeur de la CPAM, Marc-André Azam -- cette politique met en danger des territoires déjà fragiles. « Cela tourne au harcèlement, et l'un de nos médecins a failli démissionner pour cela alors que nous bataillons, notamment avec la future maison desanté, pour faire le contraire : attirer des médecins et inverser la tendance actuelle de désertification médicale ! »

Installé dans le quartier populaire des Martinets depuis trente-sept ans, le docteur Michel Artigues fait partie des cibles. En juin dernier, la Sécurité sociale lui a écrit pour signaler qu'il avait franchi la ligne rouge : 4 948 jours d'arrêt de travail prescrits sur quatre mois, entre septembre 2013 et janvier 2014. C'est beaucoup plus que la moyenne régionale (1 363 jours d'arrêt de travail par médecin sur la même période) et... trop pour la CPAM. Pour échapper à la punition, une seule option : il devait diminuer son quota de 13,7 %. Le généraliste de 63 ans a refusé cette politique du chiffre. Aujourd'hui, il fait l'objet d'une mise sous accord préalable des prescripteurs excessifs d'arrêts de travail (MSAP). Concrètement, « il doit obtenir l'autorisation de l'Assurance maladie avant chaque nouvelle prescription d'arrêt de travail », explique la CPAM sur son site. Pour le reste, l'organisme n'a pas souhaité répondre à nos questions.

Fin février, le médecin de Montataire a perdu un recours qu'il avait intenté devant le Conseil d'Etat pour connaître le détail de ces 4 948 arrêts de travail. Pour lui, ils étaient tous justifiés, et il demandait que la CPAM lui prouve le contraire. Un tel chiffre, c'était la première fois en trente-sept ans de carrière. Convoqué devant la commission de la CPAM de Beauvais en novembre dernier, il a énuméré ses arguments, notamment un nombre de patients en hausse et plus élevé que la moyenne. Départ à la retraite, ras-le-bol, voire burn-out, cinq médecins de Montataire -- sur les dix qui exerçaient alors -- sont partis ces quatre dernières années. « J'ai accepté de prendre leurs patients : 1 500 personnes en plus ! Les autres cabinets ont refusé. Alors, évidemment, je prescris plus. Je voulais croire que la vocation d'un médecin était d'aider les autres. J'ai eu tort, j'aurais dû me protéger plus. »

Autre réalité du terrain que les chiffres ne disent pas : il y a plus d'arrêts de travail chez les ouvriers -- la majorité des habitants de Montataire -- que chez les cadres. « J'ai la réputation d'être strict sur ce sujet, mais je rencontre aussi plus de pathologies que la moyenne, liées à des conditions de travail difficiles. En France, un médecin compte parmi ses patients 15 hernies : j'en ai 165 ! »
http://www.leparisien.fr/espace-premium/oise-60/trop-d-arrets-de-travail-a-montataire-pour-la-secu-19-03-2015-4615755.php

Oh le méchant coupable, il mérite d'être montré du doigt, mis au pilori, celui qui creuse le trou de la Sécurité Sociale à presque lui tout seul! Quel honte, toute l'opprobre est jetée sur la profession, odieux crime statistique!!!   Napoléon n'avait pas noté  ce délit dans son code civil, normal, on est plus évolué à présent. Et on a sûrement plus de neurones grâce à internet et aux jeux vidéo et à la mondialisation....

Je suis tout aussi coupable.

arrêts pour bien portants

Un  fonctionnaire m'a raconté un arrêt de travail un tout petit poil exagéré: une agrafeuse à main est tombée sur le pied d'une employée, trois semaines d'arrêt de travail.

On pourrait lancer le concours  du plus dingue des arrêts pour bien portants.

Par exemple celui qui veut trois jours pour déménager, celui qui veut aller chercher une voiture à 800 km et ne veut pas entamer son capital-congé, celui qui cuve son week-end le lundi.

Qui en a un bien croustillant?

samedi 29 août 2015

dépression suite à hépatite C

J'ai mis un patient en arrêt de travail plusieurs fois depuis quelques mois. Le motif "je suis fatigué, je n'ai pas le moral". C'est un bon vivant, surtout avec les potes le week-end. 
Je ne comprenais pas, sentais qu'il y avait peut-être autre chose mais sans savoir quoi. 

Il y a un mois il s'est présenté jaune comme un coing. Bingo! Une hépatite C qui l'a pris par surprise si je peux dire. Et pour une surprise c'en est une: ce bon vivant aime les femmes, les potes et le vin, (pas de favoris dans ces trois éléments) et pas autre chose! 

Et ça m'a rappelé une patiente qui s'était retrouvée il y a 15 ans en psychiatrie pour grave dépression. Un psychiatre plus avisé que les autres au bout d'un mois lui a diagnostiqué une hépatite C. Depuis elle sait contre quoi se battre et elle n'est jamais retombée en dépression.

Alors ce type, je suis "heureuse" d'avoir enfin une explication à son mal-être et à ses arrêts de travail. 

jeudi 27 août 2015

Sécu: moyens de répression

La Sécu a depuis quelques années a fait tous ses efforts pour enrayer l'épidémie d'arrêts de travail:
- D'abord les contrôles aléatoires d'assurées
- ensuite l'obligation depuis quelques années pour les médecins d'écrire le motif de l'arrêt. Quand cette mesure est arrivée ça a fait grincer quelques dents et des médecins se rebellaient en écrivant le motif  "absent pour maladie". La Sécu n'a pas relevé d'après ce que j'en sais.
- Puis est venu le temps des télétransmissions d'arrêts de travail: la Sécu pouvait en théorie vérifier le jour même l'assuré resté chez lui. Le médecin, en même temps qu'il faisait l'arrêt en ligne, marquait le motif: le nombre de jours recommandé s'affichait. Trois jours pour une gastro par exemple.
-Et là, cerise sur le gâteau, la répression arrive depuis peu. 

Un de mes confrères n'a pas pu signer la lettre recommandée qui lui donnait le choix entre la mise sous objectifs ou la mise sous accord préalable ( procédure beaucoup plus lourde mais qu'il faut choisir car elle prouve que nous n'avons rien à nous reprocher) car il était en vacances.
Il a été mis sous objectif, a demandé à tous ses correspondants de faire les arrêts à sa place quand c'était possible.... a été exemplaire.
Là-dessus un médecin de la Sécu vient pour un "échange confraternel"; tous ces confrères viennent ce jour-là pour le soutenir. Et là... peut-être que le médecin de la Sécu s'est sentie en danger au milieu de tous ces médecins un peu hostiles: elle a porté plainte contre le confrère pour séquestration!!!
Mon confrère a les pires ennuis, tribunal etc.

Quand le médecin de la Sécu se pointera, la consultation se passera au rez-de-chaussée, les fenêtres ouvertes, la porte béante en présence de témoins dans la salle d'attente; il ne faudrait pas qu'il se sente attrapé comme dans une chasse à courre avant la curée. Tant pis s'il fait 0 degré. 

Quelqu'un veut la mise à mort de la médecine générale. Je dirais, pourquoi pas, qu'on secoue toute la poussière accrochée  à la médecine de Papa, qu'on fasse un grand ménage, mais qu'on propose quelque chose de nouveau et de viable qui satisfasse patients comme professionnels. 


Monomanie

Je vis Sécu, je parle Sécu, je rêve Sécu  et arrêts de travail,  même au moment X avec mon compagnon.   ça va devenir une monomanie.

mercredi 26 août 2015

Je deviens comptable

Un patient se présente hier complètement défait, amaigri au point que je ne l'ai pas reconnu du premier coup. Il a perdu un être cher, ne dort plus, ne mange plus, épuisé, il ne peut plus assurer son poste à responsabilité:
" Bon, je vous mets 4 jours pour récupérer, je ne peux faire plus.
- Auriez-vous pu faire quand même deux semaines? m'a-t-il demandé d'une voix douce et désespérée.
- Désolée, je suis sous contrôle, vous continuerez avec votre médecin traitant si besoin".

Et voilà, je me suis transformée en comptable, à compter le nombre de jours d'arrêts que je donne quotidiennement. Il y en avait 38 lundi, 10 mardi. Je suis dés à  présent dans une logique comptable, je pinaille le moindre jour, je demande si le type peut quand même faire de la présence, si son patron est conciliant. Bientôt je demanderai aux patients d'aller au travail avec leur plâtre, ou leurs plaies. 
Quel bazar ce sera dans les entreprises!

Je n'ai pas sué sang et eau durant mes études de médecine pour arriver à ça. Si j'avais su j'aurais fait tous les diplômes requis pour être cadre à la Sécu.

mardi 25 août 2015

Courrier de la FMF

Voici ce que la FMF écrit dans son bulletin du jour:

  • Pour certains d'entre vous, l'actualité est encore plus brûlante, avec les attaques multiples des CPAM. Dans l'ordre d'agressivité, il y a eu les courriers injustifiés sur des soi-disant instaurations de Rosuvastatine sans le sacro-saint formulaire. Puis les poursuites pour utilisation estimée "abusive" de la mention "non-substituable", avec à la clef des amendes de 100 à 300 euros. Presque ridicule si ce n'était insupportable. Enfin, et beaucoup plus grave, les nombreuses attaques contre les médecins qui prescrivent deux fois plus d'arrêts de travail que leurs confrères. Sans tenir compte évidemment du contexte ou de la taille de la patientèle. Vous êtes condamnés parce que vous exercez dans une banlieue ouvrière, alors que vous essayez de faire face tant bien que mal aux départs des collègues. Lisez ce témoignage émouvant d'une consoeur attaquée dans le 78, les médecins concernés s'y retrouveront sans doute. La cellule juridique de la FMF vous rappelle et vous rappelle encore : ne vous rendez pas seuls à ces pseudos entretiens, et REFUSEZ LA MISE SOUS OBJECTIFS (MSO) qu'on vous propose. Non seulement c'est reconnaître que vous prescrivez des arrêts de travail injustifiés, mais en plus, si vous n'atteignez pas l'objectif fixé et comptabilisé par la Caisse, vous serez redevable d'une amende pouvant atteindre 6 000 euros. Résistez en contactant la cellule juridique, et soyez prêts à purger votre peine, qui consiste à faire valider vos futurs arrêts de travail par les médecins-conseils (MSAP : Mise Sous Accord Préalable). Croyez bien que si tous les médecins poursuivis adoptent cette attitude, ce sont les médecins-conseils qui vont supplier d'arrêter les procédures. On pourrait même imaginer que par solidarité, et en prévention d'une future attaque, même les médecins non poursuivis envoient les arrêts aux médecins-conseils pour validation. Belle pagaille en perspective !
Ils parlent de moi là!  Je propose effectivement à tous mes confrères d'envoyer faire valider leur arrêt auprès  du médecin conseil, on va se régaler, quel bazar en perspective

lundi 24 août 2015

Circulez, et plus vite que ça!

Ca y est, les récriminations sont arrivées! 
-Une patiente furieuse car je ne lui ai pas fait un arrêt de travail de trois mois! (cancer) Je l'ai chargé d'annoncer à son cancérologue qu'il aurait la lourde responsabilité de lui rédiger  les arrêts de travail qu'il conseille!  Je m'attends à une levée de boucliers des spécialistes.
- Un patient un peu choqué que je ne lui fasse que 3 jours d'arrêt pour un genou douloureux, gonflé et un peu chaud: il verra le chirurgien dans trois jours qui fera ce qu'il voudra (mais pas moi).
- Une patiente enceinte, qui fait des malaises et harcelée: son médecin traitant prendra la suite de l'arrêt dans une semaine;
- Une patiente agressée physiquement sur son lieu de travail: des bons conseils ( contacter la commission d'indemnisation des victimes d'infractions), un petit arrêt minuscule et retour chez son généraliste. En passant j'ai refusé de devenir son médecin  traitant tant qu'elle est en arrêt!!!
- Un autre patient harcelé au point qu'il voit un psychologue depuis deux mois: conseil de voir le médecin du travail, l'inspection du travail, et surtout de revoir son médecin traitant dans une semaine pour la poursuite de son arrêt. Et surtout conseil de lire mon blog pour retrouver le goût de se battre.

Ce n'est pas du boulot ça!  Mes patients fidèles vont comprendre que cette façon de faire n'est pas de mon fait mais les autres? Si ça devient ça la médecine générale, tous les jeunes médecins, passez votre chemin, rien  à voir. Autant choisir une médecine salariée. 


vendredi 21 août 2015

Patients provocants

Mes patients lisent toute ma littérature en salle d'attente concernant les arrêts de travail, puis entrent dans le cabinet et s'en donnent à cœur joie: 
"- Nous venons pour un arrêt de six mois!
- Nous sommes en retraite mais nous avons quand même besoin d'un arrêt de travail!
- Si vous ne me faites pas un arrêt de travail, je vais repartir fâché!"

On lance un concours dites? Celui avec la phrase la plus rigolote!  C'est promis, le gagnant aura un beau diplôme!

jeudi 20 août 2015

une autre petite solution

J'ai trouvé une solution, peut-être pas viable à long terme, mais bon: dés qu'un patient arrive parce que son médecin traitant n'a pas pu le prendre ou est en vacances, s'il lui faut un arrêt, je le fais uniquement jusqu'à ce que son médecin puisse le prendre, deux ou trois jours. Les confrères vont m'aimer, d'un autre côté la Sécu n'est pas sur leur dos.
Je leur rendrai la pareille quand cette histoire leur arrivera. 

Mais  sur le long terme c'est stupide, il y aura toujours autant d'arrêts. 

Délit statistique 2

D'après le délégué de l'assurance maladie, je suis responsable de tous les arrêts de travail faits sous mon matricule, la remplaçante est donc concernée, elle sera mise aussi sous contrôle préalable de chacun de ses arrêts de travail. 

Et ce, même si je m'absente un mois et que je ne travaille qu'un jour par semaine. Quand on vous parlait de délit statistique, c'est la France, c'est stupide, autant que le trouble oppositionnel avec provocation du DSM 5 ( manuel des troubles de la santé mentale). 

Je pourrais peut-être faire valoir ce "handicap" et ne plus tombe sous le coup des contrôles médicaux et de la punition qui s'ensuivra...

Je signe

Comme j'avais refusé de signer le compte-rendu   de la réunion avec le directeur de la Sécu il y a une semaine   (on me demandait de signer après avoir lu deux minutes!), le délégué de la Sécu est revenu ce matin, un tout petit peu moins courtois, mais il a su rester professionnel.
Tout en signant je n'ai pu m'empêcher de glisser: "vous faites quand même un sale boulot", il m'a répondu: " je fais juste ce qu'il y a à faire.

Il paraîtrait qu'une de mes consœurs, devant le courrier de la Sécu, se serait mis en maladie et aurait été hospitalisée en psychiatrie! Une autre a arrêté ses consultations dans l'heure et s'est mise en arrêt durant deux mois.

mercredi 19 août 2015

Arrêt de remboursement de somnifères


Remboursement : les benzodiazépines dans le collimateur du gouvernement




Paris, le mardi 18 août 2015 - Un groupe de travail missionné par le ministère de la Santé, dont les premières conclusions ont fuité la semaine dernière dans le quotidien les Echos, propose de supprimer le taux de remboursement à 15 %. Cette mesure ne concernerait en fait que certains médicaments destinés à traiter les troubles du sommeil.
Le taux de remboursement des somnifères avait déjà été revu à la baisse le premier décembre 2014, la prise en charge par la Sécurité Sociale des génériques de médicaments issus de la famille des benzodiazépines était ainsi passée de 65 % à 15 %.
Cette mesure avait été prise par la commission de transparence de la Haute Autorité de Santé (HAS) qui avait déclaré s'inscrire « dans une démarche de prévention » face à la «surconsommation » de ces médicaments.
La fin du remboursement à 15 % concernerait ainsi, sous leurs différentes présentations (génériques ou non) et posologies: l’Havlane, l’Imovane, le Mogadon, le Normison, le Noctamide, le Nuctalon, le Stilnox.
http://www.jim.fr/e-docs/remboursement_les_benzodiazepines_dans_le_collimateur_du_gouvernement_153704/document_actu_pro.phtml
Youpi, depuis dix ans que je le proposais!!!!

mardi 18 août 2015

Délit statistique

Les syndicats ont su mettre un terme sur un nouveau délit créé par la Sécu: le délit statistique.
Et je suis coupable de ce fameux délit.
Comprenez bien: jusqu'à il  y a une dizaine d'années les caisses pouvaient sanctionner un médecin pour arrêt maladie abusif: l'assuré voulait partir en vacances, il demandait un arrêt à son médecin qui le lui accordait, la caisse s'en rendait compte et punissait le médecin et l'assuré.

Maintenant le médecin pourrait faire des arrêts de travail d'une semaine à une troupe de ravers pressés de retrouver leur lieu de festivité et/ou de débauche,  à une troupe de supporters voulant voir jouer leur équipe favorite au bout du monde tout en refusant  les arrêts à des grippés au fond de leur lit, si statistiquement il y a moins d'indemnités journalières il ne sera absolument pas inquiété. 

Contre-attaque

Dés demain je placarde sur la porte du cabinet:
"Chers patients, dés à présent je ne prolonge plus les arrêts de travail initiés par l'hôpital, puis conseillés par eux selon leur petite phrase " votre médecin traitant vous prolongera".

A l'hôpital ils ont des ordres, arrêter le moins possible afin de ne pas sortir des clous. Juste, moi aussi et en plus j'encours une sanction financière d'environ 7 000 euros je crois.
Ça va faire grincer des dents, mais je n'ai pas le choix.

lundi 17 août 2015

Je me présente

Une patiente s'installe "je viens de recevoir un recommandé de la Sécu m'informant que je dois retourner au travail aujourd'hui, or je m'en sens incapable, j'ai eu une infiltration du canal carpien qui n'a pas marché".
Effectivement je l'examine et la main n'est pas formidable, il y a des tremblements au repos chez cettte  personne qui doit se servir beaucoup de ses mains au travail.
Alors je téléphone à la Sécu "allo? Je voudrais joindre un médecin-conseil, une de mes patientes ne peut pas retravailler".
Le médecin-conseil, qui a une charmante voix par ailleurs comprend tout à fait le problème et accepte trois semaines de plus. J'en profite pour lui glisser fort amicalement: " Je voudrais vous dire, nous allons travailler ensembles durant quelques temps, j'ai été mise sous contrôle préalable de mes arrêts de travail.
- Je ne savais pas. A bientôt". 

Quelle chance il a ce médecin ( et tout ses confrères): il n'aura grâce à moi et aux autres mis sous tutelle, plus à chercher le travail, celui-ci se présentera à lui spontanément!  Il ne errera plus dans les couloirs en attendant misérablement l'heure du départ!  Le temps s'écoulera rapidement pour lui. En fait je lui rends service, il devrait me remercier.



arrêts pour malaise au travail

Durant l'entretien avec le directeur de la Sécu, nous avons soulevé la question des arrêts de travail pour stress, mésentente avec le patron, situationd qui peuvent  générer un burn-out ou d'autres soucis. " en avoir plein le dos  (lombalgie), le ...(hémorroïdes)"  par exemple.

Le directeur m'a répondu que la Sécu n'étant pas assistante sociale, n'a pas à payer pour les mésententes patron-employé. Mon compagnon, homme pragmatique est d'accord avec ce point de vue. 

Seulement cela remet tout en question: je trouvais depuis le début de mon exercice que je faisais de plus en plus de social, que je (ma profession) remplaçait le curé ou le pasteur dans plusieurs domaines. 
De plus l'arrêt de travail, c'est la soupape de sécurité que les patients utilisent quand ils se sentent limite. 50% brut du salaire ce n'est pas bien rémunéré, avec les trois jours de carence en prime. 
Et les fonctionnaires ce n'est pas mieux: au bout de trois mois d'arrêt sur un an  ils passent à demi-traitement. 
Il faudrait que je fasse un diagnostic de dépression pour chacun d'eux, et que je mettre prozac, lexomil sur l'ordonnance, même s'ils ne les prennent pas et je serais parfaitement dans les clous. Bien non, mais comment faire alors?

Dans l'absolu ça serait idéal que les patients prennent sur eux, qu'ils affrontent  l'employeur en face afin de régler la situation litigieuse.
Je pourrais aussi me mettre en arrêt pour harcèlement de la Sécu, mais je vais affronter la bête et surtout en faire profiter les lecteurs. 

dimanche 16 août 2015

Arrêts de travail compassionnel

J'avoue que je fais un arrêt de travail compassionnel.

Un quinquagénaire est venu il y a quelques jours afin que je remplisse un protocole de soin permettant un arrêt de longue durée, et éventuellement lui ouvrir les droits à l'affection longue durée ALD. 

Et j'ai écrit en tous petits caractères dans la case appropriée ses pathologies: obésité morbide avec bilan pré-chirurgie bariatrique, diabète non-insulino-dépendant, eczéma grave des mains, douleurs lombaire et genou, neuropathie diabétique des membres inférieurs avec douleurs intenses nécessitant de la morphine. Somnolence permanente causée par ses multiples antalgiques, pertes de mémoire,  asthme, hypertension, ulcère de l'estomac permanent... plus  deux ou trois autres diagnostics qui m'ont fait dépasser la zone impartie aux pathologies. 

Le médecin contrôle ne va pas en croire ses yeux et va sûrement le convoquer pour vérifier que ce n'est pas du pipeau. 

Malheureusement le malheureux patient est sûr qu'il retravaillera après sa chirurgie mais avec toutes ses pathologies j'ai un petit doute. Il somnole sur sa chaise en attendant son tour, je me demande comment il peut conduire dans cet état. 

Mais pour l'amour de  statistiques d'arrêts de travail, je vais demander une invalidité et ça sera réglé. Et le type, ça le détruira car il vit encore sur ce petit espoir. 

samedi 15 août 2015

Ouragan dans un ciel bleu

En me téléphonant hier, le directeur de la Sécu  a été interloqué (réellement ou non, je ne sais pas, je lui accorde le bénéfice du doute, il n'est en poste que depuis 10 jours) que je n'ai pas reçu de "dame de la Sécu = depuis des années. Effectivement, je me souviens avoir vu une dame il y a trois ans qui m'avait mis en garde: ne pas aréter le week-end dés qu'on le peut, par exemple j'arrète un patient pour une lombalgie le lundi pour 5 jours, je le revois le lundi suivant, je prolonge en partant du nouveau lundi.

Une de mes consoeurs m'a raconté avoir effectivement reçu un homme de la Sécu qui lui a récapitulé les arrets de longue durée qu'elle donnait et lui a demandé ce qu'on pouvait faire pour diminuer la durée.

Mais moi, rien, nada, le ciel m'est tombé sur la tete il y a quelques semaines, alors qu'il n'y avait aucun nuage à l'horizon, juste des expertises qui se profilent avec bonheur.

vendredi 14 août 2015

objectifs financiers, pas de santé publique

Je me trouvais malheureuse en entendant que si j'acceptais la mise sous objectif, je devrais baisser mes arrêts de travail de 12%; mais une de mes consœurs dans le même cas que moi, c'est à dire dans le collimateur de la Sécu devrait baisser elle de 22%!!! Infaisable. 
Elle comme moi  préférons les arrêts de travail au prozac et au lexomil, mais cela ne répond pas aux objectifs financier de la Sécu. Pourtant, si on y réfléchit, il y a moins d'accident de voiture, moins d'accident de travail, moins de personnes shootées et surtout pas de dépendance. 

Le travail de fond que je fais avec mes patient paie: ils se retrouvent après un épisode difficile, repartis en selle, bourrés de tonus.
Mais comme nous sommes des fonctionnaires de la Sécu, payés par elle, nous devons obéir... ou partir.

Rapide, la Sécu est rapide

La Sécu sait vraiment être Speedy Gonzales: le directeur de la CPAM vient de me contacter suite à la lettre de ce matin, il me demande pourquoi je n'ai pas signé et me redonne un autre rendez-vous mercredi prochain afin que je finisse enfin de signer.
Il a du dire à son délégué:  "putain, elle casse les pieds, elle va enfin la signer cette lettre cette petite généraliste? Débrouilles-toi, mets-lui le stylo dans la main, fais-lui ce que tu veux, mais tu me rapporte cette fichue signature"

La Sécu sait être rapide

La Sécu a décidé de frapper fort, et surtout très vite: la réunion au siège de la CPAM était il y a trois jours, et ce jour je reçois un délégué de l'assurance maladie en personne, qui me demande de signer le compte-rendu, avant le 15 août, avant que j'ai contacté le moindre conseiller juridique, le moindre syndicat!!! Autant dire que le malheureux délégué est reparti la queue basse avec la lettre qui suit:
Monsieur le directeur Adjoint,
Durant tout l'entretien du 11 août 2015, vous avez insisté à plusieurs reprises sur le côté absolument informel de la réunion. Or je me rends compte avec stupéfaction que ce n'était pas si informel que cela puisque je dois signer le compte rendu. Je m'accorde un délai de réflexion pour le faire. Je veux toujours absolument être mise sous accord préalable. Je vous adresse mes salutations.




jeudi 13 août 2015

Feuilleton Sécu

J'ai vraiment la Sécu collée à mes basques: demain un homme de l'assurance maladie vient me faire signer un accord spécifiant que je veux me faire contrôler pour chaque patient!

Et lundi un gentil monsieur de la Sécu vient me mettre à jour mon site  perso de l'assurance maladie!

Ce n'est absolument pas du harcèlement, non, non, et ceux qui pensent ça sont des mauvaises langues qui n'ont pas conscience que la Sécu est moribonde, et qu'au lieu de dire: " nous n'avons plus d'argent", dit au médecin: " vous êtes coupable!"

se syndiquer

Pour la première fois de ma vie, je vais me syndiquer et je vais appliquer ce que je conseille à tous les patients: on a beau être fort, être fort... il y a un moment où il faut se  faire épauler, ne serait-ce que par quelqu'un qui connait les textes de loi. 

Le directeur de la Sécu m'a demandé au moins 20 fois d'accepter d'être contrôlée sur des objectifs, c'est à dire s'engager à réduire de 12% mes arrêts de travail sur 6 mois. A priori la procédure est légère, seulement si je ne les atteints pas, je suis financièrement pénalisée, si je les atteints, ils en demanderont toujours plus.

Non, il vaut mieux que chaque patient vienne avec son arrêt de travail, voir le médecin de la Sécu afin de le légitimer. 
En plus ça justifie le salaire des médecins de la Sécu.

Si ne peux me permettre, les confrères, n'acceptez aucun contrôle sur objectif, c'est "pile je gagne, face tu perds"

Petite technique de déstabilisation

Il existe une petite technique mesquine d'intimidation, indigne de quelqu'un qui a fait des études supérieures (il a quand même du l'apprendre quelque part) , quand on convoque quelqu'un, c'est  s'installer soi-même le dos à la fenêtre, mettre son acolyte latéralement, poser un sac juste en face, et il ne reste plus qu'un choix pour le convoquer: s'installer le soleil dans les yeux!
Ni une ni deux, j'ai poussé le sac pour m'installer confortablement en marmonnant de vagues excuses, mais je pense à d'autres qui n'oseront rien dire: c'est on ne peut plus inconfortable.

Je n'ose même pas dire où j'ai vécu ça, car j'ai honte pour lui. Et s'il est capable de ça, comment se présente la suite en relation avec lui? 

mercredi 12 août 2015

Lexomil doudou

En fait, je pars volontiers en guerre contre les abus de psychotropes, les patients qui prenne leur petit Lexo, comme on serre un doudou quand on n'a pas le moral.

Mais une patiente m'a avoué qu'elle en prenait parfois pour une autre raison: " Quand j'en ai mal d'avoir mal au dos, aux genoux etc. et que les antalgiques ne marchent pas, je prends un lexomil; comme ça j'ai encore mal mais je m'en fous". 

système de Sécurité sociale non viable

Hier en entretien avec le directeur adjoint de la Sécu, j'ai lancé: " de toute façon  le système de la Sécurité sociale n'est plus viable". Il a fait une grimace furtive puis a répondu " nous sommes là pour qu'il continue".

Il peut y croire, je pense aussi n'avoir pas été très diplomate en sous-entendant qu'il pouvait pointer au chômage. Mais c'est la vérité, la Sécu ne peut marcher que si tout le monde est honnête et pense à l'argent public. 

Ca me fait penser à une tontine, instituée peu avant que je m'installe dans le secteur: tous les médecins étaient d'accord pour aider celui qui était malade, à hauteur de une consultation chacun par jour. Un médecin arrêté (une intervention prévue) a fait appel à cette tontine alors qu'il avait prévu un remplaçant et une mutuelle lui payait ses indemnité journalières, et le système s'est écroulé en un rien de temps. 

Je ne connais pas la solution, mais étant donné que le mot solidaire ne veut plus dire quand chose pour certains, ça ne peut pas continuer. Nous devrions nous sentir tous impliqués, mais j'entends le plus souvent: " j'y ai droit, c'est la Sécu qui paie", c'est à dire nous mais le raisonnement ne va pas jusque là.

Je ne suis pas en guerre jusqu'à hier avec la Sécu, dénoncer les dérives de psychotropes qui provoquent des accidents et coûtent cher à la communauté  et hautement plus vital mais s'il le faut, il  y a des syndicats et on ira jusqu'au bout et après.... JE DEVISSERAI!!!  






mardi 11 août 2015

Convocation par le directeur de la Sécu

J'ai été convoquée ce matin pour une préparation avant la mise à mort, comme des centaines d'autres médecins en France par le  directeur adjoint de la CPAM et  son médecin chef à 9h45 ce matin.
Je leur avais fait une belle lettre  (cf supra), expliquant par exemple, que n'ayant que 3% de CMU, j'avais mécaniquement  plus d'arrêt qu'un médecin qui a 50%.

J'en ai profité pour parler de mon orientation de médecin de victime ( au moins 20mn! un peu de pub ne nuit pas), 

Le directeur adjoint m'a proposé  deux solutions: 
- une  mise sous objecti, c'est à dire baisser de 12% les arrêts sur 6 mois 
- contrôle de chaque patient arrêté.
Comme un confrère m'avait déjà mise en garde: il faut absolument accepter le contrôle de chaque patient, ça leur casse les pieds, leur fait perdre du temps et si on est droit dans ses bottes, on ne risque rien. 

Le directeur adjoint  a tenté de m'en dissuader: " c'est une procédure très lourde, quatre mois, avec mise au point au bout de deux mois, ça vous prendra du temps, à nous aussi". 

Il a balayé tous les arguments de ma belle lettre, en me demandant: " et que comptez-vous faire pour améliorer les choses".
J'ai répondu: " je me tire monsieur. j'ai de plus accepté des vacations de médecin du travail, donc automatiquement je vais faire moins d'arrêts".

Et il m'a dit " Mais ces arrêts seront reportés sur les autres médecins?
-Oui, mais moi je me tire". 

A la fin, vicieusement, le médecin chef m'a dit "je vous trouve un peu tendue". C'est là que j'ai versé ma petite larme, disant que je ne supportais plus les prescriptions, le métiers, et que la Sécu n'était pour rien dans mes états d'âme. 

J'ai causé  ensuite à part avec une dame de la Sécu devant un café, qui m'a dit que la CNAM (caisse nationale d'assurance maladie donnait de moins en moins de fonds, et que la situation  était difficile.

Et vous, votre médecin a-t-il des démélés avec la Sécu?

Allez maman!

En accompagnant mon fils de 6 ans, il m'a encouragé concernant ma rencontre avec le directeur de la Sécu ce matin et le médecin conseil chef, concernant mes prescriptions d'arrêt de travail nombreuses: "C'est bien simple maman, tu leur cries dessus tellement fort qu'ils se bouchent les oreilles et ils s'en vont!"

dimanche 9 août 2015

La Sécu aux trousses

Depuis quelques temps, je fais des arrêts de travail à un patient  qui souffre de plusieurs pathologies, dont une hépatite C, de douleurs cervicales. De plus il respire à son poste des produits toxiques incompatibles avec l'amiante qu'il loge dans ses poumons.
Je l'ai supplié de voir le médecin du travail pour organiser une inaptitude au travail. Celui-là lui a donné un rendez-vous en juillet et lui a dit: " Ça fait longtemps que je proposais une inaptitude, mais vous aviez l'air de vouloir continuer. Pourquoi voulez-vous votre inaptitude maintenant? Pourquoi ne pas faire prolonger votre arrêt? Vous n'avez quand même pas la Sécu à vos trousses?
- Moi non, mais mon médecin traitant, si"

Merci patient! C'est gentil d'avoir pitié!

vendredi 7 août 2015

Démêlés avec la CPAM

Suite du feuilleton avec la Sécu concernant mes prescriptions d'arrêt de travail:

-J'ai reçu un recommandé AR il y a une semaine pour me spécifier l'heure et l'adresse du rendez-vous: un mercredi à 50 km. 
- Et il y a deux jours, une autre lettre AR pour me donner rendez-vous mardi prochain,  toujours aussi loin.
-Ce jour encore une autre lettre AR pour changer le rendez-vous, cette fois pour lundi. 
- Ce matin une dame de la Sécu m'appelle pour me confirmer le rendez-vous car elle n'a pas tout compris, je lui ai répondu que je n'ai rien demandé, hormis de changer le lieu de rendez-vous, afin qu'il soit plus proche.
- Et ce soir, cerise sur le gâteau, le directeur de la CPAM en personne m'appelle pour me fixer fort courtoisement un rendez-vous mardi, dans la ville que je souhaite!!!  (et le café sera compris?)
De plus il s'est excusé pour le courrier fort discourtois que j'ai reçu de la Sécu pour me dire que j'étais dans son collimateur: "le ton de la lettre était un peu abrupt". Puis durant le coup de fil, il  me fait comprendre que ce rendez-vous n'est pas obligatoire, mais puisque je l'ai sollicité...
Je n'ai rien sollicité du tout!!! Je suis peinarde moi avec mes patients, tranquille dans ma campagne à cultiver mon jardin!
Néanmoins le type était extrêmement sympathique au téléphone, c'est à ne rien y comprendre.  Il a même parfaitement compris que je ne peux pas me déplacer le lundi qui est toujours très chargé. Pourtant c'est moi l'horrible paria pour lequel un  autodafé va être monté!!!

Mais si on me dit que tout va pour le mieux dans le meilleur des monde possible, je n'ai plus qu'à le croire.

Et comme je ne perds pas le nord, je vais leur expliquer ce qu'est le médecin de victime pour faire une peu de pub. Il ne faut louper aucune occasion.

Ou commence l'alcoolisme?

Je reçois une lettre d'un pneumologue:

"J'ai vu votre patiente, madame Lunette. Alcoolisme régulier à raison d'un apéritif tous les week-end..."
Ma patiente est cataloguée alcoolique!

Ça, c'est un coup à ce que je n'envoie plus aucun patient chez ce pneumologue discourtois. Ça lui apprendra.

lundi 3 août 2015

Débat sur la vaccination et Marisol Touraine

Marisol Touraine annonce un grand débat sur la vaccination, elle est évidemment une grande professionnelle, même si elle n'est pas médecin, et même si elle a déclaré à Jean-Jacques Bourdin les yeux dans les yeux, "le DTP n'est pas obligatoire, mais fortement conseillé". 
Moi,  mon patron c'est le serment d'Hippocrate, la liberté de prescription, pas autre chose. 

Je n'ai jamais été ni anti-vaccination, ni pro-vaccination, au bout de 31 ans de médecine je ne sais quoi penser; parce qu'on dit tout et son contraire, parce que les études sont biaisées parfois par les promesses de profit (405 euros la vaccination complète de Gardasil, contre le cancer du col).

J'ai déjà failli me faire étriper par des militants anti-vaccins qui me martelaient " c'est ta conscience qui te le dit, tu ne peux pas vacciner, le carnet de santé oui à la rigueur, mais pas le patient lui-même". 
Et les pro-vaccins, dont un m'a écrit concernant mon engagement contre le gâchis de la vaccination contre la grippe A: " vous êtes la honte de notre profession". Une autre m'a téléphoné en me demandant agressivement pourquoi je ne voulais pas vacciner son  bébé de trois mois contre la tuberculose: mais parce que cela ne diminue le risque de tuberculose grave que dans 80% des cas et qu'elle n'appartenait pas à un groupe à risque, tout simplement.

Ne parlons pas de la figure de proue, l’emblème pro-vaccination que j'ai évoquée un peu plus haut (au fait, un dessinateur  ne voudrait-il pas illustrer mon propos avec  une MST victorieuse surplombant un magnifique navire bourré de moutons, une injection à chaque main?

A tout ceux-là je dis: ma conscience, c'est ma conscience et fichez-moi la paix avec, je vaccine si on me le demande, j'indique les vaccins recommandés en spécifiant que ce n'est pas obligatoire et basta!
Evidemment jusqu'à ce que l'on me prouve avec des arguments scientifiques sans faille que le rapport bénéfice-risque est positif. 
Je refuse de réfléchir avec des données tronquées, alors son débat sur la vaccination elle le fera sans moi. C'est stupide de débattre si cela est prouvé que c'est une avancée pour l'humanité et criminel si cela est mauvais; bon sang, on ne demande pas à être convaincu par des bonnes paroles!!!



Au fait, ou y a-t-il une expertise? Comment peut-elle se faire sans moi?



dimanche 2 août 2015

Lettre au directeur de la Sécu

Voici la lettre que je vais envoyer au directeur de la CPAM qui me convoque pour mes arrêts de travail. Je me suis fait pour cela aidée par Jean-Louis Murat qui a une musique parfois un peu funèbre:

Madame, cher confrère

Vous m’avez convoquée le 11 août à 11 heures dans les locaux de Creil. Malheureusement je ne pourrai m’y rendre malgré ma motivation, trop de médecins étant en vacances dans le canton à ce moment.
C’est vrai, je fais souvent des arrêts de travail,
-La plupart du temps ils ne dépassent pas trois jours   pour des gastro-entérites, des grippes, des angines etc.
- Quelques patients malheureusement ont des arrêts au long cours, dont un grand insuffisant cardiaque : l’assistante sociale ; de la Sécu  lui a conseillé de se mettre en arrêt le plus longtemps possible pour ne pas trop perdre d’argent. Il mériterait pourtant de se mettre en invalidité.  Durant longtemps j’ai eu la même attitude mais  la déléguée de l’assurance maladie il y a un an ou deux m’a mis en garde contre cette pratique coûteuse.
Une autre de mes patientes était suivie par un psychiatre pour une dépression grave, maintenant est en invalidité.
D’autres souffrent  de problèmes musculo-squelettiques incompatibles avec leur poste de travail, ou sont enceintes chez Auchan ou infirmières.
J’ai arrêté aussi deux patients qui se relaient auprès de leur fille cancéreuse il y a u an, puis petit à petit ils se sont remis au travail, d’abord 50%, puis actuellement temps complet.
-J’ai dans ma patientèle 3% de patients bénéficiant de la CMU, ce qui veut dire que ma patientèle est active, doit faire  souvent beaucoup de km pour se rendre sur leur lieu de travail : alors que  je n’arrêterais pas forcément si mes patients n’avaient pas à conduire.  Par exemple un patient qui souffre d’une maladie de Crohn évolutive  peut faire trois kilomètres pour se rendre  à son travail, mais pas forcément 50 km, surtout dans les bouchons et dans les transports en commun.
Si j’avais 50% de CMU, mathématiquement je ferais deux fois moins d’arrêts de travail.
J’ai parfaitement conscience qu’il faut, pour que le système reste viable, que chacun fasse des économies, les médecins ne doivent pas trop, ni arrêter, ni prescrire trop de médicaments ou de bons de transport.
-J’estime faire faire de conséquentes économies en  ne voyant les patients chroniques stables que tous les six mois. De plus, prescrivant plus de deux fois moins que les confrères, mes patients ont beaucoup moins d’effets secondaires graves.
-Mes patients ne souffrent pas non plus de dépendance aux benzodiazépines car je n’en prescris pas, alors je ne fais pas d’arrêt pour cette pathologie.  D’ailleurs, idéalement lorsque je reçois des patients sous benzodiazépines, je devrais leur faire systématiquement un arrêt de travail, car leurs réflexes sont diminués et ils sont parfois un danger public.
-Quand un patient vient pour souffrance au travail, ce qui arrive de plus en plus, étant dans un département où les fermetures d’entreprises ne sont pas rares, je préfère lui faire une consultation longue pour comprendre la problématique,  un arrêt de travail pour calmer le jeu,  plutôt que de prescrire des antidépresseurs qui sur le long terme seront beaucoup plus coûteux financièrement en terme d’effets secondaires et de pérennisation de la pathologie.
-La plupart de mes patients sont contrôlés, je fais des protocoles de soin de plus en plus. Et le médecin de la Sécu valide dans presque 100% des cas mes arrêts de travail.
Je me fais souvent aider du médecin du travail pour amorcer une reprise aménagée, pour proposer des inaptitudes quand c’est justifié qui vont conduire à un licenciement
Je serais très heureuse si à moyen terme nous nous pouvions nous rencontrer dans les locaux de Méru, ou à la rigueur à Beauvais. J’avais proposé il y a quelques années au docteur Sécu d’organiser une table ronde entre les médecins de la Sécu et les généralistes, mais il m’a répondu que cela ne serait pas bien perçu par les généralistes.  Pourtant je persiste à croire que cela serait une bonne idée que chacun puisse communiquer ses points de vue.
J’ai collé votre courrier sur la porte de mon cabinet afin que mes patients soient prévenus et qu’ils soient moins tentés de me demander des arrêts de travail peu justifiés.

Veuillez recevoir mes sincères salutations confraternelles

samedi 1 août 2015

On a gagné!

J'ai assisté une victime il y a deux mois lors d'une contre-expertise; ce n'était pas gagné, le patient avait 85 ans lorsqu'il a fait un accident vasculaire cérébral.
On ne peut pas dire que le médecin lui prodiguait des soins consciencieux, quand la victime se plaignait d'une fatigue il répondait: " mais voyons monsieur balai, vous fréquentez les guinguettes tous les week-end, ça ne va pas si mal".  Et il ne demandait pas de prises de sang.

Et je me suis trouvée presque par hasard, pour rendre service à un proche, à cette expertise, où assistaient aussi le médecin des assurances et son avocat. Je me trouvais seule avec la partie plaignante.

L'expert  à la fin, ayant écouté toutes les parties et lu les documents a conclu " je ne peux pas me prononcer, il me faut plus d'éléments". 
La partie adverse avait donné tellement d'arguments que je suis sortie de là démoralisée pour le pauvre patient, qui aurait peut-être eu son AVC, ou peut-être pas, mais à qui on n'avait pas donné la chance de l'éviter.

La conclusion est arrivée il y a quelques jours: l'expert a déclaré 20% de perte de chance!!! C'est à dire que le médecin est responsable à 20%! Ce qui est inespéré étant donné l'âge et les antécédents de la victime!

Comme quoi, même si les assurances montrent les crocs, l'expert décide en son âme et conscience de façon impartiale.