jeudi 30 avril 2015

Ne jamais payer ses soins en liquide

Une amie a été défigurée durant trois semaines par des soins esthétiques un peu musclés. Quand je lui ai demandé les conditions de ses  soins elle m'a répondu: "je suis arrivée, on m'a dit qu'il y avait un désistement tout de suite (ou que ça serait dans un mois), mais qu'il fallait payer en liquide, ça serait moins cher".  Et on ne l'a pas prévenue des effets secondaires systématiques, possibles ou rares, absolument rien. 

Conclusion: préjudice esthétique temporaire indéniable qui l'a fait mettre en arrêt de travail trois semaines et pratiquement au bord de la dépression. Pas de plainte possible, elle a payé en liquide, ni vu ni connu. 

Il ne faut jamais payer en liquide, à fortiori s'il s'agit de sa santé ou de sa beauté car on ne pourra  pas se retourner contre le fautif. 

vendredi 24 avril 2015

Haro sur le motilium

La France consommerait, «quatre fois trop» de Motilium par rapport à la moyenne européenne selon l'Agence du médicament (ANSM). Dans un entretien au Figaro,Dominique Martin, directeur général de l'agence souligne: «La dompéridone (molécule du Motilium), comme tout médicament, présente des risques, et des bénéfices». Loin de contester qu’il «y ait un sur-risque en France», le directeur de l’ANSM précise que «l'estimation à 231 morts ne fait pas consensus et serait à confirmer».

Au début du mois d’avril, le médicament anti-nausées a été pointé du doigt par une étude parue dans la revue Pharmacoepidemiology and Drug Safety. Celle-ci révélait que les médicaments anti-nauséeux et vomissements à base de dompéridone, vendus notamment sous l'appellation Motilium mais aussi sous forme de génériques pourraient être à l'origine de 231 morts subites cardiaques en 2012 en France.

Dans le même temps, la revue indépendante Prescrire, qui milite pour son retrait du marché, avait révélé que près de 3 millions de personnes ont consommé de la dompéridone en France en 2012.

Réduire la surconsommation plutôt que de retirer la molécule du marché

Pour autant, le directeur de l’Agence du Médicament n’est pas favorable à un retrait du marché: «On ne peut pas retirer du marché un médicament qui est dangereux notamment parce qu'il est mal utilisé, sinon on en supprimerait beaucoup!». Il préconise plutôt de s’attaquer à «cette surconsommation»: «Si l'on réduit la consommation, on abaissera aussi le nombre de victimes». 
Selon le directeur de l’agence, les risques de la dompéridone sont connus depuis longtemps. Pour preuve, l'autorisation de mise sur le marché a été revue par trois fois et l'ANSM a envoyé une lettre aux médecins à ce sujet dès 2011. Conséquence: «une réduction de la consommation de 30% entre 2012 et 2014».
Une sur-prescription du Motilium
Par ailleurs, l’ANSM souligne également une prescription excessive d’anti-vomitifs par les professionnels de santé. A ce propos, Dominique Martin ajoute: «les praticiens prescrivent aussi trop d'anti-vomitifs, et pas seulement la dompéridone, c'est aussi le cas du métoclopramide (Primpéran) et de la métopimazine (Vogalène), qui ne sont pas plus à favoriser». 
Prendre un médicament de confort n'est pas forcément anodin, rappelle-t-il : «À chaque prise, on s'expose à un risque (...). La problématique est d'ailleurs la même pour le paracétamol, l'ibuprofène ou les benzodiazépines, qui causent aussi des morts chaque année».
http://www.20minutes.fr/sante/1594703-20150424-motilium-anti-vomitif-quatre-fois-trop-consomme-france

Evidemment que j'ai réduit depuis quelques années la consommation de ces neuroleptiques cachés, mais pas pour les raisons qu'ils avancent: il se trouve que plusieurs jeunes femmes de ma patientèle prenaient ce genre de produit régulièrement pour des nausées, ou pour des migraines accompagnées de nausées, et elles ne comprenaient pas pourquoi elles ne pouvaient pas avoir d'enfant: un coup d'oeil sur le prolactine (hormone de la lactation, qui inhibe l'ovulation) m'a convaincue qu'il fallait absolument arrêter les anti-nauséeux et elles ont fini par avoir leur bébé. 
Au début ça n'a pas été facile de "déprescrire" devant un patient souffrant de gastro-entérite, mais il a suffit de les convaincre que ça passait tout seul, à l'exception de rares cas et ils ne me demandent plus ce genre de produit.
Je pense que c'est au médecin d'apprendre à déprescrire, et ce n'est pas facile, (on a toutes sortes de mécanismes qui font qu'on ne peut laisser un patient sans prescription), mais c'est bénéfique sur le moyen et le long terme.

lundi 20 avril 2015

La Sécu économise

Mes patients, jusqu'à il y a quelques années était convoqué par le médecin de la Sécu dans la ville d'à côté. Un peu plus tard, on a centralisé et ils ont dû faire 30 km; avec des dos en compote et des cervicalgies ou autres misères ils n'étaient pas heureux du voyage.

Mais maintenant ils ont fait plus fort! Convoquer les patients à 65 km, à l'autre bout du département! 
Je n'aurais pas parlé de cette histoire si je n'avais pas reçu cette information: dans sa grande générosité, la Sécu,  octroie un forfait kilométrique aller plus retour pour que l'assuré se fasse contrôler!!! On n'aurait jamais osé rêver à tant de bonté de la part d'un organisme social ( oui, j'ai dit social).






dimanche 19 avril 2015

La médecine agonise

Le fils d'un ami s'est méchamment coupé hier soir à 20h45. J'ai conseillé: " la clinique de la ville aux urgence, vite!"  Mais la clinique n'avait pas d'anesthésiste de garde. Alors une ambulance a été dépéchée pour se rendre dans un grand hôpital parisien, ou le jeune garçon était encore en train d'attendre sur un brancard à 16h, afin d'être opéré. Il n'avait évidemment pas eu le droit de se nourrir ni de boire avant l'opération. 
Quel supplice, pour la famille, le garçon. Ou va la médecine en France? Qui est en cause? La clinique qui n'a pas d'anesthésiste de garde, l'hôpital qui n'avait pas de bloc ou de chirurgien, ou de panseuse? Et l'état des tendons et du nerf sectionné qui ont attendu le bon vouloir de la machine médicale? 

Je vais paraître passéiste, mais il n'y avait pas de ça quand j'ai démarré médecine. Le corps soignant était motivé et tout plein de principes moraux et d'empathie. Je n'y crois plus, autant brûler un cierge et espérer ne jamais avoir besoin de la médecine. 

vendredi 17 avril 2015

Procédure Médiator

Une patiente victime du Médiator est allée voir son médecin: " Comment puis-je faire pour porter plainte?" A quoi il lui a été répondu: " vous n'allez rien faire,  pour ne pas creuser encore un peu plus le trou de la Sécu".

Bien non, ça ne marche pas comme ça: une patiente porte plainte auprès de l'ONIAM  (office national d'indemnisation des accidents médicaux), l'ONIAM indemnise la patiente et se retourne ensuite contre les laboratoires Servier ayant commercialisé le Médiator. 

Evidemment si Servier augmente le prix des médicaments pour payer ses procès, c'est une autre histoire...

jeudi 16 avril 2015

Les postes de préjudice

Que peut espérer gagner une victime d'une expertise médicale?
D'abord une reconnaissance de ses droits, de son statut de victime, et mettre un point final à cet épisode  humain  juridique douloureux.

Au sujet de la reconnaissance de ses droits, ils vont être divisés en différents postes de préjudices. Pour faire simple et visuel, mettons qu'un type roule tranquillement sur sa voie, un chauffard sans permis et sans assurance lui rentre dedans et la voiture de flics qui le poursuivait rentre dans le tout, n'arrivant pas à freiner à temps.
Il perd une jambe dans l'accident.

1- Premier poste à indemniser: les dépenses de santé actuelles, tout ce que le type paie et que la Sécu ne prend pas en charge. le séjour à l'hôpital et le kiné s'il n'a pas de mutuelle par exemple,

2- les frais divers: les aller-retour de l'épouse, le fait qu'elle ait du arrêter son travail pour s'occuper de lui, les frais d'assistance à expertise,

3- les pertes salariales: le patient doit récupérer son salaire et indemnités , comme s'il n'avait pas eu d'accident.

4- les dépenses de santé futures: si le type a besoin de soins médicaux dus à son amputation, il doit pouvoir changer de prothèse, il doit aussi pouvoir disposer d'un fauteuil roulant. Il devra peut-être faire de la kiné

5- frais de logement adapté: s'il adorait son nichoir au cinquième sans ascenseur, c'est fini, l'assurance doit lui fournir un logement dans lequel il pourra entrer avec son  fauteuil roulant.

6- frais de véhicule adapté : on devra lui offrir une commande manuelle au volant.

7- tierce personne: le type ne peut plus faire ses courses, il doit avoir l'aide de quelqu'un, ne serait-ce que de sa femme et de sa famille.

8- perte de gains professionnels futurs: le fringuant VRP qui arpentait les usines au pas de course, c'est fini, il devra trouver un poste plus sédentaire et on devra lui indemniser la différence de salaire, et les commissions qu'il avait régulièrement car il était bon vendeur.

9- incidence professionnelle: on devra lui payer une formation qui correspondra à ses aptitudes.

10- préjudice scolaire, universitaire et de formation, pas pour lui.

11- déficit fonctionnel temporaire: combien de temps est-il coincé au lit? puis en fauteuil roulant? puis avec des cannes? Avec une canne? Tout cela s'indemnise.

12- Souffrances endurées: cela ne correspond pas uniquement à "aïe aïe aïe j'ai mal", cela comprend aussi les souffrances morale, la souffrance d'aller dans les hôpitaux, de recevoir des soins.

13- préjudice esthétique temporaire: le type en fauteuil roulant avec une jambe en moins, ce n'est pas très sexy, cela se prend en compte.

14- Déficit fonctionnel permanent:  c'est le taux d'invalidité, 50% pour une jambe. 

15- préjudice d'agrément: lui qui aimait tant le golf et le surf, c'est fini, il devra apporter les preuves de ses sports, des photos de vacances etc.

16- préjudice esthétique permanent: avec la prothèse on risque de ne rien voir quand il est en costume mais en maillot de bain c'est une autre affaire. Ça se chiffre.

17- préjudice sexuel: son épouse est traumatisée   par l'amputation de son mari et il ne faut pas lui perler d'intimité par exemple.

Un site incontournable est celui de l'association d'aide aux victimes

C'est vrai, quand on n'est pas touché par le problème, ce texte peut paraître rébarbatif, mais des victimes, il y en a plus qu'on croit, on a un accident de la route, on perd son travail, on se contente de recevoir un chèque des assurances sans avoir explicité complètement ses préjudices, et on finit par végéter sans bruit avec en tout et pour tout  un peu d'argent  touché du statut d'invalide. 
Non, il peut y avoir une vie décente après un accident grâce aux  lois  actuelles.

Reference: mission Dintilhac







mercredi 15 avril 2015

Truvada

L'industrie pharmaceutique a inventé une petite merveille: le Truvada. Ce médicament diminue de plus  de 80% les risques de transmission du VIH lors de rapports non protégés. 
En France il est encore utilisé expérimentalement dans le cadre de l'étude Ipergay et un livre est en route avec tout sur son utilisation. 
Jusqu'à là rien d'épouvantable, au contraire.

Seulement ce comprimé se prend en général la veille d'un WE où il existera des  rapports non protégés entre  un séronégatif- positif et le type en reprend un à la fin des "festivités". Car il est utilisé par les homosexuels afin qu'ils puissent échanger les partenaires jusqu'à 30 en un WE. Alors tout le monde se lâche, tout le monde il est content sans préservatif et la syphilis qu'on croyait vraiment confidentielle  reprend du poil de la bête et les autres maladies vénériennes, comme les chlamydias, les gonocoques et les hépatites. 

De plus il coûte 536 euros les 30  pilules, juste pour faire la teuf. Et il sera remboursé en France, au contraire des USA. 
Je rappelle que les traitement pour les jambes lourdes, certaines pilules, les vitamines pour les alcooliques ne sont plus remboursées etc.  

C'est très dérangeant alors qu'on est en pleine crise et que la Sécu s’essouffle, grappille le moindre sou donné à tort, et recherche les fautifs, ceux qui ont provoqué un préjudice corporel  (recours contre tiers) pour leur faire porter le chapeau. 




mardi 14 avril 2015

Victimes: recours possibles

Nous ne vivons pas une époque formidable, loin s'en faut, mais en ce qui concerne les recours de la victime, on ne s'en est jamais autant soucié. 

Quand j'étais petite et que mon père siégeait en cour d'assise, je lui avais demandé: " mais, une fois que le méchant est en prison, qui dédommage la victime? Le coupable.  Et si le coupable n'a pas d'argent? Personne."
En gros, il ne restait  à la victime que ses yeux pour pleurer. 

Mais en 1977 est créé la commission d'indemnisation des victimes d'infraction, la  CIVI   qui a permis aux victimes de se faire indemniser via le fond de garantie  quand le coupable n'a pas un sou. Evidemment la plainte court toujours au pénal. 

Le 4/3/2002 est la loi Kouchner sur le droit des malades, qui a créé les commission régionale de conciliation et d'indemnisation, CRCI ,  qui aide les victimes d'erreurs médicale ou d'accidents médicaux non fautifs.  Ce système marche tellement bien qu'il finit par être engorgé. 

Par ailleurs, il y a toujours les assurances, garanties accidents de la vie GAV qui indemnisent contre les accidents de la vie courante, toutes les autres assurances diverses et variées. 
En particulier pour les automobilistes qui sont correctement indemnisés la plupart du temps. 

En 2015 la victime ne reste en conséquence pas sur le carreau. Certes il y a bien des imperfections, par exemple c'est  à la victime d'apporter la preuve de son préjudice, et ça, dans les affaires d'erreurs médicales, c'est mortel. Comment peut-on être sûr que l'erreur médicale a bien causé le préjudice? C'est l'affaire des experts.

Alors pourquoi se priver de toutes ces possibilités?




samedi 11 avril 2015

Un contre-poids face aux assurances

Des victimes, ce n'est pas ça qui manque évidemment. Encore faut-ils qu'elle sachent qu'elles peuvent se faire épauler par un médecin de recours. Les assurances fixent leur indemnité, pas pour gruger les gens  mais pour faire au plus juste. 
Alors il est bon qu'elles aient un peu de répondant. De plus les victimes n'osent souvent pas s'exprimer devant un expert, exprimer toutes leurs doléances, elle se disent naturellement "il est expert donc il sait", mais premièrement l'expert peut rarement se tromper, deuxièmement il ne connait pas la personne en face de lui, il n'a qu'une heure maxi pour se faire une idée. 

Il faut donc que l'idée soit la plus juste grâce à un dossier bien classé et une victime bien briefée et secondée. 

Mais il ne faut pas se dire comme j'ai entendu par des proches d'une victime "les assurances ont saisi toute la gravité du préjudice, elles sont de notre côté". Non, elles sont juste neutres même si elles peuvent exprimer de l'empathie. les dossiers sont intitulés oralement, à la volée entre deux coups de fil comme ceci: " tu sais, la dame à 700 000 euros", " le gamin à 5 millions". C'est froid, mais ils sont obligés de compter de cette façon, La compassion c'est personnel, pas au niveau du bureau, ce n'est pas possible. 

mercredi 8 avril 2015

Dysmorphophobie

Une patiente vient avec sa gamine, teen-ager, encore chrysalide mais qui promet d'être un joli papillon exotique.
"Docteur, on vient pour ma fille.
- Mais maman, c'était pour toi!
- Non, non, je trouve que ma fille n'a pas des gros seins, il faudrait faire quelque chose.
- Mais madame, votre fille a 15 ans!  Il sera bien temps d'avoir des gros seins après un enfant!
- Mais ce n'est pas normal, mes amies me le disent.
- Je ne veux pas ausculter votre fille pour ça, c'est un coup à ce qu'elle mette la burqa devant vous pour que vous ne lui fassiez pas de reflexion.
- ( la fille) je ne sais pas quoi dire.
- (la patiente) Oui mes ses seins...
- (moi)  STOP! Je ne veux plus entendre parler du corps de votre fille, c'est le sien!"

En sortant la fille derrière sa mère m'a adressé un grand sourire.

La dysmorphophobie ou dysmorphobie est la crainte obsédante d'être laid ou malformé (wikipédia)

Un argument massue

Depuis 15 ans, je vois le taux de sucre  (glycémie)  d'un de mes patients  s'envoler à des hauteurs respectables. Rien n'y fait, ni les exhortation de sa famille ni mes remontrances. Il s'empiffre de gâteaux, de bonbons et de viennoiseries " mais enfin, je ne peux pas me priver de tout", qu'il me dit.

J'ai augmenté le traitement médical comme le demandent les préconisations officielles, l'ai adressé à plusieurs spécialistes et il a trouvé le moyen de se brouiller avec tous les médecins du coin, sauf moi et je ne sais pourquoi. Peut-être parce que je suis complètement désabusée et que je ne lui fais plus aucune réflexion.  Mais dés que je parlais de l'insuline il poussait des grands cris. Pas question!

Or il a un petit problème érectile depuis quelques mois, une petite fatigue lors de l'acte sexuel. Et l'urologue consulté  a été formel " c'est sûrement votre glycémie". 

Et depuis c'est le bonheur, il se pique à l'insuline et fait ses glycémie chaque jour et m'envoie les valeurs par SMS. 
L'urologue a trouvé les bons arguments, il se soigne. 
Comme quoi les motivations de chaque patient sont profondément différentes. 

dimanche 5 avril 2015

Motilium dangereux

L’anti-vomitif et anti-nauséeux Motilium (dompéridone) est associé à 200 morts subites cardiaques en 2012 selon les derniers calculs. 

L’anti-nauséeux Motilium et ses dérivés (dompéridone) seraient responsables de 200 morts subites cardiaques en 2012. C’est la conclusion d’une étude parue dansPharmacoepidemiology and Drug Safety, relayée par la revue indépendante Prescrire. Une estimation largement supérieure à celle livrée en 2014 sur le même sujet.

« Trop de morts subites injustifiées en France. La revue relaie en effet une publication des plus alarmantes. La dompéridone serait à l’origine de 200 morts subites en 2012, selon les derniers calculs de l’équipe de Catherine Hill, épidémiologiste à l’Institut Gustave-Roussy (Villejuif, Val-de-Marne). Et elle reste largement prescrite puisque la même année, 3 millions de Français en ont consommé. La dompéridone (Motilium et autres) est associée à un risque accru d’arythmie cardiaque. La révélation, en 2013, de ces effets indésirables, a déclenché une réévaluation du rapport bénéfice/risque. L’examen a abouti à de nouvelles recommandations. « Les spécialités fortement dosées contenant 20 mg de dompéridone ont été retirées du marché le 10 septembre 2014 », précise l’Agence de sécurité du médicament (ANSM) sur son site. Une mesure assortie d’un courrier adressé à l’ensemble des professionnels de santé, afin de les sensibiliser à ce risque.

Prescrire réclame donc le retrait total du marché de l’anti-vomitif. « Le danger mortel de la dompéridone est injustifié par son efficace, symptomatique et incertaine au-delà d’un effet placebo », dénonce la revue. Elle pointe également les risques des produits voisins : la métopimazine (Vogalène et autres) et le métoclopramide (Primpéran et autres). « En pratique, sans attendre un "déremboursement" par l’Assurance maladie et surtout un retrait du marché européen, les patients ont intérêt à être informés des dangers de la dompéridone et des médicaments voisins », conclut Prescrire.
http://www.pourquoidocteur.fr/Domperidone---200-morts-subites-cardiaques-en-2012-10302.html

Voilà, Prescrire a alerté. Maintenant combien d'années  vont mettre les pouvoirs publics pour prendre une décision? On est habitués du phénomène en France, et c'est lamentable.

vendredi 3 avril 2015

L'agence du médicament ne sert plus à rien!!!

J'ai pas l'habitude d'être grossière, je vais juste dire que l'Europe nous fait caca dessus;

En dépit d’une forte opposition de la France, le médicament anti-obésité américain Mysimba a été approuvé la semaine dernière par la Commission européenne, a indiqué, ce jeudi, l'Agence du médicament (ANSM).
Baptisé «Contrave» aux États-Unis, le coupe-faim, produit par le laboratoire californien Orexigen Therapeutics, associe deux molécules, la naltrexone et le bupropion (autrefois appelé amfébutamone), utilisées dans le sevrage tabagique. Il est indiqué dans les cas d'obésité ou de forte surcharge pondérale avec des facteurs de risques associés.
(...)
En décembre dernier, l'ANSM avait réclamé à Bruxelles un réexamen du dossier du Mysimba, qui avait déjà reçu un avis favorable de l'Agence européenne du médicament (EMA) pour sa commercialisation en Europe. Mais elle n'a été suivie que par l'Irlande, l'Autriche et l'Italie.


Pour justifier son opposition, l'agence française avait affirmé que le médicament, peu sûr, n’avait qu’une «efficacité limitée sur la perte de poids». Par ailleurs, elle avait pointé du doigt, les risques d'ordre neuropsychiatrique (dépression, suicide, etc.) et cardiovasculaires, sur le long terme.
Joseph Emerich, directeur des médicaments en cardiologie à l'ANSM, souligne d'ailleurs que la tolérance du médicament est limitée. Selon lui, 50% des personnes ayant participé à un essai clinique, dont les résultats n’ont pour l’instant pas été communiqués, avaient abandonné en cours de route en raison d'effets indésirables.
(...)  Pour l'heure, le laboratoire américain n'a pas encore fait savoir s'il allait commercialiser le Mysimba en France, mais dans le cas où il le ferait, son utilisation pourrait, selon l'ANSM, faire l'objet «d'un encadrement précis».
http://www.20minutes.fr/sante/1578983-20150403-obesite-coupe-faim-mysimba-approuve-union-europeenne
Pour mémoire: 
la naltrexone: utilisé dans la dépendance à la morphine et héroïne
le bupropion, autrement appelé Zyban contre le tabac, est une amphétamine, un frère du médiator!!!
Et pour mettre les points sur les I, le contribuable paie une instance qui ne sert plus à rien, car désavouée, ( il y a eu un précedent, la pilule Diane, que la France ne voulait pas, alors l'Europe nous a sévèrement tancé et obligé la remise sur le marché).

mercredi 1 avril 2015

Affaires de responsabilité médicale

Parfois les victimes, persuadées de leur bon droit, portent plainte contre un médecin. Elles ont été conseillées par un proche, un avocat, un autre médecin ( sic) qui les a poussées: " il faut porter plainte, ce que ce médecin a fait est honteux".

Elles se retrouvent en expertise et se font parfois laminer littéralement: il y a leur ressenti, leurs séquelles, et il y a la responsabilité médicale, tellement complexe qu'un diplôme universitaire lui est consacré.

En gros, je vais expliquer les critères d'imputabilité, c'est  à dire, ce qui fait qu'une séquelle est dûe à l'évènement fâcheux ou non:
- réalité du traumatisme: par exemple un chirurgien a sectionné malencontreusement un nerf

- nature de l'affection et réalité des séquelles: si ce nerf sectionné touche la voix: on a une voix cassée par exemple

-concordance de siège: le médecin a oublié une compresse dans le ventre et elle y est toujours.

- enchaînement logique: le médecin bousille une artère du pied et il faut amputer ce même pied.

- le temps passé: si un type a un accident vasculaire cérébral à cause d'un médecin, il ne peut pas développer des séquelles un an après.

- l'état antérieur: si un patient a 95 ans et qu'il ne peut plus marcher à cause d'une erreur, on peut raisonnablement penser que de toute façon le temps qui passe  aurait produit les mêmes effets , un peu plus tard peut-être;

- pas de cause étrangère: on a un AVC  qui touche un oeil et en même temps on souffre d'une cataracte et d'une hyperension dans l'oeil.

Et ne pas oublier la perte de chance: combien l'erreur a fait  perdre de chance à la victime?

Tout compris? Et tout cela peut amener à des palabres sans fin entre experts, victimes, parties adverses, confinant à la casuistique. 
Je ne sais pas si je suis faite pour ce genre d'exercice, l'expertise d'hier était éprouvante, l'imputabilité n'étant pas claire à 100% ( directe, certaine),  

Et puis ce n'est pas agréable de se prononcer sur les séquelles d'une erreur médicale. Ca peut nous ramener à nos propres erreurs, 

Les avocats peuvent se faire de la pub.

J'ai appris de la bouche même d'un avocat que certains, spécialisés en droit des victimes de dommages corporels, se postaient à la sortie des hôpitaux  pour donner leur carte de visite aux patients qui sortaient, au cas où ils ne seraient pas contents de leur séjour. C'est très américain.
Ils n'ont le droit de se faire de la publicité que depuis un an et demi, et depuis tout est permis,  les sites  professionnels se font attractifs et didactiques. 

Par contre le médecin de victime ne peut toujours pas se faire de publicité, ou ne serait-ce que se faire connaître car le conseil de l'ordre défend toute connotation commerciale au diplôme de médecin. 
Mais le médecin de victime ne prescrit pas, il aide à défendre les droits de la victime qui a fait appel à ses bons soins, grâce à sa connaissance conjointe médicale et médico-juridique. 
Il ne peut se faire connaître que par le bouche  à oreille ou à travers des associations de médecins de recours.