jeudi 5 novembre 2015

Commission paritaire

Ca y est, ma réunion avec les dix gus de la Sécu s'est passé, et je ne suis pas morte!  

Je remercie tous ceux qui m'ont envoyé ou fait passer un message d'encouragement; en effet, c'est ce que je préfère comme aide. Un confrère m'avait proposé que lui et ses copains fassent du foin devant la Sécu, un autre m'avait proposé l'aide d'un confrère syndiqué qui aurait parlé  à ma place non merci! 
Déja ce n'était pas simple, un type a tenté de me déstabiliser en me lançant avec acrimonie " vous avez l'air sereine" et il a fallu que je montre mes pouces avec la peau toute fraichement dépiautée autour, on est zen mais... 

En tout cas je vais transcrire le papelard que je leur ai balancé: 

Avant de juger mes actes je vous demande de considérer l'ensemble de ma pratique où par ailleurs je n'ai que des bons indicateurs pour la Sécurité Sociale.

Je ne suis pas encline à me justifier , d'autant plus que la plupart de mes patients sont contrôlés sans observation particulière du médecin conseil. Je suis d'autant plus surprise de me trouver devant vous que sur mon relevé SNIR 2014 et ceux d'avant, figuraient deux étoiles en face du poste « arrêts de travail » pour un maximum de quatre.

Je vais vous donner quelques chiffres de mon relevé SNIR 2014 :
6903 consultations par ans (moyenne 5104)
Je vois les patients 2,14 fois par an (moyenne 3,15)
j'ai moins de soins infirmiers (3591) pour une moyenne de 10700,
et moins de jours d'indemnités par patient (34,24) pour une moyenne de 38,14.
J'ai moins de fournitures, de transports, de médicaments.

Depuis 15 ans tous mes relevés SNIR se superposent, et pourtant jamais je n'ai eu d'alerte.

Je ne fais jamais un arrêt sur le pas de la porte en trois minutes, je prends le temps de comprendre les motivations de chaque patient. De plus mes patients ne s'arrêtent pas toujours de gaîté de cœur car leur revenu est amputé.

J'ai tenté d'analyser les facteurs concourant à cette activité hors norme :
  • pas assez de médecins dans la région
  • les urgences, les spécialistes, les hôpitaux, les cliniques qui se reposent sur nous concernant les arrêts de travail,
  • le stress au travail qui peut amener à des accidents ou des dépressions,
  • ma patientèle jeune et dynamique et travaillant loin
  • mon pourcentage de CMU, 3%,
  • ma propre empathie

Je suis prête à subir la procédure car je n'ai rien à me reprocher. Je ne connaissais pas les règles du jeu, faire moins d'arrêts (une notion comptable) maintenant j'ai compris et j'applique ce que l'on me demande malgré les patients mécontents de chercher un autre médecin pour la poursuite de leur arrêt justifié.


Depuis quelques années j'avais   informellement changé mon activité en prenant le rôle de coach pour tous mes patients harcelés ou déprimés : je faisais plus d'arrêts et prescrivais très peu de psychotropes. Et les patients me disent merci d'avoir gardé toute leur conscience et leurs aptitudes et surtout d'avoir pu rebondir. Le but de cette orientation était sur du long terme de retrouver un patient plus heureux et plus efficace à son travail, 


J'ai baissé le nombre de jours d'arrêts en contactant systématiquement selon le cas de figure, le médecin du travail, le médecin de la Sécu, le service médical, l'assistante sociale, le service administratif, j'ai téléphoné aux hôpitaux qui refusaient d'arrêter mes patients alors qu'ils le préconisaient, j'ai contacté tous les spécialistes pour le même motif. Et j'ai mis des affiches prévenant de ma situation dans la salle d'attente. Pour cela je vous demande d'évaluer mon activité jusqu'à ce jour inclus.

Vous prendrez la décision que vous jugerez être la meilleure

Ma prestation les a déstabilisés je l'ai senti, ça a du discuter dur après mon départ. Tant mieux, ça les occupe et justifie leur salaire. D'autant plus que mes arrêts ont diminué d'une façon sensible. 
Et j'ai refusé de me justifier ayant lu le papier du docteur Lehmann:

1 commentaire:

  1. Je croise les doigts pour toi, en tous cas, ton argumentaire est étayé et convainquant. S'ils sont de bonne foi, tu devrais bien t'en sortir. Enfin, c'est mon avis de néophyte. C'est Agnès, je n'arrive pas à m'identifier !

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