dimanche 25 septembre 2016

Débacle de la médecine générale

Je vais vous parler des changements de mentalité en médecine comme je les ai vécus, en live:

- Entre 1994 et 2000 en tant que remplaçante, les médecins voulaient absolument que je sois joignable entre 8 h et 20 heures, c'est à dire ne pas quitter le cabinet avant 20h de façon à ne pas couper la permanence de soins: les gardes démarraient à 20h pile et gare au médecin qui ne répondait pas à 20h01 pile. Et les gardes duraient toute la nuit. On n'avait pas de portable  du moins au début alors on restait accroché à son téléphone. Parfois je me réveillais en sursaut à 1h du matin avec le sentiment imminent  "on va m'appeler". Puis le téléphone sonnait.
Si on devait s'absenter on branchait le répondeur avec la petite phrase " en cas d'urgence composer le 15"
Et si je refusais de faire une visite j'avais une semonce en règle du médecin installé, même si elle n'était pas forcément justifiée: il fallait y aller. 

- Dés 1998 j'ai pu enfin quitter le cabinet plus librement   grâce au portable et au transfert d'appel.  

- En 2000 j'ai intégré une région avec des médecins dynamiques, une permanence de soins 24h/24 grâce à des tours de garde bien organisés; on avait même prévu la formation continue. Il y avait une stimulation positive.

- Vers 2004  la garde s'est arrêtée à minuit, ensuite les patients étaient envoyés à l'hôpital. Déjà un peu moins motivés les confrères. Mais on participait encore tous, sauf ceux qui avaient une dispense médicale. 

- Vers 2010  on a diminué le nombre de cantons, ce qui voulait dire un plus grand territoire pour chaque médecin de garde. Dans la foulée on a aboli la garde du soir et il n'y a plus  qu'un médecin volontaire attaché à un hôpital travaillant le samedi après-midi et le dimanche toute la journée. Et surtout sans moi, MiniRambo a besoin de sa maman le weekend. 

Et en parallèle la démotivation a grandi, les médecins se sont désengagés, au point qu'ils ne répondent  actellement plus au téléphone que quand ils en ont envie, c'est à dire surtout pas le vendredi après-midi pour la plupart. Moi idem. 

Plus on se fait contrôler dans tous les sens, moins on nous donne de responsabilité, plus on nous noie de paperasse, moins on sera dynamique et impliqué.  Et tout cela ne va pas aller en s'améliorant. Il n'y a que Marisol Touraine pour être  satisfaite et heureuse
C'est la débâcle de la médecine générale et c'est évidemment les patients qui trinquent.




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