mardi 12 mai 2015

Mon patient n'est pas Alzheimer

J'ai envoyé à l'hôpital un de mes octogénaires pour gastro entérite aiguë avec deshydratation. Le pauvre est très ralenti par une maladie de Parkinson. Parfois il a quelques pertes de mémoires. Juste avant de l'hospitaliser je me suis enquise rapidement de ses fonctions supérieures: " quel est le nom du président, combien font 20 moins 8, quel jour est-on?  etc.". Un sans faute, sauf pour se souvenir du nom du premier ministre. J'ai considéré que ce n'était pas grave. 

A l'hôpital, que s'est-il passé? Il en est revenu avec une brochure pour le réseau Aloïse ( qui concerne les Alzheimer), un rendez-vous occupationnel,  une journée par semaine, dans une maison de retraite... pour Alzheimer, et un datscanner pour diagnostiquer Alzheimer. 

Le passage aux urgences l'a fortement secoué, de plus un infirmier musclé a voulu lui poser une perfusion sans lui spécifier ce qu'elle contenait, il s'est débattu ("docteur, j'ai fait autrefois des sports de combat", m'a-t-il dit), s'est retrouvé attaché dans le lit poignets et ventre... la descente aux enfers. Et ensuite il déambulait dans les couloirs toute la journée. On a proposé à l'épouse une hospitalisation en centre Alzheimer, ce qu'elle a refusé. 

J'ai revu ce malheureux patient, il se souvenait de tout, de sa colère et de son incapacité à l'exprimer clairement en mots. Et j'ai dû aussi convaincre l'épouse qu'il ne souffrait pas d'un Alzheimer mais qu'il fallait contacter le neurologue habituel pour qu'il fasse le point. 

Mais en attendant le directeur de l'hôpital va recevoir un courrier bien senti du mari et de l'épouse, ça sera de plus absolument thérapeutique pour eux deux. 

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