mercredi 16 décembre 2015

L'expertise a un côté thérapeutique

Je pense que chaque soignant a l’expérience d'un patient qui a été bousillé, les deux jambes cassées, les genoux en vrac, le bassin fracturé ou autre, qui se remet physiquement mais qui garde des douleurs résiduelles, qui boite et estime ne plus pouvoir faire de sport, honorer sa femme etc. 
On sort du mécanique pour rentrer dans le psychologique.

Ou le handicap peut être prolongé intentionnellement, par malveillance ou autre; l'expert reçoit la victime souvent pour la consolider. Il l'examine à fond, lui crée des pièges pour voir si sa douleur "c'est du chiqué ou non". Par exemple une sciatique, il lui fait tous les examens classiques;  La victime se rassoit, l'expert  fait tomber son stylo négligemment. Si elle se courbe pour l'attraper, c'est que la sciatique n'en est pas réellement une. 

J'avais examiné une victime il y a quelques mois: une cheville salement amochée ( entorse grave avec tiroir) et autres préjudices. Lors de l'expertise elle était capable de se mettre sur un pied, de marcher sans tomber. Et pourtant elle boite encore, marche lentement  et ne court pas. Elle a pris l'habitude de marcher de cette façon, inconsciemment pour elle la cheville est encore malade.

Le travail de l'expert quand il tombe sur ce cas de figure sera de dire "Vous êtes consolidée,  on peut clore le dossier". Ça a un côté thérapeutique non négligeable surtout quand l'expert a été à l'écoute. Il dit  "Stop, c'est fini, on passe à autre chose". Et c'était un  de mes buts en tant que médecin de recours, que la victime puisse se tourner de nouveau vers son avenir. 

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