samedi 23 avril 2016

S'entrainer pour l'expertise

Un avocate m'appelle pour que j'accompagne une de ses clientes, victime de la route (traumatisme crânien) : "attention, elle a une psychologie particulière, elle est suivie en psychiatrie.

-... Je préfère la voir avant, si elle n'était pas suivie en psychiatrie avant l'accident mais depuis, il faut trouver ce qui ne va pas".

Bingo! La patiente perd tout, oublie tout, l'heure et le jour de ses rendez-vous, est devenue négligente avec ses papiers, téléphone dix fois par jour à son mari pour retrouver des choses. De plus elle ne sait plus compter, elle qui a fini le secondaire. Et puis elle n'a plus de goût pour les choses de la vie. 
Et en face de moi elle répétait: "je suis déprimée, je prends des anti-dépresseurs, et je pense à l'accident etc.
- Stop madame, vous avez un vrai préjudice, un traumatisme crânien et on va l'explorer. Ne mettez pas votre dépression en avant car on n'y arrivera pas.
- Mais je suis déprimée ...
- OK, mais ce n'est qu'une conséquence. On va aborder l'expertise de l'angle du traumatisme". 

Elle a fini par comprendre.  Et l'avocate l’entraînera à avoir une attitude moins "méditerranéenne",  plus contenue, du moins  devant monsieur l'expert. 

En conclusion ce n'est pas parce qu'un patient ou une victime parle avec force gestes, larmes en s'aidant des mains qu'il n'a pas une vraie maladie. C'est sa façon de s'exprimer. 

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