dimanche 24 mai 2015

Dépakine et grossesse

Après le scandale du Mediator, pourrait venir celui de la Dépakine. Le laboratoire Sanofi fait l’objet d’une plainte contre X pour « administration de substance nuisible », « atteinte involontaire à l’intégrité de la personne », « tromperie aggravée », « mise en danger d’autrui » et « non-signalement d’effets indésirables » (un délit pénal).
La plainte a été déposée mercredi auprès du procureur de la République de Paris, par la famille Martin. La mère, Marine, souffrant d’épilepsie depuis l’âge de 6 ans, a été traitée avec le valproate de sodium, un médicament vendu sous le nom de Dépakine par le laboratoire Sanofi. Mais alors que depuis les années 1980, la littérature médicale s’alarme des effets tératogènes (malformatifs) de la molécule (autorisée sur le marché depuis 1960) sur le fœtus, Marine Martin a continué à recevoir ce traitement pendant ses deux grossesses, sans jamais être informée des effets secondaires.
http://www.20minutes.fr/sante/1614315-20150522-depakine-malformations-ftus-vers-autre-scandale-type-mediator
Durant mon année d'études, les professeurs ont insisté lourdement sur le fait d'informer, donner une information éclairée aux patients ne se limite pas à leur faire lire une notice chez eux, leur dire oralement rapidement, il faut être absolument sûre que le patient a reçu et compris l'information. Et selon mes professeurs il paraîtrait que, quoi qu'on ait fait comme effort pour informer les patients depuis ces dernières années, toujours aussi peu de monde a compris vraiment le message; c'est à désespérer. 
La seule chose à mon sens que l'on puisse faire est que les médecins soient encore plus vigilant, non seulement pour délivrer l'information, mais aussi pour faire les meilleurs choix pour leurs patients, qui eux n'ont pas fait médecine


mardi 19 mai 2015

calmants préanesthésiques non obligatoires


L’habitude est bien ancrée : avant une intervention chirurgicale, il est d’usage de donner un tranquillisant au patient. Mais dans la majorité des cas, cela n’apporte rien.

« Ce rituel est de moins en moins justifié, de l’aveu même des anesthésistes », explique le Figaro, qui fait état d’une étude française réalisée dans cinq hôpitaux et qui a regroupé un millier de patients. Ils ont été répartis en trois groupes : les uns ont reçu une benzodiazépine avant l’opération, les autres un placebo (substance inactive), et les derniers rien du tout.

Le résultat montre que globalement et rétrospectivement, tous les patients ont manifesté le même degré de satisfaction concernant leur prise en charge. Cité par Le Figaro, le Pr Christophe Baillard (Société française d’anesthésie – réanimation) indique que « la sédation préopératoire est une vieillie habitude. Outre qu’elle ne semble pas augmenter la satisfaction des malades, on peut aussi s’interroger sur la pertinence même d’éteindre l’anxiété quand elle existe, car c’est une réaction normale de l’organisme à des situations jugées hostiles, et elle n’est pas forcément délétère si elle n’est pas trop forte ».

En fait, il semblerait que « 20% des patients sont vraiment anxieux à l’idée d’être opérés et nécessiteront une prise en charge adaptée : un traitement pharmacologique, de l’hypnose, un effort d’information »La consultation préopératoire doit permettre de les identifier. Le Dr Aurore Marcou (anesthésiste à l’Institut Curie) poursuit : « La communication thérapeutique, qui consiste à s’assurer que le patient quitte la consultation préopératoire rassuré et informé, est aussi efficace, si ce n’est plus, que les benzodiazépines. Lorsqu’on montre aux patients qu’ils ont les ressources internes pour faire face au stress et qu’on leur laisse le choix de prendre ou non le médicament, ils préfèrent bien souvent s’en passer ».

http://www.passionsante.be/index.cfm?fuseaction=art&art_id=18289

Et un jour on opérera les patients sous hypnose et ça sera encore mieux et fini les effets secondaires!

dimanche 17 mai 2015

comment faire valoir ses droits face à une assurance

Il faut bien lire les petits caractères quand on prend une assurance, le prof avait insisté dessus en cours et n'avait pas hésité à nous faire prendre  pour une simulation (travaux dirigés) le choix de deux assurances différentes qui couvraient des points complémentaires. 

Or une de mes patients a pris une assurance maison qui la couvre: 
-pour le décès, 
- pour la maladie à partir de 15 jours d'arrêt,
- pour l'invalidité à partir de 66%;  là ce n'est pas du gâteau: l'expert qui l'a examinée a conclu à 40% d'invalidité pour un dos en mauvais état. Elle doit donc rembourser sa maison alors qu'elle est incapable de travailler, est en invalidité catégorie 2, boite, est sous morphine en permanence et a un suivi psychologique. 

La seule chose à faire est de demander une contre-expertise et de surtout ne pas y aller seule mais avec un expert de victime. Et surtout refuser l'intervention d'un arbitre, car une fois qu'il a donné son verdict, on ne peut plus y revenir. 


samedi 16 mai 2015

selon quels critères un médecin s'installe-t-il?

Un futur médecin tout jeune et sympathique est venu m'interviewer pour sa thèse. Le sujet était " motifs de l'installation des médecins des généralistes", en d'autres termes ce qui a poussé les généralistes à s'installer, quand  et où. 
Et là, surprise: la plupart du temps c'est le parcours de vie, les mariages, les divorces, les rapprochements familiaux, l'opportunité le plus souvent, c'est à dire le remplacement qui amène à une installation. Pour un de mes confrères, c'est l'état des routes de campagne et ses accidents sur le verglas qui l'a incité à se rapprocher de son domicile. 
A aucun moment le thésard  n'a entendu dire que les incitations pécuniaires à l'installations en zone critique  incitaient les généralistes. On ne peut pas nous arroser d'argent ( que de toute façon on nous reprendra d'une façon ou d'une autre) pour que l'on s'installe dans les régions où il y en a pourtant  tant besoin. 

J'espère que MST recevra ce travail fort intéressant, elle qui proposait il y a deux ans:

Est notamment  prévu un dispositif garantissant aux bénéficiaires «pendant deux ans un revenu net mensuel de 3 640 €». Deux cents contrats de ce type seront proposés en 2013, à «des jeunes médecins généralistes, non encore installés ou installés depuis moins d'un an, dans les zones qui se caractérisent par une offre médicale insuffisante ou des difficultés dans l'accès aux soins». En contrepartie, les bénéficiaires s'engagent à respecter les tarifs opposables et à participer à la permanence de soins ambulatoires.
http://www.leparisien.fr/societe/deserts-medicaux-l-installation-de-jeunes-medecins-facilitee-15-08-2013-3053433.php#xtref=https%3A%2F%2Fwww.google.fr%2F

mardi 12 mai 2015

Mon patient n'est pas Alzheimer

J'ai envoyé à l'hôpital un de mes octogénaires pour gastro entérite aiguë avec deshydratation. Le pauvre est très ralenti par une maladie de Parkinson. Parfois il a quelques pertes de mémoires. Juste avant de l'hospitaliser je me suis enquise rapidement de ses fonctions supérieures: " quel est le nom du président, combien font 20 moins 8, quel jour est-on?  etc.". Un sans faute, sauf pour se souvenir du nom du premier ministre. J'ai considéré que ce n'était pas grave. 

A l'hôpital, que s'est-il passé? Il en est revenu avec une brochure pour le réseau Aloïse ( qui concerne les Alzheimer), un rendez-vous occupationnel,  une journée par semaine, dans une maison de retraite... pour Alzheimer, et un datscanner pour diagnostiquer Alzheimer. 

Le passage aux urgences l'a fortement secoué, de plus un infirmier musclé a voulu lui poser une perfusion sans lui spécifier ce qu'elle contenait, il s'est débattu ("docteur, j'ai fait autrefois des sports de combat", m'a-t-il dit), s'est retrouvé attaché dans le lit poignets et ventre... la descente aux enfers. Et ensuite il déambulait dans les couloirs toute la journée. On a proposé à l'épouse une hospitalisation en centre Alzheimer, ce qu'elle a refusé. 

J'ai revu ce malheureux patient, il se souvenait de tout, de sa colère et de son incapacité à l'exprimer clairement en mots. Et j'ai dû aussi convaincre l'épouse qu'il ne souffrait pas d'un Alzheimer mais qu'il fallait contacter le neurologue habituel pour qu'il fasse le point. 

Mais en attendant le directeur de l'hôpital va recevoir un courrier bien senti du mari et de l'épouse, ça sera de plus absolument thérapeutique pour eux deux. 

vendredi 8 mai 2015

bons soins ou erreur médicale?

Un de mes nonagénaire a contracté la grippe il y a trois mois. A la prise de sang, la VS, la CRP étaient augmentés. Ma remplaçante a prescrit un antibiotique, moi deux autres à la file. la fièvre ne baissait pas, il maigrissait un peu, mais peu asthénique. Puis j'ai demandé une radio pulmonaire. Puis une heure après, m'inquiétant quand même alors que la radio n'avait pas été effectuée , j'ai conseillé un passage aux urgences.
Et là le diagnostic est tombé: surinfection pulmonaire sur cancer bronchique, à traiter selon l'âge, c'est à dire, en informer la famille et croiser les doigts que ce sympathique patient ne meure pas trop vite. 

Durant trois semaines, je me suis demandée si j'avais trop tardé, s'il y avait une erreur médicale et si la famille n'allait pas me jeter des tomates ou pire, en me reprochant  de n'avoir pas bien soigner leur papy. L'hôpital en a rajouté une couche "pourquoi n'êtes-vous pas venu plus tôt? Que fait donc votre généraliste?"

En effet je n'ai pas hospitalisé mon gentil patient car les séjours à l'hôpital sont très stressants à son âge, les constantes étaient bonnes, il était encore debout entouré de toute sa famille. Maintenant il a un cancer, il le sait; je lui ai présenté ça comme "une cochonnerie dans les poumons" mais ça ne change pas sa vie. 

Comme quoi la frontière entre les bons soins et l'erreur médicale n'est pas franche et définie. 


jeudi 7 mai 2015

C'est quoi la normalité?

Un de mes patients, la trentaine, a appris de la bouche du cardiologue d'urgence qu'il était insuffisant cardiaque au dernier stade et qu'on l'inscrivait sur la liste des demandeurs de greffe. Comme il est du genre fataliste et zen, ultra zen, il a dit "OK" tout simplement. Le cardiologue l'a envoyé de toute urgence chez le psychologue qui l'a trouvé un peu hors de la norme mais  normal!

Et plusieurs de mes patientes dans tous leurs états après avoir accouché ont reçu la visite d'un psychologue. Zut, on peut avoir un coup de blues et vouloir le gérer seule!

C'est quoi la normalité? doit-on toujours exprimer les émotions attendues de nous pour chaque situation donnée? Y a-t-il un livre où c'est écrit: " accouchement: bonheur, perte de ses parents: dépression réactionnelle, annonce d'une mauvaise nouvelle: accablement?

Je ne dois pas être normale, tout le monde me l'a déjà dit car je pensais avoir un cancer du sein il y a trois ans: vite vite, les mutuelles, suis-je couverte durant mon arrêt? Vite, trouver un remplaçant...  vite, je vais écrire un deuxième livre.... Mais la radio faite le lendemain n'a rien montré de malin. 
Vous le croirez ou non, j'étais un tout petit peu déçue de ne plus avoir assez de temps pour tous les projets que j'avais échafaudés. 

Alors non, je ne suis pas normale, mais le monde serait-il intéressant si l'on se ressemblait tous? 

mercredi 6 mai 2015

Devenue aveugle après une opération de l’estomac, une patiente attaque une clinique d’Angers

«Je ne verrais jamais grandir mes petits enfants…» Reine Cailton, 63 ans, est en dépression depuis près de neuf ans. Depuis qu’une opération pour soigner une occlusion intestinale l’a rendue aveugle. Ce mardi, le tribunal d’Angers (Maine-et-Loire) doit examiner ce dossier d’erreur médicale.
(...) Admise pour une occlusion intestinale à la clinique de l’Espérance, la jeune retraitée n’est pourtant opérée que vingt-quatre heures plus tard, en 2006, «malgré des signaux très alarmants».
Selon son avocat, Nicolas Orhan, c’est ce retard qui est à l’origine de graves conséquences sur la santé de sa cliente. Et notamment un arrêt cardiaque qui a arrêté l’alimentation des nerfs optiques de cette patiente. «La mauvaise prise en charge de la patiente a une relation directe, certaine et exclusive avec sa cécité actuelle», assure Nicolas Orhan dans les colonnes du Parisien.
Une affaire qui a eu de graves conséquences sur la vie de famille de Reine et de son époux. Tous deux très vifs avant cette affaire, ils ont, toujours selon Le Parisien, sombré dans la dépression et effectué plusieurs séjours en hôpital psychiatrique. Reine Cailton réclame aujourd’hui deux millions d’euros de dommages et intérêts.
http://www.20minutes.fr/societe/1601491-20150505-devenue-aveugle-apres-operation-estomac-patiente-attaque-clinique-angers
Une simple erreur à la base qui amène autant de souffrances. Et pourquoi leur dossier est-il examiné 9 ans après? la lenteur de la justice en France devient inhumaine.

lundi 4 mai 2015

Nous n'avons rien à vendre mais...

Un coup de fil:
"Docteur? Voilà, je me présente, Trucmuchette de la société TM, je voudrais vous parler d'un nouvel appareil révolutionnaire pour les asthmatiques, qu'on présente à tous les médecins. Attention, nous ne vendons rien. Nous voulons juste une demi-heure de votre temps. Notre conseiller sera dans votre région le 22 mai, ça vous va?" 

Quel gentil groupe! Se déplacer spécialement pour moi, utiliser une demi-heure de leur précieux temps, sans compter l'aller-retour et ne rien me demander en échange, c'est très altruiste, n'est-ce pas?

Je me suis déjà fait avoir avec un appareil à ECG à lire à distance qui était lu par des cardiologues non inscrits en France, passez tous votre chemin, je n'ai pas le temps de me faire de nouveau entuber. 

Un nettoyeur nettoyé

Un de mes patients il y a quelques années avait été victime d'un harceleur, ou "nettoyeur". Il avait la cinquantaine bien tassée et appréciait d'avoir un travail moins physique dans son entreprise et plus intellectuel. Mais les données du contrat n'avaient pas été modifiées. 

Là dessus arrive un nettoyeur, bien décidé à passer un coup de balai sur les plus de cinquante ans: il le retrograde, lui fait porter lourd, lui change les horaires etc. et surtout passe devant lui de temps en temps avec un air patelin en lui lançant un gentil " Ça va monsieur Claude?". Mon patient gardait un sourire serein, du moins sur la figure. 

Je l'ai arrêté de temps en temps, pour ses lombalgies, son stress, je lui ai prescrit de l'homéopathie  et on a vu ensemble comment il pouvait se défendre; pas de possibilité selon les syndicats, le nettoyeur suivait le contrat à la lettre, la sournoiserie en plus.  Et j'avais proposé à mon patient de tenir un journal de bord détaillant toutes les sournoiseries dont il était victime. 
Au bout d'un moment, les petits jeunes travaillant avec lui, lui ont proposé spontanément de lui porter ses grosses charges et ça allait mieux, du moins pour son dos. 
Et puis le nettoyeur a été viré, et mon patient a repris son poste plus intellectuel!

Tout est bien qui finit bien, et je suis assez étonnée par la conclusion de l'histoire, mais ravie bien évidemment!

dimanche 3 mai 2015

Comment porter plainte?

Une de mes connaissances il y a quelques mois avait été victime des méfaits d'un psychologue: il lui aurait implanté des faux souvenirs induits;
L'expression faux souvenirs induits désigne le fait d'induire, volontairement ou non, par le biais de techniques d'entretiens psychothérapeutiques, de faux souvenirs d'abus ou de maltraitances chez un patient. Le résultat est appelé syndrome des faux souvenirs, c'est-à-dire l'apparition du souvenir d'un évènement qui ne s'est jamais produit ou bien le souvenir altéré d'un évènement réel. La résurgence tardive de souvenirs autant que la notion de souvenirs implantés par un thérapeute dans la mémoire de son patient sont controversées (wikipédia)


Il accusait sa mère de lui avoir pourri son enfance de multiples façons, chose bien évidemment qu'elle n'avait jamais faites. J'avais proposé de porter plainte, mais pour quel chef? D'autant plus que ces séances de psychothérapie ne se déroulaient pas en France. 

Il y a peu, une de mes patientes et tombée amoureuse de son psychologue qui a sauté sur l'aubaine: seulement elle vit en couple et son mari ne la reconnait pas. 
Comme moi non plus je ne la reconnais pas dans ce comportement je me suis demandé ce qui se passait vraiment dans ces séances de psychothérapie: un petit tour sur le divan à deux? 
Il y aurait de quoi porter plainte, seulement comment? Cet individu n'est pas un médecin, donc n'obéit pas au code de déontologie. Il y a bien un code de déontologie des psychologues: 
 le psychologue s'abstient de toutes relations sexuelles avec ses patients ainsi qu'avec ses étudiants en formation et collègues en supervision. 
http://www.psychologue-paris-5.fr/mon-code-de-deontologie.html

Mais est-on puni de ne pas le suivre? Est-on obligé d'y adhérer? 
En attendant c'est révoltant car entre un patient et son psychologue, ce ne sont pas des relations librement consenties exactement, car l'un est en état de dépendance par rapport à l'autre qui abuse de celle-ci.