mardi 11 août 2015

Allez maman!

En accompagnant mon fils de 6 ans, il m'a encouragé concernant ma rencontre avec le directeur de la Sécu ce matin et le médecin conseil chef, concernant mes prescriptions d'arrêt de travail nombreuses: "C'est bien simple maman, tu leur cries dessus tellement fort qu'ils se bouchent les oreilles et ils s'en vont!"

dimanche 9 août 2015

La Sécu aux trousses

Depuis quelques temps, je fais des arrêts de travail à un patient  qui souffre de plusieurs pathologies, dont une hépatite C, de douleurs cervicales. De plus il respire à son poste des produits toxiques incompatibles avec l'amiante qu'il loge dans ses poumons.
Je l'ai supplié de voir le médecin du travail pour organiser une inaptitude au travail. Celui-là lui a donné un rendez-vous en juillet et lui a dit: " Ça fait longtemps que je proposais une inaptitude, mais vous aviez l'air de vouloir continuer. Pourquoi voulez-vous votre inaptitude maintenant? Pourquoi ne pas faire prolonger votre arrêt? Vous n'avez quand même pas la Sécu à vos trousses?
- Moi non, mais mon médecin traitant, si"

Merci patient! C'est gentil d'avoir pitié!

vendredi 7 août 2015

Démêlés avec la CPAM

Suite du feuilleton avec la Sécu concernant mes prescriptions d'arrêt de travail:

-J'ai reçu un recommandé AR il y a une semaine pour me spécifier l'heure et l'adresse du rendez-vous: un mercredi à 50 km. 
- Et il y a deux jours, une autre lettre AR pour me donner rendez-vous mardi prochain,  toujours aussi loin.
-Ce jour encore une autre lettre AR pour changer le rendez-vous, cette fois pour lundi. 
- Ce matin une dame de la Sécu m'appelle pour me confirmer le rendez-vous car elle n'a pas tout compris, je lui ai répondu que je n'ai rien demandé, hormis de changer le lieu de rendez-vous, afin qu'il soit plus proche.
- Et ce soir, cerise sur le gâteau, le directeur de la CPAM en personne m'appelle pour me fixer fort courtoisement un rendez-vous mardi, dans la ville que je souhaite!!!  (et le café sera compris?)
De plus il s'est excusé pour le courrier fort discourtois que j'ai reçu de la Sécu pour me dire que j'étais dans son collimateur: "le ton de la lettre était un peu abrupt". Puis durant le coup de fil, il  me fait comprendre que ce rendez-vous n'est pas obligatoire, mais puisque je l'ai sollicité...
Je n'ai rien sollicité du tout!!! Je suis peinarde moi avec mes patients, tranquille dans ma campagne à cultiver mon jardin!
Néanmoins le type était extrêmement sympathique au téléphone, c'est à ne rien y comprendre.  Il a même parfaitement compris que je ne peux pas me déplacer le lundi qui est toujours très chargé. Pourtant c'est moi l'horrible paria pour lequel un  autodafé va être monté!!!

Mais si on me dit que tout va pour le mieux dans le meilleur des monde possible, je n'ai plus qu'à le croire.

Et comme je ne perds pas le nord, je vais leur expliquer ce qu'est le médecin de victime pour faire une peu de pub. Il ne faut louper aucune occasion.

Ou commence l'alcoolisme?

Je reçois une lettre d'un pneumologue:

"J'ai vu votre patiente, madame Lunette. Alcoolisme régulier à raison d'un apéritif tous les week-end..."
Ma patiente est cataloguée alcoolique!

Ça, c'est un coup à ce que je n'envoie plus aucun patient chez ce pneumologue discourtois. Ça lui apprendra.

lundi 3 août 2015

Débat sur la vaccination et Marisol Touraine

Marisol Touraine annonce un grand débat sur la vaccination, elle est évidemment une grande professionnelle, même si elle n'est pas médecin, et même si elle a déclaré à Jean-Jacques Bourdin les yeux dans les yeux, "le DTP n'est pas obligatoire, mais fortement conseillé". 
Moi,  mon patron c'est le serment d'Hippocrate, la liberté de prescription, pas autre chose. 

Je n'ai jamais été ni anti-vaccination, ni pro-vaccination, au bout de 31 ans de médecine je ne sais quoi penser; parce qu'on dit tout et son contraire, parce que les études sont biaisées parfois par les promesses de profit (405 euros la vaccination complète de Gardasil, contre le cancer du col).

J'ai déjà failli me faire étriper par des militants anti-vaccins qui me martelaient " c'est ta conscience qui te le dit, tu ne peux pas vacciner, le carnet de santé oui à la rigueur, mais pas le patient lui-même". 
Et les pro-vaccins, dont un m'a écrit concernant mon engagement contre le gâchis de la vaccination contre la grippe A: " vous êtes la honte de notre profession". Une autre m'a téléphoné en me demandant agressivement pourquoi je ne voulais pas vacciner son  bébé de trois mois contre la tuberculose: mais parce que cela ne diminue le risque de tuberculose grave que dans 80% des cas et qu'elle n'appartenait pas à un groupe à risque, tout simplement.

Ne parlons pas de la figure de proue, l’emblème pro-vaccination que j'ai évoquée un peu plus haut (au fait, un dessinateur  ne voudrait-il pas illustrer mon propos avec  une MST victorieuse surplombant un magnifique navire bourré de moutons, une injection à chaque main?

A tout ceux-là je dis: ma conscience, c'est ma conscience et fichez-moi la paix avec, je vaccine si on me le demande, j'indique les vaccins recommandés en spécifiant que ce n'est pas obligatoire et basta!
Evidemment jusqu'à ce que l'on me prouve avec des arguments scientifiques sans faille que le rapport bénéfice-risque est positif. 
Je refuse de réfléchir avec des données tronquées, alors son débat sur la vaccination elle le fera sans moi. C'est stupide de débattre si cela est prouvé que c'est une avancée pour l'humanité et criminel si cela est mauvais; bon sang, on ne demande pas à être convaincu par des bonnes paroles!!!



Au fait, ou y a-t-il une expertise? Comment peut-elle se faire sans moi?



dimanche 2 août 2015

Lettre au directeur de la Sécu

Voici la lettre que je vais envoyer au directeur de la CPAM qui me convoque pour mes arrêts de travail. Je me suis fait pour cela aidée par Jean-Louis Murat qui a une musique parfois un peu funèbre:

Madame, cher confrère

Vous m’avez convoquée le 11 août à 11 heures dans les locaux de Creil. Malheureusement je ne pourrai m’y rendre malgré ma motivation, trop de médecins étant en vacances dans le canton à ce moment.
C’est vrai, je fais souvent des arrêts de travail,
-La plupart du temps ils ne dépassent pas trois jours   pour des gastro-entérites, des grippes, des angines etc.
- Quelques patients malheureusement ont des arrêts au long cours, dont un grand insuffisant cardiaque : l’assistante sociale ; de la Sécu  lui a conseillé de se mettre en arrêt le plus longtemps possible pour ne pas trop perdre d’argent. Il mériterait pourtant de se mettre en invalidité.  Durant longtemps j’ai eu la même attitude mais  la déléguée de l’assurance maladie il y a un an ou deux m’a mis en garde contre cette pratique coûteuse.
Une autre de mes patientes était suivie par un psychiatre pour une dépression grave, maintenant est en invalidité.
D’autres souffrent  de problèmes musculo-squelettiques incompatibles avec leur poste de travail, ou sont enceintes chez Auchan ou infirmières.
J’ai arrêté aussi deux patients qui se relaient auprès de leur fille cancéreuse il y a u an, puis petit à petit ils se sont remis au travail, d’abord 50%, puis actuellement temps complet.
-J’ai dans ma patientèle 3% de patients bénéficiant de la CMU, ce qui veut dire que ma patientèle est active, doit faire  souvent beaucoup de km pour se rendre sur leur lieu de travail : alors que  je n’arrêterais pas forcément si mes patients n’avaient pas à conduire.  Par exemple un patient qui souffre d’une maladie de Crohn évolutive  peut faire trois kilomètres pour se rendre  à son travail, mais pas forcément 50 km, surtout dans les bouchons et dans les transports en commun.
Si j’avais 50% de CMU, mathématiquement je ferais deux fois moins d’arrêts de travail.
J’ai parfaitement conscience qu’il faut, pour que le système reste viable, que chacun fasse des économies, les médecins ne doivent pas trop, ni arrêter, ni prescrire trop de médicaments ou de bons de transport.
-J’estime faire faire de conséquentes économies en  ne voyant les patients chroniques stables que tous les six mois. De plus, prescrivant plus de deux fois moins que les confrères, mes patients ont beaucoup moins d’effets secondaires graves.
-Mes patients ne souffrent pas non plus de dépendance aux benzodiazépines car je n’en prescris pas, alors je ne fais pas d’arrêt pour cette pathologie.  D’ailleurs, idéalement lorsque je reçois des patients sous benzodiazépines, je devrais leur faire systématiquement un arrêt de travail, car leurs réflexes sont diminués et ils sont parfois un danger public.
-Quand un patient vient pour souffrance au travail, ce qui arrive de plus en plus, étant dans un département où les fermetures d’entreprises ne sont pas rares, je préfère lui faire une consultation longue pour comprendre la problématique,  un arrêt de travail pour calmer le jeu,  plutôt que de prescrire des antidépresseurs qui sur le long terme seront beaucoup plus coûteux financièrement en terme d’effets secondaires et de pérennisation de la pathologie.
-La plupart de mes patients sont contrôlés, je fais des protocoles de soin de plus en plus. Et le médecin de la Sécu valide dans presque 100% des cas mes arrêts de travail.
Je me fais souvent aider du médecin du travail pour amorcer une reprise aménagée, pour proposer des inaptitudes quand c’est justifié qui vont conduire à un licenciement
Je serais très heureuse si à moyen terme nous nous pouvions nous rencontrer dans les locaux de Méru, ou à la rigueur à Beauvais. J’avais proposé il y a quelques années au docteur Sécu d’organiser une table ronde entre les médecins de la Sécu et les généralistes, mais il m’a répondu que cela ne serait pas bien perçu par les généralistes.  Pourtant je persiste à croire que cela serait une bonne idée que chacun puisse communiquer ses points de vue.
J’ai collé votre courrier sur la porte de mon cabinet afin que mes patients soient prévenus et qu’ils soient moins tentés de me demander des arrêts de travail peu justifiés.

Veuillez recevoir mes sincères salutations confraternelles

samedi 1 août 2015

On a gagné!

J'ai assisté une victime il y a deux mois lors d'une contre-expertise; ce n'était pas gagné, le patient avait 85 ans lorsqu'il a fait un accident vasculaire cérébral.
On ne peut pas dire que le médecin lui prodiguait des soins consciencieux, quand la victime se plaignait d'une fatigue il répondait: " mais voyons monsieur balai, vous fréquentez les guinguettes tous les week-end, ça ne va pas si mal".  Et il ne demandait pas de prises de sang.

Et je me suis trouvée presque par hasard, pour rendre service à un proche, à cette expertise, où assistaient aussi le médecin des assurances et son avocat. Je me trouvais seule avec la partie plaignante.

L'expert  à la fin, ayant écouté toutes les parties et lu les documents a conclu " je ne peux pas me prononcer, il me faut plus d'éléments". 
La partie adverse avait donné tellement d'arguments que je suis sortie de là démoralisée pour le pauvre patient, qui aurait peut-être eu son AVC, ou peut-être pas, mais à qui on n'avait pas donné la chance de l'éviter.

La conclusion est arrivée il y a quelques jours: l'expert a déclaré 20% de perte de chance!!! C'est à dire que le médecin est responsable à 20%! Ce qui est inespéré étant donné l'âge et les antécédents de la victime!

Comme quoi, même si les assurances montrent les crocs, l'expert décide en son âme et conscience de façon impartiale.