lundi 29 juin 2015

Nouvaux réflexes face à la crise

Il y a un an, un de mes patients s'installe en face de moi et commence: 
" Devinez d'où je viens docteur?" Et il sort quelques petits lingots et pièces d'or de ses poches. 
"Voilà, je pense que la crise va venir, alors petit à petit je sors mes réserves pour les cacher en lieu sûr". 
Par deux autres fois j'ai entendu ce discours. D'autres font leur jardin et découvrent un tas de trucs pour devenir auto-suffisant, genre manger des orties, aliment parait-il très reconstituant: il paraîtrait que les déportés en mâchaient pour garder une certaine forme. 

Non, mes patients ne sont pas paranoïaques, mais pourquoi pas, on ne sait jamais...

En tout cas, nous allons bientôt passer 15 jours les doigts de pieds en éventail, à apporter de l'argent frais aux grecs.

Docteur Jean-Louis Caccomo

Jean-Louis Caccomo est économiste, universitaire, auteur de 70 articles dans des revues universitaires à comité de lecture, et de plusieurs ouvrages dont Le modèle français dans l'impasse, aux éditions Tatamis (2013). Il y a deux ans, il fut interné de force en hôpital psychiatrique, sans la moindre justification médicale, et par une autorité, l'Université, qui n'a justement aucune autorité en la matière. Sorti récemment de cet enfer par miracle, il a pu réintégrer son Université et recommencer à des donner ses cours. Mais il est à nouveau harcelé par la même Université, qui tente à nouveau de se débarrasser de lui en le faisant interner de force. Qui a dit que l'URSS de Staline était morte ?
http://www.agoravox.tv/tribune-libre/article/jean-louis-caccomo-j-ai-ete-48655

Et si vous voulez signer contre l'internement psychiatrique abusif, c'est ici: petition

https://secure.avaaz.org/fr/petition/Lopinion_publique_et_les_medias_Alerter_sur_les_risques_de_linternement_arbitraire_psychiatrique/


dimanche 28 juin 2015

encore démélés avec la Sécu

La Sécu m'a demandé en mai 2015 de remplir un protocole de soin, c'est à dire de justifier la poursuite  de l'arrêt de travail et les soins  d'un de mes patients. Etant donné que ce patient avait eu mille problèmes pour se faire rembourser ses arrêts, j'ai fait ce qu'on m'a demandé et ai écrit: " le patient a besoin de soins durant dix ans car il souffre d'arthrose au genou. Arrêt de travail justifié jusqu'en juin 2015 car fait un travail physique". 

Et la Sécu m'a répondu royalement le 15 juin 2015:  "prolongation de soins accordée jusqu'au 31 décembre 2014". 
J'espère juste qu'il ne devra pas rembourser les soins entre ces deux dates. 

Mais le top du top est quand même que mon patient a pris sa  retraite en avril 2015!

Ca ne m'amuse plus beaucoup de faire joujou avec la Sécu;  je subodore qu'elle a quelques incompétents dans ses rangs. 

vendredi 26 juin 2015

Contrôles systématiques de mes arrêts de travail

Aujourd'hui une femme est venue pour un arrêt de travail: harcèlement à son entreprise. La situation en est arrivée au point que l'inspection du travail a été contactée. 
Ma patiente est solide en général, n'a pas pleuré devant moi même si l'envie ne lui en manque pas. 

Je l'ai informée de ma situation concernant les arrêts et lui ai donné ce conseil: " vous apportez toutes les preuves au médecin de la Sécu, vous versez une larme et si vous n'y arrivez pas, mettez un oignon dans votre poche discrètement". 

La meilleur défense n'est-elle pas l'attaque?

jeudi 25 juin 2015

Je suis une mauvais élève

Hier j'ai ouvert une lettre recommandée émanant de la Sécu: " Cher docteur (le cher, je n'en mettrais pas ma main à couper), vous avez trop prescrit d'arrêt de travail, nous vous proposons dans l'ordre: 
- une mise sous objectifs: vous promettez de prescrire moins d'arrêt et l'on s'en tient là, si vous n'y arrivez pas, vous payez une amende.
- Si cela ne suffit pas, nous contrôlerons chacun de vos patients en arrêt durant une periode de un à six mois".

Mais comme je suis très en forme suite à trois semaines hors du travail, ce n'est pas très grave, il n'y a pas mort d'homme. 
Néanmoins tous mes patients sont avertis, ils sont sûrs d'être convoqués s'ils sont en arrêt. Les harcelés se bougent le train arrière pour accumuler des preuves, les lombalgiques ressortent leurs radios et leurs IRM, les grippés se fournissent de mouchoirs et se préparent à tousser consciencieusement devant le médecin de la Sécu, les impotents vont clopiner munis de leur atelle et de leurs cannes. D'ailleurs je voudrais bien y être à la Sécu, ça va être un beau bazar, le médecin devra faire des heures supplémentaires!

Je lui prescris des tonnes café et de la vitamine C... et un arrêt de travail peut-être pour surmenage.

Et les expertises judiciaires sont bien plus gratifiantes et se trouvent  à mille lieux de ses pitreries-là. 
Les victimes, je vous attends!

vendredi 12 juin 2015

On peut se faire rouler dans la farine en tant que médecin du travail: un jour, une fonctionnaire se présente devant l'un d'eux. Il se trouve qu'elle avait été arrêté durant un an. 
Le médecin du travail lui demande: "Pourquoi vous êtes-vous arrêtée depuis si longtemps?
- Parce que j'avais un problème d'épaule". 
Ma consœur regarde l'épaule, la palpe, la tourne en tous sens et conclut: " vous êtes apte" et elle l'écrit sur la fiche d'aptitude.

Tout le service s'est amusé à sa santé; pourquoi? Parce que cette fonctionnaire  avait été mise en arrêt pour grave dépression et le médecin du travail n'avait aucun dossier médical la concernant! Et la fonctionnaire  n'avait pas osé avouer la vraie raison de son arrêt. Il n'empêche qu'il s'est retrouvé le dindon de la farce et que ce n'était pas très charitable. 

L'administration...

jeudi 11 juin 2015

Distilbène

Une de mes patientes semble victime du Distilbène que sa mère aurait pris durant sa grossesse: 

(cette molécule extraite du goudron était utilisée en France jusqu'en 1977 pour traiter les fausse-couches. Elle ne traitait en fait rien du tout, mais les enfants nés "grâce" à ce produit ont développé des malformations ou des cancers du sein, des fausse-couches à répétition, cancer du vagin et du col utérin, grossesses extra-utérines. La troisième génération serait touchée, avec des infirmes moteurs cérébraux, des atrésies de l'oesophage des malformations de l'appareil génital.
Ce produit aurait causé des troubles chez 160 000 patients).

Plus sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Diethylstilbestrol

Ses enfants souffrent d'une puberté précoce.

Je lui ai demandé: " Tu ne peux pas demander à tes grands Pédiatres si le distilbène pourrait être en cause dans les problèmes que tu rencontres ainsi que tes enfants?

"Non, tu sais bien qu'ils ne vont jamais reconnaître les effets indésirables d'un médicament. Je vais faire soigner mon fils et puis voilà". 

C'est vrai que incriminer  la participation d'un médicament dans un problème de santé  n'est pas chose aisée, c'est un peu comme grimper l'Himalaya. Mais on ne peut pas tout accepter, et que la vie de plusieurs générations soit gâchée par un produit qui n'aurait jamais du être mis en circulation (Il y avait des réticences depuis les années 40). 

Alors pour les patients qui souffrent  de certaines pathologies, psychiatriques, malformations génitales etc.  qu'ils ne comprennent pas, qu'ils demandent à leur maman ce qu'elle a pris durant sa grossesse, au moins jusqu'en 1977, une association est active: Hhorage


vendredi 5 juin 2015

Le travail de la victime

Je n'écris plus beaucoup sur la médecine générale: même si une vie ne serait pas suffisante pour en faire le tour, le quotidien se renouvelle peu. 
Les labos ne comprennent pas quand ils m'invitent à faire des formations sur le diabète, l'hypertension, la dépression, la ménopause, que je réponde par la négative. Par contre, parlez-moi de victimes, de résponsabilité médicale, d'effets secondaires indésirables, oui, oui oui!

Que peut faire un pauvre hère qui vient par exemple d'avoir un accident causé par un tiers, ou un accident de travail causé par autrui?

Une fois qu'il est allé aux UMJ ( unité médico-judiciaire), qu'il a porté plainte éventuellement, qu'il a prévenu les assurances? Quoi faire?

Il va évidemment consulter les médecins adéquats et se soigner.
-Dans le même temps il devra tenir un journal de bord, avec tous ses déplacements causés par l'accident, les assurances, les médecins, les kinés etc. 
-Il devra écrire aussi le temps qu'il aura passé sur un lit d'hôpital, avec des béquilles, sans ...
- Il gardera toutes les ordonnances dans le dossier; 
-Il devra réunir les inscriptions en club de sport ou autre qu'il n'a pas pu faire à cause de l'accident, 
Il ferait bien d'avoir des photos de la voiture accidentée, ou de l'appareil, du poste de travail qui lui a causé du dommage, de lui juste après l'accident.

-Le jour de l'expertise il ferait bien d'être accompagné.  
-Il aura fait des photocopies de son dossier  pour les remettre  à l'expert et il aura classé ou fait classé son dossier s'il ne veut pas perdre plus de temps: 
-Il aura écrit ses "doléances", c'est à dire de quoi il souffre suite à l'accident, psychiquement ou physiquement, quelles sont ses incapacités physiques et psychiques. 
Et surtout quand il reçoit la proposition de l'assurance, qu'il ne signe rien avant d'être conseillé par quelqu'un de compétent. 

Je dirais presque que c'est un métier d'être victime, tellement il y a de choses à faire et à penser, malgré toutes les envies qu'on a de ne pas penser à l'accident, de tourner la page. Il faut mener le processus jusqu'à la fin. 

jeudi 4 juin 2015

Première expertise judiciaire

Bientôt une expertise judiciaire! Un gros malotru selon mon expression qui en a fiché méchamment sur la gueule d'un de mes patients. 

Je vais être là à ses côtés durant l'expertise, écouter tous les postes de préjudices énumérés par l'expert et savoir lui rappeler courtoisement certaines choses qu'ils n'aura pas intégré dans sa conclusion, mais toujours calmement et avec courtoisie, car c'est la norme: toute l'année dernière les profs nous ont détaillé les qualités cardinales d'un expert: indépendances, impartialité, compétence, indépendance. c'est le pseudopode du juge, celui à qui il remettra son rapport. 

Et comme il en impose, souvent avec une cravate et un grand bureau,  et que l'idée de justice a tendance à rendre les gens nerveux, je conseille à toutes les victimes de se faire accompagner par un proche, ou mieux par un médecin conseil de victime.