dimanche 30 octobre 2016

Libéral c'est tout

Depuis 5 ans environ je ne rêve que de vacances, d'hôtels et de plages, nuit après nuit, plages plus ou moins pourries, chambres d'hôtel déjà occupées, ou parfois des vacances pleines d'aventures tout simplement. 

Mais cette nuit: le directeur de la Sécu me convoque pour me demander pourquoi mes arrêts de travail sont du n'importe quoi. Certains sont écrits sur du papier journal, d'autres ont une écriture autre que la mienne mais ma signature. Et il faut que je justifie tout ce fatras... et puis le réveil libérateur. 

Les obligations tuent les médecins libéraux. Reprenons: obligation et libéral ça ne rime pas. 

Obligation, fonctionnarisation, OK, on a les avantages et les inconvénients, les 35 ou 40 heures, les comptes à rendre  et après repos familial ou entre amis ou d'autres trucs persos.

Libéral, c'est être libre, de choisir son temps de travail, le traitement que l'on considère le plus adapté, faire les gardes ou pas, se former comme on le souhaite, faire les arrêts si on le juge utile, refuser ou non les CMU (que la plupart des médecins acceptent d'ailleurs), libre d'utiliser le lecteur vital ou non, de ne pas prescrire la pilule selon sa religion (cela arrive), de ne pas prescrire de neuroleptiques, ne ne pas obéir aux cardiologues qui exigent qu'on renouvelle les statines, même avec du LDL cholestérol à 0.45,   LIBRE

Je ne me sens plus libre, on a des recommandations en tous genres, des immixtions dans nos prescriptions, je tremble à chaque fois que je ne prescris pas un psychotrope et que j'ai peur que le type ne se suicide ensuite (j'ai la conviction que les Temesta et Cie favorisent le suicide mais il peut toujours y avoir une exception, comme la femme qui a tenté de se pendre avec la laisse de son chien quelques heures après m'avoir vu, car elle vient de se disputer encore une fois avec son mari). 
Toutes ces prescriptions me pèsent tellement je pense que la plupart des maladies sont psychosomatiques.
La preuve, c'est que parfois des patients me consultent tant et plus juste avant le licenciement, et ensuite, quand ils ont trouvé leur nouvelle voie, plus aucune nouvelle. 
C'est un signe ça.

Je deviens complètement désadaptée au système

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