lundi 31 octobre 2016

La confession thérapeutique

Une de mes patientes n'avait pas été tendre avec son mari handicapé physique, cela avait duré  durant quelques années avant son décès. Je n'avais rien vu venir, elle me disait qu'il perdait la tête et je l'avais bêtement cru, jusqu'au jour où je suis arrivée à leur domicile par erreur un mardi au lieu du mercredi. Et monsieur était seul! Et là nous avons parlé philosophie, religion, psychanalyse, les sujets dont il était friand  auparavant, quand il pouvait se déplacer seul au cabinet. La tête 5/5, le corps un peu moins. 
Juste avant que je m'en aille il m'avait confié " mon épouse décide de tout, elle m'a piqué mon carnet de chèque, elle est violente verbalement et il est arrivé que cela soit physique. Mais je veux la paix, je préfère ne rien dire". 
Et quand j'ai refermé la porte, je l'ai croisée, elle dehors et elle était très inquiète: "Vous ne m'avez pas prévenue? Je me serais débrouillée pour rester etc."

Ni une ni deux, arrivée au cabinet j'ai prévenu les infirmières libérales qui s'occupaient de monsieur, son neurologue, son autre généraliste pour leur faire part de la situation. 
Mais les choses se sont enchaînées et il a fini par mourir de son problème. 

Et ce jour je la revoie et pour la énième fois elle me confie combien elle se sent coupable ne ne pas avoir appelé les urgences plus vite. Elle est angoissée au point qu'elle a du Lexomil sur l'ordonnance. Seulement le Lexomil ne va pas lui gommer sa culpabilité qui la ronge.

La moutarde m'est soudain montée au nez et je lui ai demandé:
" Vous êtes catholique?
- Plus ou moins. 
- Une seule solution, allez vous confesser, vous vous sentirez mieux. Le prêtre ne juge pas.
- Mais je me sens uniquement coupable de n'avoir pas appelé les urgences assez tôt!
- La confession madame".

Elle a la solution la vilaine, mais elle préférera peut-être boulotter des Lexomil et consulter moult médecins pour trouver une origine à son vague à l'âme. 


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