lundi 7 décembre 2015

On ne contrôle pas la mort

Deux ou trois patients ont toutes les maladies de la terre: de l'arthrose bien évidemment, une petite insuffisance cardiaque, des problèmes de prostate, un parkinson; malheureusement un cancer vient couronner le tout, parfois métastasé.

Et l'épouse ou le patient lui-même vient me parler de son cholestérol: "vous ne pouvez pas me faire une petite prise de sang pour vérifier? Mon cardiologue aimerait savoir"
Et  je dois en plus renouveler la fameuse statine qui baissera son Cholestérol, l'objet de toutes ses attentions.

Ou bien dans le même genre je dois vérifier par une échographie que la prostate n'a pas trop grossi.
Ou je dois me préoccuper d'une petite anémie ou d'un bilan hépatique subnormal. 

Ne parlons pas des grains de beauté dont le patient ne s'est jamais soucié mais il lui faut un rendez-vous urgent urgent  pour les faire vérifier!
Parfois je voudrais leur crier " mais enfin monsieur, n'y a-t-il pas de choses plus importantes concernant votre état de santé? Le cancer et son traitement d'abord, le confort aussi et basta". 

Je me mets peut-être à penser comptable mais ça coûte cher à la Sécu cette volonté de certains de vouloir que tout soit Absolument Normal quand la maison s'écroule. "On a récupéré les couverts de mamy, ouf!" C'est à peu près de cet ordre-là. 

Et je ne sais non plus pas comment les rassurer, leur faire disparaître leurs craintes face à la mort qui les attend plus ou moins rapidement. C'est un chemin tout  personnel qu'ils doivent parcourir. Mais qu'ils comprennent bien que la médecine n'est pas une science exacte. Et on ne contrôle pas la mort, ni le jour où elle surviendra.


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